
Soudain, l’Europe a compris qu’elle avait perdu la bataille. Que l’Amérique l’avait lâchée. C’était mercredi soir. Donald Trump juge la guerre en Ukraine, ridicule. Son constat est simple comme un coup de fil au Kremlin. À la Russie, la Crimée et le Donbass. Aux Américains, les terres rares pour se rembourser des efforts consentis depuis trois ans. Aux Européens, la facture. Ils vont payer le prix de leur défaite. Cher, tout de suite, longtemps. Ils devront se débrouiller pour reconstruire, assurer la sécurité et intégrer l’Ukraine en morceaux dans l’UE. Sans l’Otan et sans un soldat américain sur place. Et sans oublier d’augmenter substantiellement leurs dépenses de défense.
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Illusions de puissance et arrogance morale
Donald Trump a raccroché, il fanfaronne. Vladimir Poutine a gagné, il se tait. L’Europe prend peur. Comme un malheur n’arrive jamais seul, elle découvre aussi qu’elle est méprisable. Qu’elle a été trahie par ses élites. Qu’elle mérite le sort qui lui ait fait. C’était vendredi matin à Munich, le réquisitoire du vice-président J. D Vance. Il dit froidement à ses partenaires que l’ennemi de l’Europe est en elle. Que l’Europe bafoue les libertés. Que ses dirigeants ont peur de leurs électeurs. L’Amérique ne les sauvera pas malgré eux.
Il y a des évènements aux conséquences incalculables. Le 11 septembre, le 7 octobre : les terroristes ont changé le monde. Le 22 juin 40 : la France a failli en mourir. Suez 56, le coup de grâce aux empires coloniaux. À Munich en février 2025, l’Europe, ses illusions de puissance, son arrogance morale ont été réduits en poussière.
Sortir de l’histoire ?
Le décor s’effondre mais les Ukrainiens font bonne figure. Chez eux, février est abonné au malheur. En 2014, la sécession de la Crimée, la guerre civile dans le Donbass. En 2022, l’invasion russe. En 2025, la défaite annoncée. Dans leur fatalisme, une part de soulagement car les combattants n’en peuvent plus. Et un reste d’espoir, s’arrimer à l’Europe pour échapper à un retour sous influence russe. La perte des provinces envahies est actée avant même que les palabres commencent. Pourquoi s’en étonner ? Pourquoi faire semblant de découvrir que l’armée ukrainienne est incapable de les reconquérir alors que les chefs d’état-major ukrainien et américain l’avaient admis dès l’automne 2023 ?
C’est une question légitime que devraient se poser les Européens qui ont financé cette guerre qui les ruine. Comment expliquer qu’ils aient fait la guerre sans l’avoir jamais décidé ? Qu’ils l’aient perdue sans avoir combattu ? Comment leurs dirigeants se sont-ils débrouillés pour se retrouver du côté des vaincus, ceux qui subissent la loi du plus fort ? Qui n’ont pas même un strapontin aux négociations. L’Europe désormais sous la menace russe et discréditée face au sud. L’Europe qui sort de l’histoire.
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Aux Américains, les terres rares. Aux Européens, la facture
Pas faire la guerre, faire semblant
Un proverbe du Far West dit que la guerre fait les voleurs et que la paix les fait pendre. On devrait en dire autant des menteurs. Après cette étrange défaite, il faudrait limoger les généraux de plateau télé, couvrir de goudron et de plumes les prédicateurs va-t-en-guerre, les reporters en peau de lapin qui ânonnent depuis trois ans les mensonges de la propagande et les chaînes qui les illustrent avec les images fournies par les GoPro des combattants et les drones, toute cette pornographie kaki. Et surtout, réclamer des comptes aux dirigeants qui ont fait semblant de faire la guerre et qui sont incapables de faire la paix. Qui ont tenu des poses viriles et des discours martiaux, mais c’était pour rire. Qui ont rendu la guerre ridicule. La guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux comédiens, aux médias, aux somnambules.
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