Pour le président russe, la victoire est simple comme un coup du fil. Lors d’un appel téléphonique historique, le président Trump a offert à Vladimir Poutine une chance de redorer le blason de la Russie sur la scène internationale. Leur conversation, mercredi dernier, a jeté les bases d’une potentielle rencontre en Arabie saoudite, marquant peut-être le début de la fin d’un conflit ayant coûté près d’un million de vies en trois ans.
Le plan de paix proposé par Washington tient en quelques lignes : un cessez-le-feu immédiat dans toute l’Ukraine, le retrait progressif des forces étrangères du pays, incluant non seulement les troupes russes mais aussi les mercenaires et les forces paramilitaires, des élections « libres et transparentes » organisées sous l’égide de l’Onu, et enfin des garanties de sécurité pour l’Ukraine, sans pour autant l’intégrer à l’Otan, une ligne rouge pour Moscou.
Un fonds international de reconstruction serait ensuite mis en place, auquel les États-Unis et la Russie contribueraient significativement pour relancer l’économie ukrainienne. Si ce plan américain devait aboutir, il marquerait une première grande victoire pour Donald Trump sur la scène internationale, dans sa stratégie de résolution des conflits consistant à parler à tout le monde, à trouver des compromis et même, quand il le faut, à faire des concessions à la Russie.
Une approche directe et pragmatique
L’art des négociations, qui a fait la fortune de Donald Trump en tant qu’homme d’affaires, est maintenant au cœur de sa politique étrangère. Avec une approche directe et pragmatique, Trump transpose ses stratégies commerciales sur la scène politique mondiale, cherchant des accords rapides et mutuellement bénéfiques, même si cela signifie parfois bousculer les conventions diplomatiques établies.
« L’Amérique est à nouveau la force dominante pour la paix et la stabilité »
« Nous avons hérité d’un monde en crise à cause d’une génération de soi-disant experts de la politique étrangère, explique Brian Hughes, porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale. Le président Trump inverse rapidement leurs terribles erreurs et l’Amérique est à nouveau la force dominante pour la paix et la stabilité. »
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Une partie de go diplomatique
Donald Trump est tellement désireux de conclure un accord avec la Russie, visant peut-être le prix Nobel de la paix qu’il se voit déjà remporter, qu’il consentirait à des termes laissant l’Ukraine en retrait et permettant à la Russie de se réarmer. Lors de sa visite à Bruxelles, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a clairement rejeté la possibilité de voir tous les territoires ukrainiens actuellement occupés par la Russie être restitués. De plus, il a exclu l’envoi de troupes américaines sous la bannière de l’Onu et a même évoqué un retrait potentiel d’une partie des 100 000 militaires américains présents en Europe.
« Trump veut un cessez-le-feu et trouver une sorte d’arrangement qui mettrait de côté la question ukrainienne pour un moment, confirme Tatiana Stanovaya, chercheuse au Carnegie Russia Eurasia Center. Mais sa vision diffère encore radicalement de celle de Poutine pour qui une véritable solution signifie une Ukraine alliée de la Russie. »
Dans cette partie de go diplomatique, l’Europe est largement laissée de côté. Le vice-président américain J. D. Vance a certes affirmé que les Européens avaient « bien sûr » leur place dans les discussions, il a également insisté sur le fait qu’ils doivent assumer davantage de responsabilités au sein de l’Otan pour « partager le fardeau » de la défense européenne.
En résumé, les États-Unis ne veulent plus financer seuls et renvoient l’Europe à ses propres obligations. « Ce que souhaite avant tout le président Trump, c’est le calme, la paix, un accord, explique William Wechsler, directeur à l’Atlantic Council, un groupe de réflexion américain. Moins d’engagement américain et donc moins de risques pour les États-Unis. »
Respectant son mantra « America First », Donald Trump compte sur la fin du conflit pour revitaliser l’économie américaine. Depuis le début de la guerre, 175 milliards de dollars ont été investis par les États-Unis en aides diverses à l’Ukraine. La nouvelle administration garantit que cet investissement ne sera pas vain. Le secrétaire d’État Marco Rubio a souligné qu’un accord sur les ressources minérales ukrainiennes pourrait partiellement compenser cette aide, affirmant qu’« une partie de cet argent servira à rembourser le contribuable américain pour les milliards dépensés dans ce pays ».
Trump pourrait maintenant appliquer sa stratégie de « paix à tout prix » à d’autres conflits
Donald Trump pourrait maintenant appliquer sa stratégie de « paix à tout prix » à d’autres conflits, comme avec Taïwan, utilisant l’île comme pion dans des négociations commerciales avec Pékin. La méthode Trump semble même bénéficier à la Chine, comme l’a indiqué le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors de sa récente tournée en Europe, en se montrant favorable au plan de paix américain.
Bien que l’objectif soit limpide, la manière d’y parvenir demeure floue. Dans son livre L’Art de la négociation, publié en 1987, Trump écrit : « J’aime toujours avoir plusieurs approches pour conclure un accord, car n’importe quoi peut arriver, même aux plans les mieux conçus. »
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