![La saint Valentin est célébrée tous les 14 février.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/13/17/saint-valentin.jpg?VersionId=sqauyNDz7j7xzUDCxApeaPxb.xitHbtZ)
La Providence a parfois de curieux détours. Rien ne prédisposait notre bon Valentin à devenir le saint patron des amoureux. Car sa vie n’est pas particulièrement romantique. Au contraire. Il est prêtre, peut-être évêque, et vit sous la menace de l’empereur romain Claude le Gothique, au IIIe siècle. Lequel n’est pas un tendre et lutte contre les barbares qui menacent l’unité de l’Empire, d’où son surnom… Comme souvent, la persécution des chrétiens est un bon moyen de détourner l’attention, et Valentin n’échappe pas à la règle.
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Lors de son procès, son juge Astérius affirme qu’il ne croira au Dieu de Valentin que si sa fille de deux ans, aveugle, retrouve la vue. Ce qui fut fait, lorsque le prêtre imposa les mains à la fillette ! Mais l’empereur ne l’entendit pas de cette oreille et fit décapiter Valentin, Astérius et sa fille. Deux siècles plus tard, le pape Gélase fixe la fête de saint Valentin au 14 février. On lui construit une église à Rome, sur la via Flaminia. Ici s’arrête le martyrologe officiel de l’Église, qui inscrit les saints à chaque jour du calendrier. Là commence la tradition…
Selon celle-ci, le prêtre Valentin mariait les couples en secret, car l’empereur avait interdit le mariage des soldats pour ne pas perturber ses guerres. D’autres experts ont relevé que le même pape Gélase avait interdit les Lupercales, une fête païenne qui signait le retour de la sève dans la nature, avant le printemps, et par extension donnait lieu à tous les excès liés à la fécondité. La Saint-Valentin aurait ainsi permis de purifier une pratique licencieuse…
C’est au sein de la tradition chrétienne que s’est élaborée la célébration de l’amour humain
Plus sage, c’est ensuite la littérature du Moyen Âge qui s’est emparée de notre saint pour en faire le symbole de l’amour courtois. D’abord en Angleterre, encore catholique à l’époque, où les billets que les amoureux s’échangent s’appellent des « valentins ». Puis la tradition s’exporte dans le monde latin, grâce à Charles d’Orléans qui écrivit plusieurs poèmes dédiés à saint Valentin. En 1496, le pape Alexandre VI Borgia, pourtant peu recommandable en matière de mœurs, déclare officiellement saint Valentin comme le patron des amoureux. Et Shakespeare achève de le rendre populaire à la fin du XVIe siècle, en mentionnant saint Valentin dans son Hamlet, où Ophélie se dit la « valentine » du prince…
De fait, c’est au sein de la tradition chrétienne, reprise du judaïsme ancien, et plus que dans toute autre religion, que s’est élaborée au cours des siècles la célébration de l’amour humain comme une réalité bonne et voulue par Dieu. À commencer par la Genèse au chapitre 2 :« L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair. » C’est encore l’amour humain que saint Paul magnifie, en le comparant à l’amour de Dieu pour les hommes. Plus proche de nous, sainte Thérèse de Lisieux chante son désir de religieuse de « vivre d’amour » avec le Christ : « À des amants, il faut la solitude : un cœur à cœur qui dure nuit et jour. Ton seul regard fait ma Béatitude, je vis d’Amour ! »
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