Le « grand remplacement » a changé de mains. Il n’est plus « une théorie conspirationniste de l’extrême droite ». Il est passé chez Mélenchon qui s’est égosillé à Toulouse : « Oui, monsieur Zemmour ! oui, monsieur Bayrou ! Le grand remplacement, il est là. »
Tel le voleur chinois, il s’en est emparé et entend l’accélérer. Il le définit comme le changement de composition d’une population. Autrement dit le remplacement d’un peuple par un autre, d’une civilisation par une autre, quand le peuple historique devient minoritaire puis résiduel. C’est cela que Mélenchon appelle la « créolisation ». Son « grand remplacement » à lui, c’est la France créolisée par le mélangisme invasif. C’est une France qui veut changer de France : on garde l’Hexagone, la toponymie, le territoire, mais on le créolise, pour y faire surgir un peuple neuf qui débarque et installe ses pénates, avec sa manière nouvelle d’habiter le monde ainsi transplanté. On tente ainsi de faire vivre ensemble, dans une parenté oxymorique, l’islamisme ancestral et le wokisme radical, la femme grillagée et l’homme enceint.
Cette France qui vient, c’est la France de Robespierre en keffieh, une France purifiée, régénérée. Mélenchon entend ainsi refaire un peuple, un « peuple-monde », selon sa propre expression. Ce n’est plus un mémoricide que préconise le nouveau Gracchus Babeuf, c’est un populicide. Il entend également reconquérir les campagnes, refaire ainsi l’union de la France des quartiers et de celle des clochers – pardon, des minarets. Il a deux armes à sa disposition : d’abord le chassé-croisé démographique. « L’enfantement, c’est le djihad des femmes », dit-on en Algérie. Le différentiel de fécondité prépare la bascule. Mélenchon dit cela à sa manière : « Lorsque je suis né, un Français sur dix avait un grand-parent étranger. Aujourd’hui, c’est un Français sur quatre : voilà la nouvelle France que nous devons avoir en tête. »
La deuxième arme, c’est la création d’un statut de « déplacé climatique », qui viendrait élargir l’acception du « réfugié » tel qu’il figure dans la Convention de Genève. Il y a 300 millions de candidats au déplacement climatique. On imagine les conséquences de la nouvelle Convention ainsi mélenchonisée. En réalité, pour La France insoumise, l’immigration n’est rien d’autre qu’une arme par destination, pour dissoudre les peuples, les cultures, les héritages. Le gouvernement de Mélenchon ferait de la France quelque chose comme la Corée du Nord + l’Iran, le socialisme prédateur + la charia. Le « Lider Maximo » s’en est pris à la « France de la tradition ».
Le parti de la transmémoire, qui entend greffer une mémoire sur une autre pour y substituer un imaginaire post-national
Sa posture xénophile me rappelle l’envoi de l’appel de Cochin, né sous la plume de Marie-France Garaud : « Le revoilà, le parti de l’Étranger. À nouveau, il est à l’œuvre, avec sa voix paisible et rassurante. Ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort. » Ce parti-là, on le connaît dans notre histoire millénaire. Pendant la guerre de Cent Ans, il portait un nom, le « parti des Français reniés ». Ces Français reniés ont brûlé Jeanne d’Arc. Ils veulent la rebrûler. Ils veulent brûler notre souvenance. Ce parti-là, c’est le parti des assoiffés de sang de la Terreur qui préfèrent avoir tort avec monsieur Guillotin que raison avec le baptistère de Reims. Mélenchon a des airs de Carrier, l’auteur révolutionnaire des noyades dans la Loire. Lui aussi revendiquait « une nouvelle France » et se justifia ainsi devant l’Histoire, les mains poissées de sang : « C’est par principe d’humanité que j’ai voulu purger la terre de la liberté de ces monstres ! »
La suite après cette publicité
Ce parti-là, c’est le parti de la transmémoire, qui entend greffer une mémoire sur une autre pour y substituer un imaginaire post-historique, post-national. Pourtant, rien n’est perdu. Et pour une raison qui tient à l’énigme des sédimentations invisibles que chacun porte en soi : quand un pays est très vieux, il va chercher dans le miroir de ses anciennes sagesses une force intemporelle, insoupçonnée, pour se relever.
Source : Lire Plus