Habitante d’une maison située à Amiens, Jacqueline a fait poser une douche sécurisée dans sa salle de bains pour « ne plus avoir à grimper dans la baignoire ». Handicapé des deux jambes, Alain vit dans un pavillon en Saône-et-Loire et peut accéder librement à son jardin grâce à une plateforme élévatrice électrique qui lui permet depuis peu de franchir sans difficulté le seuil de sa porte d’entrée.
Grâce à l’aide publique MaPrimAdapt’, créée il y a un an dans le cadre de la loi Elan pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, les exemples d’adaptation des logements pour personnes âgées et à mobilité réduite sont légion. Un dispositif d’accompagnement d’autant plus plébiscité que beaucoup de Français se détournent des Ehpad qui souffrent d’un manque de personnel – avec les conséquences dramatiques que cela engendre – et que les établissements privés demeurent inaccessibles, par leur coût, aux plus modestes.
Adaptation des logements
MaPrimAdapt’ couvre, en fonction des revenus, jusqu’à 22 000 euros de travaux, que ce soit pour l’installation d’un monte-escalier électrique, d’un WC surélevé, d’éclairages à détection de mouvement ou d’une douche de plain-pied. Locataires et propriétaires peuvent solliciter l’aide distribuée par l’Agence nationale de l’habitat (Anah), dont l’objectif est clair : « adapter 680 000 logements dans les dix prochaines années », moyennant une enveloppe de 1,5 milliard d’euros d’ici à 2027. Preuve de la nécessité de cette adaptation, la prime n’a pas été rabotée par le Parlement dans la préparation du budget 2025.
Car chaque année, les services de l’État constatent que deux millions de seniors sont victimes d’une chute à domicile, entraînant 130 000 hospitalisations et 10 000 décès. Le ministère du Travail note qu’au-delà des conséquences humaines, « ces chutes ont un coût pour la collectivité de deux milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour l’Assurance maladie ».
Un marché en expansion
Dirigeant de la société Dom et Vie, créée il y a une dizaine d’années en région parisienne, Mickaël Cohen pilote un réseau composé d’une soixantaine d’agences franchisées spécialisées dans l’adaptation des domiciles. « Nous gérons l’ensemble du projet en faisant appel à des artisans locaux pour installer des équipements que nous avons initialement référencés, explique-t-il. On se charge également des dossiers d’aides publiques. »
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Chaque mois, les équipes de Dom et Vie interviennent dans 200 familles différentes. Mickaël Cohen fait état d’une clientèle très large : « Les moins de 70 ans nous sollicitent afin d’anticiper l’avenir et s’engagent dans plusieurs remaniements de leurs espaces de vie. Pour ceux qui ont plus de 80 ans, ce sont les enfants qui appellent, ou les professionnels du secteur paramédical qui maîtrisent les besoins des plus fragiles. » Mickaël Cohen, dont l’ambition est de doubler le nombre de ses agences afin de couvrir la totalité de la France, reprend à son compte les chiffres de l’Anah qui révèlent que « seulement 6 % des logements sont adaptés au vieillissement ».
C’est dire l’ampleur de ce marché qui va continuer de se développer puisque, d’ici à 2030, le nombre des personnes de plus de 60 ans devrait atteindre 20 millions – contre 15 aujourd’hui –, c’est-à-dire près d’un tiers de la population. Une réalité qui a poussé l’Anah à ouvrir 577 espaces conseil de proximité appelés « France Rénov’ ». Des lieux dans lesquels les 2 500 collaborateurs de cette agence publique informent et conseillent les ménages « en toute neutralité, pour réussir leur projet de rénovation ».
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