Parker, mon chien de 5 ans, est paisiblement allongé à mes pieds. Je l’ai adopté auprès d’une femme qui voulait s’en débarrasser alors qu’il n’était qu’un tout petit chiot, incapable de se tenir debout ou de marcher. Elle exigeait de l’argent et j’ai payé le prix fort pour lui offrir une seconde chance. Rocky, mon chat d’un an, s’est blotti contre moi, niché entre le dossier de ma chaise et mon dos. Son ancien propriétaire cherchait des familles d’adoption pour sa énième portée.
Quelle est la valeur de la vie, qu’elle soit humaine ou animale ? La souffrance animale, souvent négligée ou minimisée, est un reflet troublant de la violence, de l’inhumanité et de la délinquance qui rongent notre société. La disparition de l’empathie affecte l’homme comme l’animal. Lorsque la souffrance devient une norme, il devient difficile de susciter l’empathie et la compassion. L’étude annuelle de l’Ifop pour la Fondation 30 millions d’amis a été publiée le 6 février. Elle révèle que 77 % des Français sont pour la création d’un statut juridique de « personne non humaine » pour les animaux.
Si, en 2015, la Fondation 30 Millions d’Amis obtenait que l’animal ne soit plus considéré comme un « bien meuble » mais comme un « être vivant doué de sensibilité », dix ans plus tard, les Français semblent vouloir plus. On connaît l’article L. 214-1 qui rappelle l’interdiction des mauvais traitements envers les animaux. Certains pays sont déjà plus avancés, comme la Belgique qui a inscrit la protection animale dans sa Constitution, ainsi que l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, la Slovénie ou encore le Luxembourg.
Pourquoi la cruauté ?
La manière dont nous traitons les animaux est souvent le reflet de notre propre humanité. Je n’oublierai jamais mes cours en criminologie qui soulignaient que le premier pas de l’homme vers la barbarie commence souvent par la maltraitance de l’animal. En négligeant la souffrance animale, nous finissons par banaliser la violence dans la société. La souffrance des animaux se manifeste de plusieurs manières : dans les élevages intensifs, les abattoirs, les laboratoires de recherche ou à domicile. Chaque jour, des millions d’animaux sont soumis à des traitements cruels. Voilà qui soulève des questions éthiques sur notre rapport à l’autre vivant.
Chaque jour, des millions d’animaux sont soumis à des traitements cruels
La cruauté envers les animaux évoque ces individus qui infligent délibérément des souffrances physiques, morales ou psychologiques par la force. Une sorte de quête du pouvoir et du contrôle de l’autre. Une façon de chercher à occasionner des souffrances à travers la violence, l’intimidation, la négligence, l’humiliation, les abus et d’autres formes de malveillance, où l’intention d’agir est souvent une fin en soi.
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Selon Stephen Kellert, professeur d’écologie sociale de l’université Yale et Alan Felthous, psychiatre de l’université du Texas, il existe neuf motivations qui poussent à la cruauté envers les animaux, et qui, par analogie, peuvent aussi s’appliquer aux êtres humains entre eux :
• la volonté de contrôle ;
• le châtiment (après une bêtise supposée commise par la victime) ; • l’absence pure et simple de considération pour la victime ;
• l’instrumentalisation (plaisir de la mise en scène de la violence) ;
• l’amplification (usage par exemple d’un animal pour faire mal à autrui) ;
• le plaisir de choquer l’entourage, par amusement ;
• la vengeance (la victime peut être la cible directe ou avoir des liens affectifs avec le sujet de la haine) ;
• le déplacement de l’agression (le supplicié est la victime expiatoire d’une frustration ressentie à l’extérieur) ;
• le sadisme (obsessions liées à la mort et à la souffrance).
La souffrance, au-delà de la douleur
La prise en compte de la souffrance animale va bien au-delà du fait de leur infliger une certaine douleur. Quelle différence entre les deux ? La souffrance est-elle dans l’esprit et la douleur, dans le corps ? La douleur sert de signal d’alarme pour indiquer une blessure ou une maladie, une façon d’inciter à agir. Mais elle peut également avoir des dimensions psychologiques et émotionnelles influençant l’état d’esprit et le bien-être d’une personne… ou d’un animal. La douleur n’est donc pas seulement une sensation, et la souffrance une émotion.
Selon Dominique Pianel, ostéopathe pour êtres humains et animaux, également enseignant en ostéopathie, « la douleur n’est pas cantonnée à un organe ou à une fonction, elle est aussi morale. Le mal de dent n’est pas dans la dent, il est dans la vie, il altère toutes les activités de l’homme. La douleur est toujours contenue dans une souffrance ». Il explique par ailleurs que l’ostéopathie est certainement le seul moyen de reconnaître un animal en souffrance et d’aider à la guérison.
Reconnaître la souffrance de ceux qui ne peuvent parler, au-delà de la douleur
Reconnaître la souffrance de ceux qui ne peuvent parler, au-delà de la douleur. En choisissant d’ignorer la souffrance des plus vulnérables, nous nous condamnons à perpétuer la violence et l’inhumanité. La véritable mesure de notre humanité se trouve dans la façon dont nous traitons les êtres qui ne peuvent pas parler pour eux-mêmes : les animaux, les enfants, les personnes en situation de handicap, les fragiles, et ceux qui sont en fin de vie. Ne plus souffrir n’est pas forcément vouloir mourir
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