![Production<br />
de compléments<br />
alimentaires dans<br />
les laboratoires<br />
du groupe Havea,<br />
en Vendée.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/10/11/havea_prod_biolane_2.jpg?VersionId=3z.TArjCJ91coG9iy1DnwgkuRSzmo3LZ)
La machine rotative en acier gris, logée dans un immense box et autour de laquelle se meuvent deux silhouettes intégralement protégées par des combinaisons blanches, crache une quantité spectaculaire de gélules : « Impressionnant, n’est-ce pas ? sourit David Dos Santos, le directeur de la production d’Havea. Cette machine-là peut produire jusqu’à 160 000 gélules par heure. » Nous sommes à Montaigu, siège historique et site de production d’Havea, fabricant de compléments alimentaires et de cosmétiques, dont les marques sont bien connues des consommateurs. Biolane, par exemple, est spécialisée dans le soin et la santé des enfants de 0 à 3 ans, avec une gamme de compléments alimentaires pédiatriques, Calmosine. Biocyte, elle, est experte en nutrition – fer, magnésium, zinc, plantes comme la rhodiole pour le stress ou la camomille pour dormir… Alors que Densmore se spécialise en produits gynécologiques – pour soulager notamment les douleurs liées à l’endométriose.
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Un marché en bonne santé
Havea est née de la fusion de deux entités : le groupe Ponroy, familial et vendéen, créé il y a presque cinquante ans, et Aragan, une start-up parisienne. Son PDG Nicolas Brodetsky y voit « le meilleur des deux entités ». Aujourd’hui, Havea produit 500 millions de pilules par an pour un chiffre d’affaires de 370 millions. Son objectif ? Un milliard de pilules d’ici 2030. Pour produire deux fois plus, le directeur ne compte pas pousser les murs, mais devenir plus efficace en faisant tourner les lignes de production toute la semaine, week-end compris.
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Le groupe, qui compte actuellement 1 100 collaborateurs, a d’ailleurs annoncé l’embauche de 150 personnes de plus en 2025. Si Havea affiche des ambitions aussi gargantuesques, c’est parce que le marché des compléments alimentaires explose en France et dans le monde. Selon le syndicat du secteur, Synadiet, le marché national pèse 2,7 milliards d’euros en 2023 – soit une augmentation de 3 % par rapport à l’année précédente – et 30 milliards sur l’ensemble du continent.
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Le groupe évoque les effets positifs sur les coûts de la Sécurité sociale
Les compléments plébiscités par les acheteurs ? Ceux qui fortifient la vitalité, l’immunité, la digestion, l’humeur et régulent le stress. « Dans les années 2000 et jusqu’aux années 2010, les compléments minceur étaient les plus vendus. Depuis le confinement, on observe une autre façon d’aborder sa santé, plus préventive », souligne la pharmacienne d’Havea qui parle d’une approche « holistique ». « On surveille sa santé, dans son ensemble et dès la vingtaine », ajoute-t-elle.
Quels effets thérapeutiques ?
Ces compléments ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, mais certaines mutuelles acceptent de les prendre en charge. La pharmacienne d’Havea recommande sans surprise des prises « assez tôt », notamment des pilules qui réduisent le stress et qui, selon elle, permettraient de prévenir certaines maladies complexes – comme des problèmes cardiaques. Le tout dans le cadre d’un suivi médical adapté. L’argumentaire du groupe évoque ainsi, grâce à ses pilules préventives, un effet positif sur les coûts globaux de santé pour la Sécurité sociale. Un point de vue tempéré par l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui souligne sur son site que « le complément alimentaire n’est pas un médicament, il ne peut donc, par définition, revendiquer aucun effet thérapeutique ».
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Ce qui n’empêche pas les produits du groupe d’être vendus en pharmacie, parfois recommandés par des médecins ou des pédiatres. Le directeur général de Biolane, Arnaud de Saint Louvent, justifie le recours de plus en plus courant à des gélules perçues comme étant moins invasives que des médicaments aux principes actifs plus radicaux : « Face à des reflux gastriques ou pour accompagner les poussées dentaires, les parents veulent éviter de donner des médicaments à leurs enfants et préfèrent se tourner vers des alternatives naturelles, vendues en pharmacie. »
Avant la phase de production, deux laboratoires – nutrition et cosmétiques – placés à quelques pas des hangars de production travaillent aux formulations des produits. Dans celui dédié à la nutrition, deux jeunes femmes s’activent. Face à elles, un mur de tiroirs et de rayonnages dans lesquels tous les matériaux sont regroupés – vitamines, plantes et minéraux – comme dans une officine. Elles travaillent aujourd’hui à la conception d’une gélule anti-vieillissement cutané.
Les deux biologistes soupèsent méticuleusement les poudres blanches, notent les réactions des assemblages et les mesures, avant d’introduire la dose jugée idéale dans une presse qui façonnera la gélule ou le comprimé. Au-delà de l’aspect nutritif, le produit fini doit éviter d’être friable, avec une densité d’écoulement optimale pour une industrialisation facile et une résistance à l’humidité. « Si on veut aller très vite, on peut sortir un produit en six semaines, on l’a déjà fait », assure Sandrine Malezieux, responsable du laboratoire. Avec quelle garantie de résultats ?
Avant la mise sur le marché de tout nouveau produit, une demande est lancée auprès de la Direction générale de l’alimentation (Dgal), instance à laquelle les compléments alimentaires sont rattachés. Alors qu’à Montaigu, la cadence de production augmente, Havea, déjà très présent en Europe et en Chine, ambitionne de s’attaquer au marché américain. Un bureau ouvrira d’ici quelques mois à New York.
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