
À presque 70 ans, Friedrich Merz s’apprête à réaliser le rêve de sa vie : devenir le nouveau chancelier allemand, « avec une politique qui fasse avancer l’Allemagne, qui permette au pays de fonctionner à nouveau et d’être à nouveau fier ». Un « Make America Great Again » version allemande dans un pays en pleine crise.
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Friedrich Merz est un libéral-conservateur dans la plus pure tradition allemande. Originaire de Rhénanie du Nord-Westphalie, juriste, catholique, marié, père de trois enfants, il est connu pour son exigence envers lui-même, ses collaborateurs, mais, plus encore, envers les Allemands. Un exemple ? Sous sa gouverne, le chef de file du CDU veut supprimer le revenu citoyen. En ligne de mire ? La lutte contre l’assistanat. « Les électeurs doivent s’attendre à des vérités qui dérangent », affirme-t-il. Et d’ajouter qu’« en raison de la crise économique, il ne faut pas travailler moins, mais plus ».
Dans cette campagne, il peut compter sur le soutien sans faille de Markus Söder, le ministre-président de la Bavière et du CSU qui aurait pu devenir le candidat de la droite conservatrice, mais a préféré l’union des droites. « Il est le candidat idoine pour nous mener à la victoire. Il n’a qu’un seul objectif : remplacer le SPD au pouvoir afin de remettre l’Allemagne sur les bons rails », assure Markus Söder. Pour la première fois depuis longtemps, la CDU et la CSU sont à nouveau sur la même ligne.
Éternel rival d’Angela Merkel, Friedrich Merz s’est mis en retrait de la vie politique pendant dix ans avant de revenir aux affaires après que « son ennemie intime » a quitté la chancellerie. Un parcours parfois heurté. Ses formules tranchent des discours soporifiques de Merkel. Un jour, il accuse les réfugiés ukrainiens d’être des « touristes de l’aide sociale », un autre, il évoque, en parlant des enfants d’immigrés, ces « petits pachas » qui terrorisent les institutrices allemandes. Autant de sorties qui lui valent de devoir s’excuser publiquement, mais qui ne l’empêchent pas de dénoncer la « société multiculturelle ». Si quelques voix s’élèvent dans son parti pour le critiquer, il ne se laisse pas démonter. La porte de son bureau est constamment ouverte pour qui voudrait lui adresser des remontrances.
Un coup de canif au cordon sanitaire
Sous sa direction, la CDU affine sa ligne conservatrice. Friedrich Merz a également mis l’accent sur un programme économique libéral dans son parti. Enfin, il a annoncé un durcissement de la politique migratoire. En réaction à l’attaque mortelle au couteau perpétrée à Aschaffenbourg le 22 janvier, par un demandeur d’asile afghan débouté, Friedrich Merz veut promouvoir des changements rapides en matière de politique migratoire et de sécurité.
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C’est ainsi que voilà quelques jours, le Parlement allemand a adopté un texte visant à durcir l’immigration dans le pays. Pour la première fois, la CDU et l’AfD ont allié leurs voix pour faire passer une résolution qui vise à refouler aux frontières tous les étrangers non munis de documents d’entrée en règle, y compris les demandeurs d’asile. Tollé à gauche. Il n’est pas jusqu’à Angela Merkel, contrainte de sortir de sa diète médiatique, pour s’inquiéter de cette alliance des droites. Friedrich Merz, lui, n’en a cure. En mettant un coup de canif au cordon sanitaire qui permettait d’écarter du pouvoir le parti d’Alice Weidel, il a élargi son socle électoral et renforcé ses chances de devenir chancelier à l’issue des prochaines législatives.
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