![Loïk Le Floch-Prigent.](https://www.lejdd.fr/lmnr/rcrop/375,250,FFFFFF,forcey,center-middle/img/var/jdd/public/styles/paysage/public/media/image/2025/02/07/16/000_36ft4da.jpg?VersionId=0ghqASgjb8MFACwG7LM1g2w4u.gsoPaf)
Madame la Secrétaire générale de la CGT,
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Vous veniez de naître, en 1982, lorsque j’ai été propulsé à la tête de l’entreprise chimique Rhône-Poulenc, à 38 ans ! C’était la première entreprise chimique de France. Pour son malheur, elle avait un secteur fils et fibres textile en totale déconfiture et elle perdait de l’argent chaque année… tout en servant des dividendes à ses actionnaires ! L’automatisation du secteur textile était compliquée techniquement. Elle était indispensable pour redevenir compétitifs, mais elle conduisait à la mise à pied de centaines de salariés dans beaucoup d’usines.
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Nous avions alors mis au point une équipe musclée de reconversion du personnel et des sites. Il reste beaucoup d’endroits où la chimie a fini par partir, mais où ces nouvelles activités de l’époque ont prospéré jusqu’à aujourd’hui.
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Nous n’étions pas des rats ! Pas plus que nous le sommes aujourd’hui, mais notre obligation est de rester compétitifs pour gagner de l’argent, préserver nos salariés et investir pour le futur.
Pour réussir, j’avais besoin de l’accord du syndicat majoritaire de l’entreprise, la CGT qui manifestait quotidiennement dans les rues : « Rhône-Poulenc peut payer », sans jamais vouloir m’écouter. Je connaissais bien Henri Krasucki, l’un de vos prédécesseurs, on se respectait, et il a accepté de m’écouter. Tout au long de la restructuration de Rhône-Poulenc, nous dînions en tête-à-tête tous les mois. Les négociations étaient rudes de part et d’autre, mais nous avons maintenu le cap, en adversaires et pas en ennemis, chacun expliquant à l’autre pourquoi certains efforts étaient impossibles.
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C’était hier, mais en reclassant personnel et sites, en assurant la compétitivité de chaque unité restante, nous sommes passés d’1 milliard d’euros de pertes à 4 milliards d’euros de résultat en quatre ans. Si de mauvaises décisions sont venues tuer l’entreprise désormais éparpillée dans beaucoup de mains, c’est parce qu’il existe aussi des gens qui ont été nommés à la tête des entreprises industrielles qui n’étaient pas des patrons mais des prédateurs.
Cette époque est désormais révolue, et les patrons d’aujourd’hui sont attachés comme nous tous à la pérennité de leur outil de travail et à la prospérité du pays. S’ils avertissent le gouvernement et les syndicats du déficit de compétitivité qui se prépare, c’est qu’ils veulent éviter de sombrer ! Les grandes entreprises françaises ne gagnent même plus d’argent dans leur propre pays, mais nous restons tous attachés à la France et ne quittons que rarement le navire que l’on fait couler.
Aidez-nous, Madame, comme Henri Krasucki a su le faire avec moi en son temps, comme Bernard Thibault avec Sophie de Menthon pour le télémarketing, ou encore Philippe Martinez qui ne détestait pas l’entreprise.
Ne dénigrez pas ces entrepreneurs qui travaillent pour nous tous et qui ont des moments de désespoir lorsque leur univers s’effondre dans l’incompréhension et l’hostilité du monde politique.
Nous travaillons pour notre personnel d’abord, car son épanouissement est la recette du succès de nos boîtes, sans idéologie mais malgré toute l’hostilité de certaines organisations syndicales.
Je me suis joint à ceux qui considèrent inacceptable d’être traités de « rats » par la responsable d’un mouvement syndical, et j’approuve que le mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance) ait porté plainte pour injure publique.
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