L’essentiel
- Le 8 janvier dernier, un locataire de l’immeuble situé au 21, rue Danton au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) a été violemment agressé par le fils de voisins.
- Cette violente agression concrétise les craintes des habitants de l’immeuble depuis plusieurs mois, qui dénonçaient des menaces à répétition de la part de l’individu jugé « instable émotionnellement ».
- Le collectif des habitants de l’immeuble appelle le bailleur, la mairie et la justice à l’aide pour tenter de faire expulser le locataire… et ses parents.
«J’ai seulement eu le temps de pousser mes filles dehors pour les protéger et je suis tombé. » Les faits datent du 8 janvier dernier, mais Mehdi* a encore la voix tremblante en évoquant les faits. Ce jour-là, alors qu’il rentre chez lui avec ses deux petites, âgées d’un peu plus de 2 et 4 ans, il est agressé par un individu dans l’ascenseur de son immeuble.
Depuis plusieurs mois, ce sont tous les habitants du 21, rue Danton au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) qui vivent dans la terreur, alimentée par l’agresseur de Mehdi qui vit dans l’immeuble. « Il est hébergé chez ses parents. Il y a des périodes pendant lesquelles il disparaît mais on le voit régulièrement revenir avec l’angoisse au ventre », explique une voisine.
Un locataire agressé au poing américain
Ce jeune homme, Mehdi l’avait déjà croisé auparavant. Âgé d’une « vingtaine d’années », il l’avait apostrophé dans les escaliers quelques jours avant Noël dernier, se plaignant du bruit que ferait la famille de Mehdi. « J’ai deux filles en bas âge, donc j’ai cru que c’était la cause et je me suis excusé mais il m’a parlé de travaux. Des travaux qui n’avaient pas lieu chez nous mais à un autre étage. Il m’a quand même dit de faire attention, c’est là que j’ai compris… il cherchait juste une raison de s’en prendre à nous. »
Une première agression verbale… Qui sera suivie d’une autre, plus violente et physique deux semaines plus tard. Alors qu’il vient de se garer dans le parking souterrain de l’immeuble avec ses filles, le jeune homme est là, devant la porte de l’ascenseur. « Il a regardé à gauche et à droite pour voir qui était là, et a violemment poussé la porte, heurtant ma fille qui est tombée. Je l’ai relevée en demandant à ce monsieur de faire attention. Mais il est monté dans l’ascenseur avec nous. Là, il m’a mis deux coups dans le visage. De peur, j’ai appuyé sur le bouton du rez-de-chaussée plutôt que notre étage, espérant trouver de l’aide au plus vite. Le temps de me retourner, il m’a asséné le plus violent des coups… »
Ce troisième coup, donné avec un poing américain, laisse Mehdi sur le carreau. Aidé par la gardienne et une voisine, il est pris en charge par les pompiers arrivés sur place et emmené à l’hôpital. « Le médecin légiste m’a prescrit 10 jours d’ITT. »
Un incendie déclaré en 2023
Cette agression aussi gratuite que violente, plusieurs voisins la redoutaient tant le jeune homme s’était déjà montré menaçant. Pire, certains avaient déjà frôlé le drame lorsque en janvier 2023, le jeune avait démarré un incendie dans la cage d’escalier, bloquant des habitants dans l’ascenseur, en proie aux fumées. « À l’époque, il avait été arrêté et avait fait un peu de prison, mais il est revenu depuis, explique Marie* à la tête d’un collectif des habitants de l’immeuble, depuis on désespère, tout le monde est terrorisé et on ne sait plus vers qui se tourner. »
Après une plainte du bailleur, l’homme a été condamné au pénal à de la prison, 30.000 euros d’amende, une injonction de soin et un suivi sociojudiciaire… avant de revenir vivre chez ses parents.
La mairie impuissante
Interpellée par le collectif, la mairie confirme à 20 Minutes être au fait du problème. « Les locataires de l’immeuble ont fait plusieurs points avec la police municipale, indique le cabinet du maire de la ville de Val-de-Marne, cette dernière a d’ailleurs augmenté les patrouilles dans le secteur depuis. »
Malheureusement, et malgré une coopération avec la police nationale, la mairie ne peut qu’avouer son impuissance face à la situation : « Nous avons contacté le bailleur pour leur signaler ces différents faits, afin qu’ils prennent des décisions en fonction. C’est un bailleur social sans lien avec la ville, il nous est donc impossible d’intervenir davantage. Nous avons demandé son expulsion mais notre champ d’action reste limité. »
« Un dossier monté pour résilier le bail des parents »
Une expulsion que tente d’obtenir le bailleur en question. Mais qui n’est pas si simple en réalité. Car si ses parents vivent bien dans l’immeuble, le jeune agresseur ne figure, lui, sur aucun bail ni document. « Nous ne pouvons pas empêcher nos locataires de recevoir la visite d’un membre de leur famille. C’est donc compliqué. Mais les locataires, comme nos collaborateurs sur place vivent dans une atmosphère de peur. Aussi, au vu des troubles causés, nous montons un dossier actuellement pour résilier le bail de ses parents », explique Vilogia, le bailleur de l’immeuble qui continue d’encourager les voisins à signaler les moindres troubles qui auraient lieu.
Une source policière nous confirme que plusieurs enquêtes ont été diligentées au sujet du jeune homme et qu’une nouvelle est en cours, sans que cela ne garantisse une issue positive à l’affaire.
« C’est triste d’en arriver là, regrette Marie, mais le jeune semble avoir des problèmes de santé mentale, des accès de violence et des troubles qui ne laissent que peu de doutes à ce sujet. Ses parents sont des gens sans problème, gentils, mais ils ne sont pas transparents sur le véritable danger que représente leur fils. Ou alors ils sont dans un déni complet. Mais l’un ou l’autre, cela ne peut plus durer… »
*Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes concernées