Faire le Donald n’est pas donné à tout le monde. Friedrich Merz est catholique pratiquant, marié depuis plus de quarante ans à la même épouse dont il a eu trois enfants et à la CDU qui lui a infligé mille déceptions. Réservé, tempéré, d’une élégance discrète. Rien à voir avec l’ébouriffant président américain, en dehors d’avoir fait fortune, d’être résolument anti-woke et pareillement méprisé par le camp du bien.
Publicité
La suite après cette publicité
Friedrich Merz voudrait lui aussi réussir son come-back. Il vient de comprendre qu’il devait briser un tabou. Son image de patricien un peu hautain, qui pilote son jet et se commet quand il monte sur l’estrade, est un handicap. Pour rallier les classes moyennes qui, en Allemagne comme ailleurs, veulent manifester leur colère, il ne suffit plus de promettre moins de bureaucratie, une grande réforme fiscale, davantage de souplesse sur le marché du travail. Le programme libéral qu’il a décliné pendant trois mois n’a apporté aucun suffrage à Friedrich Merz : les sondages stagnent à 30 %.
Il a donc fait le pari de parler du sujet qui obsède les Allemands : l’immigration. Il a brisé un tabou en obtenant les voix des populistes de l’AfD au Bundestag. En présentant une simple motion qui réclame davantage de contrôles aux frontières et le refoulement systématique des migrants sans visas. Puis un projet de loi pour limiter le regroupement familial et placer davantage de clandestins en centres de rétention. Le premier texte adopté ric-rac restera lettre morte. Le second, retoqué car une dizaine d’élus de la CDU/CSU a fait défection. Avec ces deux initiatives mort-nées, Friedrich Merz a obtenu le scandale qu’il cherchait : plusieurs centaines de milliers d’Allemands sont descendus dans la rue pour le conspuer.
Les Allemands aiment bien défiler contre les nazis. C’est un peu tard évidemment. Deux cent mille manifestants se sont égosillés contre le retour de la bête immonde. Mais il y a 61 millions d’électeurs convoqués le 23 février, ce qui incite à relativiser le tintamarre qu’a joué tout le week-end le grand orchestre antifasciste aux oreilles de Friedrich Merz. Pour dramatiser, les progressistes disent que c’est la première fois que le centre droit a mêlé ses voix à celles de l’extrême droite depuis la fondation de la République fédérale. Autrement dit, la première fois depuis Hitler… Factuellement, c’est bien la première fois depuis que l’Alternative pour l’Allemagne a fait élire 93 députés au Bundestag.
Le grand orchestre antifasciste
C’était en 2017, après et à cause de l’afflux d’un million et demi de Syriens et d’Afghans venus se blottir dans les bras largement ouverts d’Angela Merkel. Au lendemain des viols de Cologne et au début d’une vague d’attentats qui ont traumatisé les Allemands. À Berlin, on ne franchit pas le Rubicon. La presse dit que le cordon sanitaire s’effiloche. En réalité, ce cordon a été lacéré par le couteau d’un psychopathe afghan qui a poignardé fin janvier un petit garçon et un passant dans un parc en Bavière. Il avait déjà été tailladé par la voiture-bélier d’un psychiatre saoudien qui a tué une demi-douzaine de passants sur un marché de Noël.
La suite après cette publicité
Il avait été entamé par le couteau d’un fanatique Syrien qui a noyé dans le sang le festival de la diversité à Solingen, sans oublier le couteau d’un réfugié afghan qui a égorgé un policier à Mannheim… Autant de tueries depuis l’été qui ont traumatisé l’Allemagne. Sans parler des 15 000 coups de couteaux recensés l’an dernier. Friedrich Merz ne fera pas du Trump en restant korrekt. Mais il aura du mal à traiter les problèmes liés à l’immigration, en se contentant de faire semblant.
Source : Lire Plus