Cité par le président Tebboune dans un entretien paru dans L’Opinion lundi comme l’une des personnalités françaises « respectées » par l’Algérie, Jean-Pierre Chevènement a profité de cette occasion pour l’inviter à renouer le dialogue avec la France dans les pages du Figaro. Un exercice périlleux, tant les désaccords se sont multipliés entre Paris et Alger ces derniers mois.
Publicité
Entre l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ou encore l’action de Bruno Retailleau contre les influenceurs algériens hostiles à la France, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense avait l’embarras du choix. Mais plutôt que revenir sur ces « embrouillaminis passionnels », il a choisi de rappeler les « puissants intérêts communs » unissant l’Algérie et la France, notamment le total des échanges commerciaux bilatéraux, qui représente près de 12 milliards d’euros par an. Et de mentionner les 3 millions d’Algériens ou de Franco-Algériens qui résident en France.
La suite après cette publicité
Afin de « surmonter les polémiques et les surenchères »,Jean-Pierre Chevènement invite les Algériens à se souvenir non pas des « crimes du colonialisme », encore invoqués fin décembre par Abdelmadjid Tebboune, mais de l’objectif de coopération porté par le général de Gaulle, au prix de deux tentatives d’assassinat par les tenants de l’OAS. Une coopération possible, uniquement dans le cadre d’une « relation d’égal à égal », comme le prône le ministre d’ailleurs de l’Intérieur Bruno Retailleau, d’après Jean-Pierre Chevènement.
La suite après cette publicité
« Pour pouvoir se parler, il faut d’abord se respecter, et respecter les règles de droit, applicables par exemple en matière de droits de la défense, poursuit le président d’honneur de l’Association France-Algérie, faisant référence aux conditions de détention de Boualem Sansal. L’Algérie ne peut que gagner à respecter la liberté du grand écrivain qu’il est. » Invoquant à nouveau le général de Gaulle, qui disait à propos de Jean-Paul Sartre en 1960 : « On n’emprisonne pas Voltaire ! », Jean-Pierre Chevènement a encouragé le président algérien à s’inspirer de cette pensée.
Pour rappel, Boualem Sansal, âgé de 75 ans et critique du pouvoir algérien, a été arrêté le 16 novembre dernier en Algérie. Il est poursuivi au titre de l’article 87 bis du Codé pénal. L’auteur de 2084 : la fin du monde est accusé « d’acte terroriste ou subversif, visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Selon Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de l’artiste au média Frontières, sur le fait que le territoire du Maroc aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Le 6 janvier dernier, devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée, Emmanuel Macron a estimé que l’Algérie se « déshonorait » en retenant en détention Boualem Sansal. De son côté, Abdelmadjid Tebboune a qualifié l’écrivain « d’imposteur » envoyé par la France.
Source : Lire Plus