Guillaume Gallienne double pour la troisième fois au cinéma l’ours Paddington, qui part sur les traces de sa tante perdue dans la jungle péruvienne. Une parenthèse enchantée pour le sociétaire de la Comédie-Française.
Le JDD. Guillaume Gallienne. Que représente pour vous Paddington ?
Guillaume Gallienne. J’y ai toujours été très attaché. Gamin, j’avais une nounou anglaise qui me lisait les livres de Michael Bond, son créateur. Je possédais même une petite peluche à son effigie !
Comment pouvez-vous décrire son évolution à l’écran ?
Chaque film s’est illustré dans un genre différent, et en l’occurrence, il s’agit vraiment de l’aventure, avec plein de références qu’apprécient les adultes, de la saga Indiana Jones à La Mélodie du bonheur (1965), de Robert Wise. J’y vois aussi pour ma part Candide (1759), le roman de Voltaire. Alors que les enfants vont juste savourer le divertissement. L’ours change et mûrit, tout en conservant les qualités qu’on adore : son exaltation et sa pudeur, sa naïveté, sa maladresse et son courage. Cet épisode est cocasse et tient en haleine par son énigme. Car il se met en quête de l’Eldorado en Amazonie !
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« Le thème de l’immigré est le fondement de l’œuvre de Michael Bond »
On se pose des questions fondamentales, notamment sur l’adoption ou le statut de réfugié. Paddington doit faire un choix pendant son long périple à la recherche de son identité, de ses origines, de ses racines, pour trouver sa place dans le monde. Le thème de l’immigré est le fondement de l’œuvre de Michael Bond. Le héros revient dans son pays de naissance, mais se rend compte que sa véritable famille est celle avec laquelle il vit au quotidien, pas la tribu dont il est issu. On se reconnaît tous en Paddington.
Que partagez-vous avec lui ?
Son enthousiasme. Je suis tout le temps volontaire. Par contre, désolé, je n’aime pas la marmelade d’orange ! Et je n’ai pas sa retenue magnifique. Quand il encaisse une mauvaise nouvelle, il a une façon remarquable d’intégrer l’information tout en refusant d’être démonstratif vis-à-vis des émotions qui l’assaillent. Nous avons aussi en commun la bienveillance, la loyauté, la fidélité. Je pars toujours du principe que les gens sont gentils, j’ai cette ingénuité-là. Après, on se prend quelques baffes…
Je ne suis pas certain de posséder sa témérité physique : je l’ai à la Comédie-Française mais en dehors du cadre, pas vraiment… (Rires.) C’est amusant, j’ai tourné un film au Pérou l’été dernier : Lady Nazca, de Damien Dorsaz. J’ai été stupéfait de découvrir une statue de Paddington à Lima !
Quels sont vos projets ?
La Vie devant moi, de Nils Tavernier, en salle le 26 février. L’histoire vraie d’une famille juive qui a été cachée pendant la Seconde Guerre mondiale à trois dans une remise de la taille d’un placard. Je prépare un long métrage d’animation en tant que réalisateur, une adaptation de Cyrano de Bergerac (1897), d’Edmond Rostand, avec des animaux. Je travaille depuis deux ans avec le studio parisien Werlen Meyer, que m’avait recommandé Wes Anderson. La sortie est prévue pour 2027. On enregistre en ce moment les voix. Les acteurs sont complètement débridés, ils s’octroient des libertés, des audaces, des inventions. C’est merveilleux !
Et au théâtre ?
À la Comédie-Française, je reprends en mai Le Bourgeois gentilhomme, mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq. Je vais diriger à Tallinn, en Estonie, Pulcinella d’Igor Stravinsky et L’Heure espagnole de Maurice Ravel, après leur passage la saison dernière à l’Opéra-Comique.
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