Les forêts privées couvrent les trois quarts des espaces boisés de l’Hexagone, et leurs 3,5 millions de propriétaires se partagent des parcelles, souvent de petite taille. « Ce sont les principales victimes des pillages », indique François Godinot, président du syndicat Fransylva dans la Meuse, qui réunit les multiples propriétaires de son département. Au cours des derniers mois, plus d’une quinzaine ont été visés par des vols qui représentent, au total, quelque cinq hectares d’arbres.
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La méthode est désormais bien rodée. « À partir des données du cadastre, un identificateur repère les arbres à abattre et les marque d’un trait de peinture. Ce sont, précise François Godinot, principalement des chênes. » Des équipes de bûcherons – le plus souvent étrangers – sont ensuite dépêchées sur place. Le soir même, des camions chargent les imposants troncs, souvent immédiatement expédiés à l’étranger via le port de Rotterdam. Le préjudice n’est pas anecdotique étant donné qu’un beau chêne ancien se vend environ 1 500 euros.
Des espaces sacagés
Et ce n’est pas le seul problème. « À chaque fois, continue François Godinot, les espaces où les arbres ont été abattus sont laissés dans un état lamentable, c’est généralement un véritable massacre. Il faut ensuite de nombreuses années pour replanter correctement. Les sols sont défoncés, marqués par de très profondes ornières quand les arbres qui n’ont pas été volés sont renversés, voire déracinés, sans aucune précaution. »
« Les sols sont défoncés, marqués par de très profondes ornières quand les arbres qui n’ont pas été volés sont renversés, voire déracinés »
À l’échelle nationale, le bilan n’est pas encore chiffré pour une raison simple : il est compliqué de réunir l’ensemble des données, parcelle par parcelle ! Mais Anne Dunoyer, vice-présidente du syndicat Fransylva, réclame toutefois la « création d’une cellule dédiée sur tout le territoire qui mobiliserait le renseignement, les forces de l’ordre et les douanes ». Elle préconise aussi l’ouverture d’un fonds de dédommagement, car « les propriétaires forestiers ne sont pas assurés contre ces pillages », et entend sensibiliser les élus et riverains de ces zones forestières rurales, afin qu’ils veillent et alertent les forces de l’ordre lorsqu’une présence suspecte est repérée.
Car la plupart des forfaits ont lieu très loin des routes, dans des endroits particulièrement discrets. Anne Dunoyer regrette aussi les vols réguliers de bûches stockées dans ces parcelles, par des particuliers qui veulent alimenter leurs cheminées…
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Des vols en augmentation
Les forestiers sont malheureusement loin d’être les seuls à subir des vols. Des ostréiculteurs sont régulièrement victimes de vols pendant la période de Noël et du jour de l’an, des maraîchers se désolent des arrachages de légumes – les endives en ce moment ! –, tandis que des agriculteurs dénoncent régulièrement le vol des systèmes GPS de leurs tracteurs.
« Vols de matériels agricoles dans nos campagnes »
En réponse à une question de la sénatrice LR Pauline Martin concernant la recrudescence des « vols de matériels agricoles dans nos campagnes », le ministère de l’Intérieur a répondu en décembre dernier que « des mesures sécuritaires importantes [avaient] été prises ». Beauvau fait notamment état de la création à venir de 239 nouvelles brigades de gendarmerie et rappelle l’existence du système Vigi Agri, qui permet aux exploitants d’être alertés lorsque l’un d’eux vient d’être victime d’une infraction. Et d’accroître, par conséquent, leur vigilance.
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