Ils étaient donc cinq à bord du véhicule. Cinq individus qui avaient pris en chasse le 26 octobre dans la soirée un père qui avait fui en voiture le quartier populaire de Maurepas à Rennes avec son fils de 5 ans à l’arrière. Une course-poursuite s’était alors engagée avant que le véhicule du père de famille soit la cible de tirs en rafales à l’arme automatique à hauteur de Pacé, commune voisine de Rennes où réside la mère de l’enfant. Le petit garçon avait reçu deux balles dans la tête et été transporté en urgence absolue à l’hôpital Sud.
Il est depuis sorti du coma mais restera infirme à vie avec « des dégâts au cerveau et une hémiplégie » du côté où les balles l’ont atteint, a indiqué ce jeudi Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes. Dans cette affaire, qui avait saisi d’effroi la capitale bretonne, trois individus soupçonnés d’avoir participé à ce règlement de comptes sanglant sur fond de trafic de stupéfiants ont été interpellés le 1er décembre et mis en examen pour tentative d’homicide volontaire en bande organisée.
Un cinquième individu s’est livré de lui-même
Lundi, l’enquête a connu une nouvelle avancée majeure avec l’interpellation à Rennes d’un mineur âgé de 16 ans. Il est soupçonné d’être l’auteur des tirs, ce qu’il a reconnu en garde à vue. « Il indique qu’il a tiré sur instruction des majeurs qui l’accompagnaient », a précisé le procureur de la République. Présenté au parquet, le jeune homme, déjà condamné pour violence, a été mis en examen avant d’être incarcéré dans un établissement pénitentiaire pour mineurs.
Mardi, le cinquième et dernier occupant du véhicule s’est présenté de lui-même au commissariat. Déféré ce jeudi devant le juge des libertés et de la détention, il devrait être placé en détention provisoire dans la journée.
Vingt-deux individus écroués après la série noire
Cette fusillade s’inscrit dans un contexte de flambée des violences liées au trafic de drogue à Rennes, « des phénomènes dont la gravité et la fréquence frappent évidemment les esprits », a souligné Frédéric Teillet. Depuis cet été, plusieurs fusillades ont ainsi éclaté, notamment dans le quartier de Maurepas où deux bandes rivales se disputent le contrôle du trafic de stupéfiants. Mais la violence s’exporte aussi ailleurs dans la ville avec deux meurtres au couteau survenus les 2 et 12 novembre près du CHU Pontchaillou et au niveau de la rue Papu, non loin du centre-ville.
Après cette série noire de règlements de comptes, vingt-deux individus, tous pour la plupart déjà condamnés pour violences ou trafic de stupéfiants, ont été interpellés, condamnés et écroués. « Le travail des services de police et de gendarmerie a permis de mettre un coup à ces auteurs de violence, s’est félicité le procureur. Mais je ne veux pas faire preuve de triomphalisme car rien n’est gagné et le trafic de stupéfiants existe toujours ». La preuve lundi soir où de nouveaux coups de feu ont visé un point de deal dans le quartier de Bréquigny.