Il s’appelait Abbas, il avait 16 ans et habitait Ivry-sur-Seine. Cet adolescent a été tué, ce mardi matin, dans une rixe qui a éclaté rue Corvisart, devant le lycée Rodin, dans le 13e arrondissement de Paris. Les faits se sont déroulés vers 7h50. Selon des témoins interrogés par la police, environ huit individus ont déboulé et ont aspergé de gaz lacrymogène les jeunes et les passants qui se trouvaient alors sur le trottoir devant l’établissement scolaire.
Le petit groupe s’en est pris à la victime, qui a reçu un coup de couteau au niveau du flanc gauche. L’auteur du coup s’est débarrassé de l’arme en la jetant dans la cour du lycée. Les agresseurs ont ensuite pris la fuite en direction du boulevard Auguste Blanqui.
« Un phénomène de rixes entre jeunes récurrentes »
Selon nos informations, Abbas a couru une trentaine de mètres dans la rue avant de s’effondrer devant l’un de ses amis et de perdre connaissance. En attendant les secours, une habitante du quartier, âgée de 39 ans, a tenté de le réanimer en lui prodiguant un massage cardiaque. Les pompiers, arrivés sur place à 8h14, ont pris le relais. Six minutes plus tard, une équipe du Smur s’est rendue sur les lieux et a pris en charge le jeune homme. Il a été transporté en urgence absolue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, où son décès a été déclaré vers 9h15.
Sur instruction du préfet de police, Laurent Nuñez, les forces de l’ordre se sont déployées dans le secteur pour le sécuriser. Elles ont découvert l’arme du crime, un couteau avec un manche vert et une lame de 18 cm.
« Ce meurtre s’inscrit dans la continuité d’un phénomène de rixes entre jeunes récurrentes sur le secteur du 13e arrondissement, où huit affrontements ont été constatés depuis le mois de mai 2024 », indique à 20 Minutes le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête pour assassinat, confiée aux policiers de la sûreté territoriale 75.
Un suspect interpellé
Les enquêteurs tenteront notamment de comprendre ce qu’Abbas faisait sur les lieux ce matin, lui qui est scolarisé au lycée Maximilien Perret à Alfortville, dans le Val-de-Marne. Était-il visé par ce commando ? Ou est-il une victime collatérale ? Un suspect, né en 2008 comme lui, a été interpellé sur place. Est-il impliqué dans le décès d’Abbas ? Les enquêteurs « procèdent à toutes les vérifications nécessaires », explique le parquet de Paris.
Entre 2022 et 2023, les rixes entre bandes rivales ont progressé de 10 % dans l’agglomération parisienne, atteignant 413 faits contre 375, selon les éléments communiqués par la préfecture de police de Paris. Il y a eu quatre décès en 2023 contre trois en 2022. Le nombre de blessés a augmenté de 26 % et celui de l’utilisation d’une arme a progressé de 22,5 % entre 2022 et 2023.
« De plus en plus équipés pour en découdre »
« Dans le 13e, depuis le mois de mai, il y a pas mal de rixes. Malheureusement, c’est un phénomène qui est de plus en plus courant en Ile-de-France. C’est un problème récurrent », remarque Reda Belhaj, porte-parole du syndicat de police Un1té pour la région.
Mi-octobre, Meissane, un adolescent de 16 ans, a ainsi été poignardé à mort à 900 mètres de son lycée à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Début novembre, quatre adolescents ont été blessés à la hache à la gare d’Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne. « Ils sont de plus en plus équipés pour en découdre, observe Reda Belhaj. Ce qui marque cette fois, c’est l’horaire matinal et le lieu, devant un établissement scolaire. »