Ce mercredi, Bercy a annoncé la nouvelle. Selon les dernières estimations du ministère de l’Economie, le déficit public de la France atteindra 6,1% du PIB en 2024. Alors forcément, l’heure est au serrage de la ceinture. Premières victimes des futures coupes budgétaires les collectivités et par ricochet, les associations qu’elles subventionnent.
Dans l’Essonne, le club de judo Flam91, basé à Longjumeau tire la sonnette d’alarme. Jusqu’à présent subventionné à hauteur de 155.000 euros par le Département, le club devra désormais faire avec moins, voire sans subventions départementales. Un choc pour Simon Soubiran, président de l’association de 950 licenciés: “Pendant les Jeux de Paris 2024, on a vu une vraie effervescence autour du sport et au lendemain de cet événement planétaire, on nous annonce des baisses de subventions. On pouvait s’attendre à des restrictions au vu de la situation budgétaire de l’Etat mais pas à ce point là.”
Un coup dur pour le club de la médaillée olympique Shirine Boukli qui a déjà budgeté sa saison 2024-2025 et ne pourra donc pas réduire l’offre prévue pour ses licenciés. “On ne peut pas mettre des professeurs de judo dehors sinon on ne pourra plus donner de cours. Et c’est la même chose avec nos 25 athlètes listés de haut niveau. Si on coupe chez eux, ils ne pourront plus s’entraîner correctement”, expose Simon Soubiran.
Pour Arnaud Berthier, directeur général du Flam91, les premières victimes de cette baisse de revenus seront les actions sociales menées par le club: “Tout le travail que l’on fait dans les quartiers et auprès des enfants sera diminué dès cette saison car ça a un coût pour le club.” “On a 200 enfants des quartiers qui font du judo avec un kimono et un professeur certifité gratuitement, demain sans subventions on ne pourra plus le faire”, insiste Simon Soubiran.
Le président regrette que les associations sportives soient les premières victimes de ces coupes budgétaires et affirme ne pas être un cas isolé. “Ce week-end, j’étais aux championnats de France de judo de première division et je n’ai pas croisé un seul président qui m’a dit que son budget était bouclé. Tous sont dans le dur et ont un trou de 60.000, 80.000, 150.000 euros. A court terme, le Flam91 est en danger.”
Pour le Flam91 l’heure est donc à la recherche de nouveaux revenus. Solution de facilité pour le club, élever le prix des cotisations annuelles de ses adhérents. Une décision qui serait désastreuse pour Simon Soubiran: “Peut-être que la saison prochaine la cotisation ne sera plus à 230€ mais à 500€ donc on deviendra un sport élitiste. Nous ne voulons pas ça car nous avons une population qui a besoin de sport mais n’a pas le budget. On se demande si ça ira quand on augmente le prix de la licence de 5€ alors je n’imagine même pas si on double. On a des enfants dans des pôles espoirs, les parents ne peuvent pas payer l’année donc on les aide en payant l’année. On ne pourra plus le faire. Même chose pour nos athlètes de haut niveau, on ne pourra sélectionner que les meilleurs.”
Alors, pour éviter de pénaliser ses adhérents, le club veut se tourner vers des subventions venues de la part d’entreprises. Un axe de revenus en plein développement au club de judo. De 15.000€ il y’a quelques années, les subventions privées dépassent désormais les 140.000€. La recette du succès: l’échange de bons procédés entre le club et les acteurs privés. “Nous apportons de vraies solutions aux entreprises”, précise Simon Soubiran. “On leur propose du sport santé avec notre staff médical qui intervient sur le bien-être au travail ou sur la bonne posture à adopter au bureau. Nos athlètes partagent leurs expériences, nous proposons également de nouvelles méthodes de recrutement. Nous avons une vraie offre à proposer pour compenser ce qui n’est à mon sens que le début de cette diminution des subventions publiques.”
Les subventions privées, un secteur clef pour permettre au club de subsister mais le président du Flam91 réclame l’aide du Département: “Nos bénévoles n’ont pas le temps pour démarcher et surtout ils n’ont pas de lien avec les décideurs des entreprises alors que les personnalités politiques l’ont. Il faut que la connexion se fasse. C’est comme si vous avez la fibre dans votre rue mais qu’elle n’est pas branchée à votre maison. Nous c’est pareil, il faut que les collectivités nous branchent avec les entreprises.” Une connexion que Simon Soubiran souhaite voir se faire au plus tôt pour sauver le Flam91. Le président du club exhorte les collectivités à agir et se dit prêt à aider les autres clubs de l’Essonne à développer leurs revenus venant des subventions privées.
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