Obtenir justice et que les responsables soient jugés pour enfin faire pleinement son deuil. Six ans après la mort de son fils, Ismaïl, Chahra-Zad continue de mener son combat pour la vérité.
Le 8 juin 2018, elle se rend dans un centre commercial d’Argenteuil avec ses deux enfants, sa sœur et ses neveux. Les deux sœurs décident alors d’emprunter l’ascenseur pour rejoindre les boutiques situées au dernier étage. Alors que sa sœur, ses neveux et son aîné sont déjà sortis de l’ascenseur, Ismaïl, 4 ans, les suit, mais l’ascenseur chute brusquement.
Le sol se dérobe alors sous les pieds du jeune garçon qui se retrouve coincé entre le toit et la cabine de l’ascenseur. Sa mère qui le suivait, reste bloquée dans l’appareil, sans pouvoir venir en aide à son fils.
« J’ai réalisé ce qu’il se passait en entendant des cris là-haut. J’ai vu que mon fils était coincé entre le haut de la cabine et le dernier étage du centre commercial. Il ne bougeait plus. Il n’y avait plus de mouvement de sa part ».
Entre-temps, alors que plusieurs jeunes tentent d’escalader l’extérieur de la cabine, les pompiers arrivent. Ils la font descendre par une échelle puis la conduisent à part dans une pièce pour lui annoncer que son enfant est mort.
« L’impression de vivre un autre drame »
Un choc terrible pour Chahra-Zad et son mari, auquel s’ajoutent les procédures judiciaires, trop lentes. « Quand le drame s’est produit, d’entrée, le procureur a ouvert une enquête. Il a demandé que des expertises soient faites. Il y a eu beaucoup de manquements de la part de plusieurs sociétés. D’une part le constructeur ThyssenKrup, qui avait fait appel à un sous-traitant, Bagneux Hydraulique, pour réparer l’ascenseur en 2015, parce qu’il y avait déjà eu le même problème ». explique la mère de famille. Avant d’ajouter « D’autre part, il y a eu différentes sociétés qui ont eu en charge la maintenance de l’ascenseur, Otis et Schindler. Enfin il y a eu aussi l’entreprise Bureau Veritas, qui, selon les expertises n’a pas fait correctement les contrôles de l’ascenseur. Normalement, il ne devait pas chuter à plus de 40 cm, sauf que là, il a chuté à plus de deux mètres ».
Si les expertises sont vite ordonnées par le procureur, les avancées judiciaires sont beaucoup plus lentes. Un calvaire pour Chahra-Zad et son mari qui tentent de faire leur deuil. « Pendant plus de deux ans et demi, il n’y a pas eu de mises en examen. Et là il n’y a toujours pas de procès. On a été complètement abandonnés. On a l’impression de vivre un autre drame parce qu’on n’est pas pris en considération depuis six ans ».
Un projet de loi pour éviter de nouveaux accidents
Pour faire avancer son combat, la mère de famille a lancé une pétition pour réclamer justice. Mais elle ne s’arrête pas là. En juin 2023, pour accompagner les victimes et familles des victimes de ces accidents, Chahra-Zad a créé en juin 2023, l’association ADVA (Association de défense des victimes d’ascenseurs).
Depuis un an, elle travaille également avec le député (LFI) Paul Vannier sur une proposition de loi. « Le premier objectif c’est de protéger toutes les personnes victimes d’accident d’ascenseur, et le second objectif est de responsabiliser les propriétaires d’ascenseur ». Puis de préciser : « En France, le parc d’ascenseurs est vieillissant. Il faut que chacun puisse saisir son député pour que cette loi soit votée, afin de protéger un maximum de personnes. On ne doit pas mourir en prenant un ascenseur. On est censés être protégés. »