Des catholiques traditionalistes ont organisé ce lundi 7 octobre une prière de rue sur la passerelle Debilly, où Philippe Katerine avait chanté presque nu pendant la cérémonie d’ouverture. Leur démarche visait à “réparer le mélange de blasphème, de satanisme et d’idéologie LGBT”.
Une initiative qui fait polémique. Ce lundi 7 octobre, plusieurs centaines de catholiques traditionalistes se sont réunis sur la passerelle Debilly à Paris pour une prière de rue visant à “réparer le mélange de blasphème, de satanisme et d’idéologie LGBT” de la cérémonie d’ouverture des JO 2024. Selon les participants à ce rassemblement non autorisé par la préfecture, les pratiquants y ont demandé “l’aide de la Vierge Marie pour combattre les ennemis de l’Église”.
Le choix de la passerelle Debilly n’a pas été fait au hasard puisqu’il s’agissait du théâtre de la séquence pointée du doigt par les conservateurs et des représentants de l’Église catholique, qui y voyaient un détournement du tableau de La Cène de Léonard de Vinci, y déplorant la présence de drag-queens à la place des apôtres et de la DJ Barbara Butch à la place du Christ.
La Conférence des Évêques de France avait ainsi regretté la présence dans cette cérémonie d’ouverture de “scènes de dérision et de moquerie du christianisme”. Plusieurs politiques s’étaient également emparés de l’affaire, comme l’eurodéputée d’extrême droite Marion Maréchal, qui avait regretté un tableau ne représentant pas la France mais “une minorité de gauche prête à toutes les provocations.”
Point d’orgue de ce tableau, l’apparition d’un Philippe Katerine peint en bleu et quasiment nu avait également été jugée offensante. Selon le metteur en scène de la cérémonie Thomas Jolly, il s’agissait pourtant de la preuve que cette séquence n’était en rien une parodie de la Cène, puisque le chanteur y incarnait le dieu grec du vin et de l’ivresse Dionysos dans une reproduction du Festin des dieux, un sujet artistique traditionnel de la Renaissance.
Dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le sénateur communiste Ian Brossat a déploré l’organisation de cette prière de rue, dénonçant un rassemblement “illégal” et l’invitant à “mettre un terme à ces actes délictueux”, qui selon lui n’en sont pas à leur première occurrence.
“Le blasphème n’existe pas et les prières de rue sont interdites”, a martelé l’élu de Paris sur X.
Interrogé par CNN quelques jours après la cérémonie d’ouverture, Philippe Katerine avait demandé pardon aux chrétiens pour cette séquence polémique, s’appuyant astucieusement sur le dogme de l’Église. “J’ai été élevé dans la religion chrétienne, et ce qu’il y a de beau dans cette religion, c’est le pardon. Donc je demande pardon, et les chrétiens du monde me l’accorderont, j’en suis sûr”, avait-il affirmé.
Bien loin de renier sa prestation, le chanteur avait ainsi “piégé” les chrétiens, pour qui “le pardon est une exigence”, comme l’expliquait à 20 minutes le linguiste et chercheur au CNRS Patrick Charaudeau. “Il a utilisé le langage des catholiques eux-mêmes et il les a piégés dans la nécessité de connaître et de pratiquer le pardon. Le pardon et l’excuse sont deux choses très différentes”.
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