L’affaire de la disparition de Lina est loin d’être terminée. Le procureur de la République par intérim de Strasbourg l’a répété jeudi, « l’enquête se poursuit ». « Il n’est pas question d’abandonner, des moyens conséquents restent mobilisés », a insisté Alexandre Chevrier en soulignant la « ténacité et pugnacité » des gendarmes. Ils ont déjà identifié le principal suspect Samuel Gonin, mais de nombreuses zones d’ombre restent à éclaircir.
Les fouilles vont reprendre
Où ? Quand ? Comment ? Le procureur ne l’a logiquement pas révélé, mais « d’autres recherches sont planifiées ». Peut-être dans les Vosges et en Haute-Saône, proches des zones déjà inspectées, mais pas uniquement. Pour définir où fouiller, les enquêteurs s’appuient sur le « système multimédia embarqué » de la voiture du suspect. Pas le GPS puisque ce dernier l’avait coupé.
En clair, ils vont là où le véhicule a marqué des temps d’arrêts prolongés. Peut-être pour se débarrasser du cadavre de Lina ou, l’espoir n’est pas interdit, afin de déposer la jeune fille. « On n’a pas retrouvé son corps… En théorie, tout est encore possible. »
Pourquoi Samuel Gonin est-il passé par là ?
Une petite route presque perdue dans la vallée de la Bruche… Lina marchait au bord de cette départementale 350 lorsqu’elle est montée dans la fameuse Ford Puma du suspect, ce que des traces ADN ont depuis confirmé. Mais que faisait Samuel Gonin à cet endroit ? « Il n’a été trouvé aucune trace d’un contact ou lien avec Lina ou son entourage. Ni avec des membres du secteur ou d’un précédent passage », a déclaré Alexandre Chevrier jeudi.
Pour le moment, les enquêteurs ne trouvent aucune explication à sa présence. Si ce n’est que l’homme était « lancé dans une vie d’errance » et « voyageait beaucoup ». En France, en Allemagne… Il consommait aussi « de fortes quantités de cannabis, cocaïne, crack ». Une piste pour son passage par Plaine, la commune où résidait Lina ? « Possible mais non avéré », a répondu le procureur. « Ce n’est vraiment pas un axe de passage. Aucun élément de nous révèle qu’il connaissait cet endroit. »
Le passé trouble du principal suspect
« Indétectable », souffrant « trouble de la personnalité de type border line » dixit un psychiatre… Qui était vraiment Samuel Gonin ? Les enquêteurs n’ont, ne semble-t-il, pas encore creuser tout le passé du suspect numéro de la disparition de Lina. Le père de deux enfants, résidant à Besançon, était en « rupture » avec la société depuis l’été 2023, matérialisée notamment par ses addictions à différentes drogues.
Il avait « quitté sa famille, son travail » et s’était donc lancé dans un « road trip ». Sanglant ? Pour l’instant, rien ne permet de le dire, ne serait-ce que dans le cas de Lina. Des couteaux de cuisine ont certes été retrouvés dans son ancienne voiture (volée), « mais aucun ne présente des traces de sang ». L’individu, qui a exercé une multitude métiers dont « un dans l’enseignement technique », ne possédait pas un casier judiciaire fourni. En janvier 2024, il avait été reconnu coupable de conduite sous l’emprise de stupéfiant et de mise en danger de la vie d’autrui à Narbonne (Aude). Résultat ? Une suspension du permis de conduire, 1.500 euros d’amende et surtout une condamnation de quinze mois de prison avec sursis.
Cette peine aurait pu être mise en application fin juillet par le tribunal de Besançon. Samuel Gonin devait s’y expliquer pour deux vols avec violence commise en août 2023 dans la capitale du Doubs. Il s’est suicidé le 10 juillet, emportant avec lui une partie de ses secrets.