Deux ans presque après le meurtre de Lola, la question n’a pas encore été définitivement tranchée. Le discernement de Dahbia B. était-il aboli lorsqu’elle a sauvagement violé, torturé et tué cette collégienne de 12 ans, le 14 octobre 2022, dans le 19e arrondissement de la capitale ? Ses déclarations, au début de l’affaire, ont soulevé le doute : la principale suspecte évoquait tour à tour « un rêve », « une agression au couteau », et une bagarre avec « un fantôme ».
Le parquet de Paris a néanmoins décidé de suivre les conclusions des experts qui ont ensuite examiné cette jeune femme de 24 ans, et estimé Dahbia B. pénalement responsable des faits.
Comme l’a révélé RMC, il a requis, le 9 septembre dernier, son renvoi devant la cour d’assises pour viol sur mineur avec torture ou acte de barbarie, et meurtre d’un mineur de 15 ans accompagné de viol, torture ou actes de barbarie. Pour ces faits, Dahbia B encourt la réclusion criminelle à perpétuité. « Il appartient désormais au juge d’instruction de décider par ordonnance des qualifications qu’il retiendra et de l’éventuel renvoi devant la cour d’assises », indique le parquet à 20 Minutes.
Des déclarations qui posent question
Le vendredi 14 octobre 2022, Lola tarde à rentrer du collège. En cherchant sa fille, son père, gardien de la résidence, voit sur les images de vidéosurveillance la fillette entrer dans le hall vers 15h15 avec une femme qu’il ne connaît pas. Cette dernière ressort de l’immeuble vers 17 heures, tirant de lourds bagages dont une malle en plastique. Quelques heures plus tard, le corps de Lola est retrouvé sans vie dans cette caisse, dissimulé dans la cour intérieure de l’immeuble de la capitale où elle habitait.
Très vite, les enquêteurs de la brigade criminelle identifient et localisent la suspecte. Il s’agit de Dahbia B. une Algérienne née en 1998, sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français) depuis deux mois. La jeune femme est interpellée le samedi matin à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) et placée en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire. Bien que « fluctuantes », ses déclarations font froid dans le dos. Elle raconte avoir « imposé [à Lola] de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d’autres violences ayant entraîné la mort », avait relaté à l’époque dans un communiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Elle s’est ensuite rétractée, assurant avoir raconté aux policiers « un rêve et non la réalité ». Concernant le meurtre de Lola, Dahbia B. est restée flou. La suspecte s’est peut-être défendue « face à une agression au couteau », « s’être battue contre un fantôme », avait rapporté Laure Beccuau. Mais il est « impossible » qu’elle ait pu tuer un enfant.
Expertises psychiatriques
Ces propos farfelus et cet acte incompréhensible ont interrogé les juges d’instruction. Les magistrats ont demandé à deux collèges d’experts psychiatres de se pencher sur le cas de la jeune femme. Le premier a conclu, en novembre 2022, qu’au moment des faits, Dahbia B. ne souffrait « d’aucun trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement ». Il soulignait que « sur le plan social (et non sur le plan psychiatrique), sa dangerosité devait retenir toute l’attention ». Une deuxième expertise psychiatrique a conclu, en janvier 2024, à « l’existence de conduites manipulatoires relevant d’une personnalité pathologique ou d’une stratégie, et pas d’une pathologie psychiatrique majeure ».
Pour le parquet de Paris, pas de doute : Dahbia B. « avait bien l’intention de tuer Lola » lorsqu’elle l’a entraînée de force dans l’appartement de sa sœur. Son réquisitoire définitif, révélé par RMC, souligne que la victime a été l’objet d’un « déferlement de violences » physiques et sexuelles, dans « une logique évidente d’humiliation ». Un détail, retrouvé sur le corps de Lola, démontre de sa « volonté » de « nier toute humanité » à la préadolescente, écrit le parquet : « l’inscription de deux chiffres, 0 et 1, inscrits au vernis rouge sous la voûte plantaire de la fillette ».
Me Alexandre Silva, avocat de Dahbia B., n’a pas souhaité commenter l’information.