Un grave accident entre deux rafales de l’armée française s’est produit ce mercredi midi dans le ciel de Lorraine. 20 Minutes fait le point sur cet événement rarissime.
Ce qu’il s’est passé
Deux avions de chasse de l’Escadron de transformation Rafale de la base aérienne de Saint-Dizier (Haute-Marne) se sont percutés au-dessus d’une zone boisée, dans le secteur de Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle), à 35 km au sud-ouest de Nancy, en Lorraine. « L’accident a eu lieu vers 12h30 (…) au retour d’une mission de ravitaillement en Allemagne », a précisé sur X la communication de l’armée de l’Air.
Le pilote d’un des deux appareils s’est éjecté avant l’impact. Il est hors de danger. En revanche, l’instructeur et l’élève pilote qui se trouvaient dans le second appareil étaient toujours portés disparus depuis. L’armée a précisé à l’AFP que tous les pilotes concernés étaient de nationalité française. Des pilotes ukrainiens sont actuellement formés en France, mais sur la base de Cazaux (Gironde) et uniquement sur des chasseurs Alpha Jet.
Premiers témoignages sur les circonstances de la collision
Alors que la préfecture de Meurthe-et-Moselle a ouvert un numéro spécial (09.70.80.90.40) pour recueillir des témoignages, des premiers récits d’habitants sont déjà connus.
Karine Legendre, une mère de famille qui circulait en voiture, a raconté à l’AFP avoir « vu trois boules de feu tomber du ciel ». « Et après on a vu une immense fumée noire. Ça m’a fait peur, je me suis demandé ce que ça pouvait être ». « Il y avait des gens qui se promenaient dans les bois, les gens faisaient demi-tour, ils quittaient le bois, ils avaient l’air paniqués. J’en déduis que les avions sont tombés pas loin. J’ai moi-même fait demi-tour et j’ai vu les pompiers qui arrivaient », a-t-elle témoigné.
« J’étais en train de manger, un avion est passé au-dessus de moi, il se dirigeait vers le nord, il y a eu comme une explosion et il a pris feu », a expliqué Laëtitia, une habitante d’Autreville (Vosges). « Il est tombé sur le bois, il s’est écrasé, près de la route de Colombey-les-Belles. Je n’ai vu qu’un avion. Ça a fait un énorme nuage noir (…) C’était impressionnant », a-t-elle confié.
Comment s’organisent les recherches et secours ?
Tous les axes routiers entre Colombey-les-Belles, Autreville et Harmonville, deux communes des Vosges, sont bloqués par les gendarmes, ont constaté des journalistes de l’AFP, qui ont vu passer un véhicule de l’identification criminelle, des hélicoptères et des drones, dans une zone boisée et champêtre dominée par une ligne à haute tension, dont des câbles apparaissent coupés.
« On est vraiment sur un gros gros secteur », a déclaré le maire de Colombey-les-Belles, Benjamin Voinot, à propos du périmètre de recherches. Selon le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Meurthe-et-Moselle, 54 pompiers sont à pied d’œuvre. Quelque 200 gendarmes sont engagés dans les départements de Meurthe-et-Moselle, des Vosges et de la Meuse, ainsi qu’un hélicoptère et quatre drones, selon la gendarmerie.
Un accident rarissime ?
Les accidents impliquant des Rafale sont relativement rares. Le 7 décembre 2007, un Rafale non armé s’était écrasé près de Neuvic (Corrèze) après une chute en piqué de 4.000 mètres. Il s’agissait alors du premier accident d’un Rafale. L’enquête avait conclu à un phénomène de « désorientation spatiale » du pilote.
Et le 24 septembre 2009, un accident entre deux Rafale s’était produit alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre le porte-avions Charles-de-Gaulle, à l’issue d’un vol d’entraînement et d’un essai de catapultage à masse maximale. L’un des pilotes avait péri dans l’accident.
Concernant ce nouvel accident, l’armée a ouvert une enquête technique et administrative. Une autre, qui prendra plusieurs mois, sera confiée au Bureau enquête accident pour la sécurité de l’aéronautique d’Etat (BEA-E). Une investigation judiciaire devrait aussi être ouverte.