Un Stade de France en transe, un Antoine Dupont devenu héros national… Le titre olympique du rugby à 7 français, première médaille d’or pour le camp bleu en ces Jeux 2024, a marqué les esprits. Et dans les semaines à venir, nombreux sont ceux qui voudront imiter la bande à Dupont et s’essayer à la discipline. Problème: ce sport reste fortement dépendant du rugby à 15, et très peu de clubs proposent aujourd’hui des sections à 7. Mais les acteurs du rugby français comptent bien surfer sur la vague.
Jamais le rugby à 7 français n’avait été champion du monde, jamais il n’avait remporté l’or olympique, ni plusieurs étapes de Coupe du monde en quelques mois. C’est chose faite, en une seule saison, celle de la confirmation pour les hommes de Jérôme Daret, à la tête de cette équipe depuis 2017.
C’est peu dire que la première médaille d’or française dans ces JO 2024 a enthousiasmé le public. “Sur les huit sessions de matchs pendant les Jeux, on a eu 500.000 personnes au stade, et c’est un nouveau public”, constate Florian Grill, président de la FFR, qui veut capitaliser sur ce succès. “Ce titre olympique va ramener du monde, c’est une réalité. C’est un rugby intéressant, qui parait moins hermétique pour les moins initiés, rassurant pour les parents. Le fait de le proposer, c’est une ouverture, un développement sur lequel on a travaillé en amont, pour l’après-JO.”
Car à l’heure actuelle, la pratique du rugby à 15 est largement majoritaire en France. Certaines associations de 7 se créent, certains clubs montent des sections dédiées. Mais il est très compliqué pour un nouveau pratiquant de s’inscrire exclusivement sur de la pratique à 7.
Dès la saison prochaine, ce nouveau rugby séduisant va toutefois être mis en avant chez les jeunes partout en France, sous l’impulsion de la Fédération. “A la rentrée, tous les clubs de France auront un minimum de quatre dates de rencontres de rugby à 7 chez les -16 ans et -18 ans, dès le début de saison”, explique Grill. Ces catégories sont visées car elles sont les premières qui pratiquent le rugby à effectif complet et sur grand terrain. Chez les plus jeunes, on joue souvent à 5, 7 ou 10 en fonction de l’âge et sur terrain réduit.
Libre ensuite aux ligues régionales de rajouter des dates de compétition, là où la demande sera plus forte. “On est très adaptables”, enchaîne Florian Grill. “Il faut être souple, et puis les joueurs s’y retrouvent également, ils progressent. Ce n’est pas forcément adapté à tous les gabarits non plus, le XV est très intéressant dans sa diversité. Mais à 7, même certains enfants qui peuvent être en surpoids, même des deuxièmes lignes, des piliers, me disent qu’ils ne feraient pas ça toute l’année, mais qu’ils n’avaient jamais touché autant de ballon de leur vie, et ça les a fait progresser de manière considérable.” À côté de ça, c’est tout un écosystème qui doit être créé autour du rugby à 7, avec des entraîneurs, des arbitres, des compétitions régulières…
Côté rugby professionnel, un gros travail a déjà été accompli, avec notamment la création du circuit de SuperSevens en 2019-2020, désormais réparti sur quatre étapes dans la saison. Pour ça, les clubs du Top 14 ont dû accepter de participer à l’effort, en libérant leurs joueurs, certains uniquement pour ces étapes, d’autres pour l’équipe de France.
“Si on veut maîtriser le rugby à 7 et avoir une équipe de France, il faut que les clubs s’y mettent, c’était le constat de départ”, explique Lucien Simon, vice-président de la Ligue nationale de rugby en charge du rugby à 7. “La richesse du rugby français n’est pas à la Ligue ou à la Fédération, elle est dans les clubs, on a toujours marché comme ça.” Constat vérifié cette année, avec une équipe de France constituée en grande partie de joueurs appartenant à des clubs de Top 14 (Théo Forner à Perpignan, Andy Timo au Stade Français, ou Nelson Epée à Toulouse…).
Car c’est par la pratique professionnelle, et l’exemple, que le rugby à 7 peut se développer. Et la Ligue nationale de rugby compte renforcer cette pratique: “On a pris de l’avance, et c’est maintenant qu’il faut accélérer. On a plein d’idées, augmenter le nombre d’étapes du circuit à 7 en France, peut-être changer le casting, mais avant tout je suis un défenseur de la liberté des clubs”, glisse Lucien Simon.
Pour la première fois la saison prochaine, les équipes féminines seront également présentes sur les étapes du SuperSevens, avec la volonté de développer la pratique. Et avec l’ambition, à terme, de voir l’équipe de France femmes remporter à son tour une victoire sur le circuit mondial, autour de laquelle elle tourne depuis plusieurs années. Pour que le tube de l’été devienne, enfin, une chanson populaire.
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