Existe-t-il un lien entre le suicide d’un quadragénaire et la disparition d’une adolescente ? C’est la question à laquelle tentent de répondre, depuis quelques jours, les enquêteurs de la section de recherche de Strasbourg. Après un minutieux travail d’investigation, les gendarmes, qui tentent de retrouver Lina, 15 ans, depuis dix mois, ont enfin identifié, en juin dernier, un suspect. Un certain Samuel G., 43 ans, qui a été arrêté en début d’année, dans le Languedoc, au volant d’une voiture signalée volée.
Alors qu’ils naviguaient dans le brouillard, la nouvelle de cette interpellation est inespérée. Car ils recherchaient ce véhicule, repéré sur des images captées par une caméra de surveillance, circulant à proximité du lieu où la jeune fille s’est volatilisée. Et leur flair avait vu juste. Car dans l’habitable de la voiture qui a été placée à la fourrière, les experts de l’IRCGN (institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) ont mis en évidence des traces d’ADN appartenant à Lina.
Troubles dépressifs
Pour la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, il s’agit d’une « avancée majeure » dans ce dossier. Seul problème, et non des moindres : le suspect a été retrouvé sans vie à son domicile, un mois après la saisie de son véhicule. Avant qu’il ne soit identifié. L’enquête ouverte par le parquet de Besançon pour « recherche des causes de la mort », a conclu à un suicide par pendaison. Samuel G. est parti sans expliquer son geste. Mais désormais, les enquêteurs ne peuvent s’empêcher de penser que cet homme a enlevé et tué la jeune fille avant de se donner la mort.
En se penchant sur sa vie, ils découvrent un homme au profil intriguant. De prime abord, Samuel G. semble bien inséré socialement. Cet homme sans histoire, a travaillé comme commercial durant une dizaine d’années pour une entreprise spécialisée dans les poids lourds. Mais après s’être séparé de la mère de ses enfants, il présente des troubles dépressifs et passe un temps en hôpital psychiatrique. Il ne travaille plus.
Deux vols violents
Son parcours délinquant commence, semble-t-il, à cette période. Il est notamment connu des services de police et de justice pour refus d’obtempérer, conduite sous stupéfiants mais ne l’était pas pour des agressions sexuelles. Selon L’Est Républicain, il devait comparaître, le 22 juillet dernier, au tribunal de Besançon, pour deux affaires de vols violents. Il était suspecté d’avoir, le 25 août 2023, volé le sac à main d’une personne âgée pour lui voler son chéquier, de l’argent et un téléphone portable. Le même jour, il a braqué une supérette, armé d’un couteau.
Après avoir été entendu par les enquêteurs qui l’ont interpellé en juin dernier, il avait été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès. Sa mort laisse un certain nombre de questions en suspens : A-t-il enlevé Lina ? Et pourquoi ? L’a-t-il tué ? Si oui, qu’a-t-il fait de son corps ? Les enquêteurs ne peuvent compter que l’analyse des données de géolocalisation de la voiture volée qu’il conduisait lorsqu’il a été arrêté, et qui a aussi été aperçue par des témoins le jour de la disparition de l’adolescente.
Vaste opération
« Comme le mis en cause est décédé, la seule manière d’essayer de trouver des éléments, c’est de se concentrer sur les zones où il est passé avec ce véhicule, où il s’est arrêté », explique à 20 Minutes une source proche du dossier qui invite à « la patience et à la prudence ». Dix mois se sont écoulés, et si un corps a été caché ou déposé dans ce coin du massif des Vosges, « les ossements peuvent avoir été depuis dispersés par des animaux ».
Environ 80 gendarmes ont encore ratissé, ce mercredi, la forêt communale d’Anould, à une quarantaine de kilomètres au sud du lieu de disparition de l’adolescente. Sans succès pour l’instant.