Léon Marchand est entré dans l’histoire ce mercredi en devenant le premier nageur à remporter deux titres olympiques lors de la même soirée (200m papillon et 200m brasse). Communion avec le public, protocole à respecter (ou pas), récupération… Découvrez les coulisses de cette soirée légendaire.
Peu avant 20h, les quelques éclairs aperçus dans le ciel francilien semblaient ridicules face à l’ambiance électrique de la piscine olympique. Malgré un ciel orageux, qui ne pouvait tout compte fait que rajouter un caractère épique à la soirée qu’ils s’apprêtaient à vivre, les 15.000 spectateurs de Paris La Défense Arena n’attendaient qu’une chose: que la foudre Léon Marchand s’abatte sur le bassin.
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Ce mercredi, la nouvelle superstar du sport français s’était lancée l’incroyable défi de remporter deux médailles d’or olympique au cours de la même soirée, une prouesse que même Michael Phelps, recordman du nombre de titres aux JO (23), n’a jamais réussie au cours de sa carrière.
“Son coach (Bob Bowman, actuel entraîneur de Léon Marchand) lui avait interdit”, appuie Mathieu, venu de Poitiers pour supporter le Français. “On a pris nos places avant-hier en revente, ce n’était pas prévu dans notre programme! On s’est dit qu’il fallait absolument vivre ça. Et on a dû mettre le prix…”, sourit Xavier, son ami.
Pour les deux compères, l’investissement s’est vite avéré rentable. Peu avant 20h40, Léon Marchand s’élance pour la première de ses deux courses, le 200m papillon. Dans une ambiance indescriptible, un cran au-dessus, encore, de l’ambiance de stade de foot dans laquelle il a nagé dimanche dernier pour sa première médaille d’or sur le 400m 4 nages, le Toulousain subit d’abord la loi du Hongrois Kristóf Milák, champion olympique en titre de la discipline. Deuxième après 150m, Léon Marchand finit par croquer son adversaire au terme d’une dernière longueur époustouflante. La piscine olympique, transformée en véritable cocotte minute, peut exploser.
Cette seule course aurait suffi à rendre la soirée mémorable. Mais Léon Marchand veut qu’elle soit légendaire. À la sortie du bassin, le Français doit déjà se projeter sur la deuxième étape de son défi titanesque. Décontracté et avec une apparente sérénité, il prend le temps de saluer chaleureusement le public et prend la direction de la sortie de l’ère de compétition. Contrairement au protocole habituel, il ne s’arrête pas pour répondre aux questions des médias en zone mixte afin d’entamer son processus de récupération au plus vite. En passant devant les journalistes, il affiche un grand sourire et ne laisse transparaître aucune trace de fatigue. Il disparaît ensuite dans les entrailles de Paris La Défense Aréna, les yeux déjà rivés sur le 200m brasse.
Le chemin vers cette deuxième course passe par une mesure de son taux de lactate. Le staff médical de l’équipe de France lui prélève ainsi un peu de sang afin d’évaluer son niveau de fatigue et le temps de récupération nécessaire. Il enchaîne ensuite quelques longueurs dans un bassin d’entraînement, situé derrière la tribune de presse de la piscine olympique
Cette récupération est interrompue aux alentours de 21h30 pour la cérémonie de remise de médaille. Cette fois, Léon Marchand ne peut pas échapper au protocole. Il grimpe ainsi sur le podium et profite de sa première Marseillaise du soir, entonnée à plein poumons par toute la salle. Le sourire est franc et l’émotion palpable. Mais le prodige tricolore a un autre rendez-vous avec l’histoire un peu plus de 45 minutes plus tard.
Durant ce laps de temps, Léon Marchand continue de se consacrer à sa récupération, agrémentée de boissons et de petits gels sucrés pour se maintenir en forme. “Tout est timé et calé à la minute près, mais en laissant toujours la place aux impondérables parce qu’il peut toujours y avoir des choses qui perturbent le déroulé”, nous confiait Denis Auguin, entraîneur en chef de l’équipe de France, en juin dernier lors des championnats de France à Chartres. Le nageur français avait justement profité de ces championnats de France pour y tester le doublé 200m papillon-200m brasse en une soirée. Avec deux médailles d’or à la clé.
22h30. Léon Marchand se présente pour la deuxième fois de la soirée dans la chambre d’appel. Le regard est déterminé. Autour de lui, 15.000 personnes, dont Othmane, le porte-bonheur officiel de la délégation française, qui a vécu deux heures plus tôt sa 7e médaille d’or française (sur 7) de ce début de quinzaine. Tout le public ne veut qu’une chose: ajouter une nouvelle goutte de magie à cette soirée d’ivresse.
Ce sera chose faite un peu plus de deux minutes plus tard. Au terme d’un 200m brasse maîtrisé de bout en bout, Léon Marchand entre dans l’histoire en remportant son deuxième titre du soir. Cette fois, le champion fend l’armure et célèbre en frappant dans l’eau. Comme un point final à cette soirée de légende.
Après une deuxième Marseillaise, qui a une nouvelle fois fait trembler les murs de la piscine olympique, le désormais triple champion olympique entame un long tour d’honneur durant lequel il prend le temps de taper dans les mains de tous les supporters présents en bas des tribunes. Il tombe notamment dans les bras de son petit frère, Oscar.
Puis vient le temps de se présenter face aux micros. “C’est fou, c’est un truc de dingue”, confie Léon Marchand sur RMC. “Ce matin, je me disais déjà que j’allais adorer ma soirée, parce que j’étais en finale sur les deux courses. Et c’est ce que j’ai fait, j’ai adoré ma soirée. J’ai fait un super 200m papillon, l’ambiance était folle. J’ai fait une course assez incroyable, avec une vraie rivalité, donc c’était assez énorme pour moi. Après, j’arrive vraiment bien à récupérer, je fais le podium, j’arrive à bien me contrôler émotionnellement. Et je fais un 200m brasse super aussi. Je ne sais pas quoi dire.” Il n’y a de toute façon pas grand-chose à ajouter après une soirée définitivement entrée dans la légende du sport français.
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