C’est une miraculée : après avoir été touchée à la tête par une balle à laquelle elle ne s’attendait pas, l’épouse de Philippe Gonçalves ne s’en est finalement sortie qu’avec un os fracturé et un creux dans le crâne. Mais si physiquement, elle s’en est remise, subsiste toujours un doute dans son esprit : son mari avait-il vraiment projeté de mettre fin à ses jours en la conviant à ce pique-nique romantique ?
Pas de témoin oculaire, pas d’arme du crime mais des détails troublants
Les faits remontent au 4 juin 2017, lorsque Philippe Gonçalves, chef d’entreprise trentenaire décide d’inviter son épouse avec laquelle il est marié depuis 13 ans, à un pique-nique romantique dans le parc du château de Champs-sur-Marne. L’homme cherche à reconquérir sa femme, après avoir papillonné ici et là, et espère y parvenir. En tout cas, c’est sa version des faits. Car la justice en a une tout à fait différente. Au cours du repas, il offre un parfum à son épouse, ravie et lui demande de se retourner pour une deuxième surprise.
La surprise, c’est une balle qui frappe la jeune femme à la tête, tandis que Philippe Gonçalves est lui touché à l’épaule. Il crie qu’on leur tire dessus, se disant victime tout autant que sa femme. Mais un an après les faits il est mis en examen pour tentative d’assassinat. Les éléments contre lui semblent certes minces, comme l’a souligné l’un de ses avocats, Maître Archibald Ceyleron à nos confrères de l’Alsace. « Il n’y a pas de témoin oculaire, pas d’arme du crime, pas de sac à dos. .. Il est effrayé par la perspective d’être condamné par une cour d’assises, des jurés, qui auront eu à composer avec des éléments bancals, incomplets, troublants ». Pourtant, l’accusation n’est pas du tout de cet avis : « Si c’est la cible, pourquoi a-t-il été visé à l’épaule s’est interrogée Marie-Aude Chaminade, l’avocate générale « Il n’est pas la victime qu’il prétend être mais l’auteur du tir contre son épouse » qui selon elle, a fait appel à un complice « caché dans les bois » pour faire croire à l’agression. L’accusé quant à lui a toujours clamé son innocence.
Un mobile religieux ?
Pour le Ministère Public, il y a un mobile « religieux » à cette tentative d’assassinat : comme le relèvent nos confrères de l’Alsace, « dans la communauté rigoriste des Témoins de Jéhovah, un mouvement religieux régulièrement accusé de dérives sectaires et auquel ils appartiennent dévotement depuis plus d’une décennie, le divorce est condamné et fait peser un risque d’excommunication en cas de remariage… contrairement au veuvage. » Et comme Philippe Gonçalves a une sérieuse tendance au papillonnage, le lien semble tout établi.
Selon Marie-Aude Chaminade, ces faits constituent un « projet préparé pendant des semaines », avec « grande méticulosité et sang-froid », mais a manqué ses effets par miracle. Lundi 19 juin, Philippe Gonçalves a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Seine-et-Marne. Le second accusé, Sami M, accusé d’être le tireur et dont le témoignage a été déterminant pour l’accusation, a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans et demi de sursis, pour violences volontaires avec arme.