Karine Esquivillon-Pialle s’était volatilisée le 27 mars dernier. Son mari, Michel Pialle, ne cessait de répéter que cette mère de famille avait quitté volontairement leur domicile de Maché, en Vendée. Le 4 juin, il partageait sur Facebook des photos de dessins de leurs enfants, implorant son épouse de donner « des nouvelles ». « Les enfants te souhaitent une bonne Fête des mères, ils t’aiment et tu leur manques beaucoup ! », écrivait-il.Mais les gendarmes, chargés des investigations, ont très vite douté de la version avancée par ce brocanteur en ligne de 51 ans, qui exprimait dans la presse son « inquiétude ». Les enquêteurs l’ont placé en garde à vue mercredi matin et ont perquisitionné la maison, située dans un petit hameau. Deux véhicules appartenant au couple ont notamment été saisis et transportés sur un camion. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’homme est finalement passé aux aveux, confirme la procureure de la République de La Roche-sur-Yon, Emmanuelle Lepissier : Il a reconnu avoir tué Karine et tenté de faire disparaître son corps.Les gendarmes de la section de recherches de Nantes se sont rendus dans un bois, à quelques kilomètres Maché. A l’endroit indiqué par le suspect, ils ont retrouvé le cadavre de cette femme de 54 ans. Une autopsie sera pratiquée samedi à l’IML de Nantes. A l’issue de sa garde à vue, Michel Pialle a été transféré au palais de justice de La-Roche-sur-Yon où il a été présenté à deux juges d’instruction. Il a été mis en examen pour « meurtre sur conjoint » et placé en détention provisoire. « Il a décidé de s’expliquer, il a donné sa version consistant à expliquer que c’est un accident », a indiqué à la presse son avocat, Me Antoine Ory. Son client, poursuit-il, « est épuisé psychologiquement, c’était une garde à vue très éprouvante sur le plan psychologique. Il est épuisé physiquement également, mais il est soulagé d’avoir pu donner sa version des faits et d’avoir pu livrer ce qu’il avait sur la conscience ».Un tir « parti accidentellement »Après avoir fait croire à la disparition de la mère de famille durant deux mois et demi, son mari a reconnu en fin de garde à vue avoir tué son épouse accidentellement en manipulant une carabine 22 Long Rifle équipée d’un silencieux. « Il a indiqué qu’il n’avait pas vu que la carabine, qu’il prenait en photo en vue de sa mise en vente sur Internet, était chargée et que le coup de fusil était parti accidentellement », a fait savoir Emmanuelle Lepissier dans un communiqué diffusé ce vendredi. Blessée au flanc gauche, Karine Esquivillon serait « décédée très rapidement ». Le suspect aurait alors « pris peur » et aurait décidé d’aller « déposer le corps de son épouse dans un terrain privé à proximité de la commune de Challans ». Il aurait « jeté l’arme dans le lac de Maché où elle n’a pas été retrouvée à ce stade des investigations », précise la magistrate.Pour dissimuler son crime, Michel Pialle s’était muré dans le mensonge. Il s’était rendu, le 3 avril 2023, à la brigade de gendarmerie de Challans pour déposer une main courante et signaler le départ de son épouse du domicile conjugal. « Il précisait qu’elle avait emporté sa carte bancaire, une somme de 14.000 euros en espèces, des pièces d’or pour une valeur de 30.000 euros et un sac d’effets personnels », ajoute la procureure de La Roche-sur-Yon. Mais Karine Esquivillon est majeure et en l’absence de vives inquiétudes, le dossier n’est pas jugé prioritaire.Une découverte qui relance l’affaireL’affaire prend une nouvelle tournure après la découverte, le 9 avril, du téléphone de la quinquagénaire par le maire de Maché, Frédéric Rager. « Un pur hasard », a raconté l’édile à 20 Minutes. « Il était sur le bas-côté, le long d’une route très empruntée par des voitures mais peu accessible pour les piétons. Ce n’est pas du tout un endroit où on se promène. Nous, on cherchait à rejoindre un chemin. » La carte SIM a été retirée de l’appareil qui, étonnamment, est en très bon état. Sa batterie n’est d’ailleurs pas entièrement déchargée. Dans la housse, Frédéric Rager trouve une petite photo d’identité. Il reconnaît tout de suite la jeune fille sur le cliché. Il s’agit de la fille aînée du couple. Le maire contacte alors Michel Pialle. Ce dernier lui confie alors que son épouse « est partie depuis quinze jours », « qu’elle a juste quitté le domicile et qu’il a signalé ce fait à la gendarmerie du coin ». Frédéric Rager dépose l’appareil dans leur boîte aux lettres, et passe signaler sa trouvaille aux gendarmes.La thèse d’une disparition volontaire, qui est loin de faire l’unanimité dans l’entourage de Karine Esquivillon, prend un peu plus de plomb dans l’aile. Une enquête est ouverte par le parquet des Sables d’Olonne le 10 avril pour disparition inquiétante. Le lendemain, les gendarmes perquisitionnent le domicile de Michel Pialle. Ils saisissent plusieurs armes de poing et d’épaule, ainsi que la voiture utilisée par Karine Esquivillon. Le 17 avril, le parquet des Sables d’Olonne se dessaisit au profit du parquet de La Roche sur Yon qui ouvre une information judiciaire contre X du chef d’enlèvement et séquestration volontaire. Dans le même temps, un appel à témoins est diffusé le 9 mai 2023 et d’importants moyens sont déployés pour tenter de retrouver la mère de famille.Des SMS intrigantsDans l’ombre, les enquêteurs vont prendre le temps de réunir les preuves accablant le mari de la victime. Comme l’a révélé le Parisien, l’exploitation du téléphone portable retrouvé par le maire de Maché va leur permettre d’apprendre que le téléphone n’a jamais quitté la commune entre le 27 mars et le 9 avril. Les gendarmes découvrent également qu’il a été allumé plusieurs fois durant ce laps de temps. Et à chaque fois, le téléphone de Michel Pialle n’était pas loin. Il serait donc, en réalité, l’auteur des messages envoyés aux proches de cette brune menue aux cheveux frisés. Le suspect avait notamment affirmé à 20 Minutes avoir reçu ce SMS, quelques heures après la disparition de son épouse, dont il était séparé mais pas divorcé : “Marre de vivre à deux mais pas en couple, je décide de partir”. Le 31 mars, l’un de ses filles recevait un message de sa mère, l’avertissant d’un départ à l’étranger avec un ami.Faits diversDisparition de Karine Esquivillon : Deux mois de mystère et toujours aucun signe de vieFaits diversMeurtre de Karine Esquivillon : Son mari mis en examen après ses aveux