Geeks par la force des choses, les délinquants utilisent depuis un bail les drones pour leurs activités criminelles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on entend parler de livraisons de stupéfiants par ce biais, avec plus ou moins de réussite. Et justement, la réussite, cette bande organisée de criminels nordistes l’avait, du moins jusqu’à ce que les policiers de direction zonale de la police judiciaire (DZPJ) leur tombent dessus, fin mai.Depuis trois ans, force a été de constater que la quantité d’objets illicites saisis dans les deux établissements pénitentiaires du ressort du parquet de Lille, Sequedin et Annœullin, a largement augmenté. Rien que pour le stup, en 2022, on parle de 14 kg de cannabis à Annœullin et 25 kg à Sequedin. Paradoxalement, le travail des services de police a permis de faire chuter drastiquement le nombre de projections, de l’ordre de -50 % pour ces deux prisons.Une affaire de drone peut en cacher bien d’autresCela s’explique, en partie, par les nouveaux moyens déployés, comme les drones, afin de contrer la lutte anti projections et les fouilles parloirs. Le parquet de Lille rappelle une affaire remontant au mois de juin 2022, lorsqu’un homme a été interpellé alors qu’il tentait de livrer un colis à l’aide d’un petit drone civil dans l’enceinte de la prison d’Annœullin. En garde à vue, l’homme avait reconnu « avoir participé à plusieurs reprises à ce type de livraisons, soit au moyen d’un drone lors des derniers jours, soit par jets de projectiles durant les derniers mois », explique la procureure, Carole Etienne. Et il ne faisait pas cela simplement pour dépanner un ami en détention, puisqu’il a aussi reconnu « être impliqué dans un trafic de produits stupéfiants en tant que vendeur ». Dans ce cas, le mis en cause a été jugé et condamné à vingt mois de prison ferme.Les enquêteurs de la DZPJ n’en sont pas restés là. Leurs investigations sur ce type de procédé leur ont permis de lever d’autres lièvres. « Deux équipes s’adonnant à la livraison de divers produits (dont produits stupéfiants) à des détenus du centre pénitentiaire d’Annœullin en utilisant un drone », déclare la procureure de Lille à 20 Minutes. Là encore, il ne s’agit pas de personnes isolées, mais plutôt « d’organisations structurées nécessitant des moyens financiers non négligeables », poursuit la magistrate. Et, rémunérés par ces organisations, soit des « projeteurs », soit des pilotes de drones. « La tête de réseau » placée en détention provisoireSelon la DDSP du Nord, ces deux équipes, « spécialisées dans la livraison de stupéfiants par drone », sont aujourd’hui « démantelées ». Le parquet de Lille confirme en effet que « cinq personnes ont d’ores et déjà pu être interpellées », soupçonnées d’avoir participé à « plusieurs dizaines de faits […] entre le 1er décembre 2022 et le 23 mai 2023 ». Dans la foulée, une information judiciaire a été ouverte pour « détention, transport de stupéfiants, remise illicite à détenu, survol interdit de drone et engagement par télépilote de drone au-dessus d’une zone interdite », précise à 20 Minutes la procureure. Sur les cinq suspects, quatre ont été placées sous contrôle judiciaire. Le dernier individu, « la tête de réseau » selon la DDSP, a été placé en détention provisoire.SociétéNice : Après une nouvelle fusillade dans un quartier en proie aux trafics, le préfet annonce le recours à des dronesJusticeDans le ciel des prisons en 2022, pas moins de 68 drones dont 29 pour des livraisons illicites