Que ce soit comme réserviste, policier adjoint ou gardien de la paix, la cinquantaine d’athlètes actuellement dans le dispositif perçoivent entre 1 400 et 2 200 euros nets. Ce traitement mensuel leur permet de s’entraîner plus sereinement. En contrepartie, ils doivent représenter vingt-cinq jours par an l’institution, soit vis-à-vis du grand public, soit en interne. Chef de la Mission sport, la commissaire générale Rachel Costard décrypte pour le JDD cette jeune structure.
Rachel Costard. Les Jeux de Paris ont permis de porter les ambitions de la police nationale, non seulement sur l’aspect sécuritaire mais aussi sportif. Ils ont été le prétexte pour lancer notre équipe de haut niveau. L’objectif était qu’elle perdure. Aujourd’hui, avec six nouvelles recrues dans les disciplines hivernales, que nous accueillerons mi-mai, et l’accompagnement de ceux qui sont déjà dans notre dispositif, nous préparons les Jeux de Milan-Cortina en 2026 et nous nous projetons vers les Alpes 2030.
Nos athlètes des sports d’été s’entraînent, eux, pour Los Angeles 2028. Et il y a les échéances annuelles, comme les championnats du monde, qui sont particulièrement importantes pour les disciplines non olympiques de notre dispositif. C’est le cas de la moto, du roller ou encore du karaté.
Mais peu ou pas de noms connus…
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Sur les 25 policiers engagés sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, nous avons quand même eu dix médaillés, dont l’or décroché par Kauli Vaast en surf et par Thomas Peyroton-Dartet, lui-même fils de policier, en paracyclisme. Camille Jedrzejewski, médaillée d’argent au pistolet à 25 mètres, a intégré le dispositif après avoir échangé avec Franck Dumoulin, policier et champion olympique de tir en 2000 à Sidney. Nous avons eu aussi les sabreurs Maxime Pianfetti et Sébastien Patrice qui ont conquis le bronze par équipe. Dans d’autres disciplines, Marine Lefeuvre a été sacrée en septembre dernier championne du monde de roller. L’année précédente, Mehdi Filali avait décroché le titre mondial en karaté. Et je ne parle même pas de Gabriel Tual, finaliste aux Jeux sur 800 mètres ou de Makenson Gletty, la relève en décathlon.
La notoriété du dispositif est-elle grandissante ?
De plus en plus. Il y a aussi le bouche à oreille. Notre richesse et notre force, c’est de regrouper régulièrement nos sportifs, dans des disciplines très variées, pour qu’ils se transmettent leurs expériences. C’est aussi intéressant d’avoir des échanges entre ceux qui sont policiers et les contractuels. Notre dernier stage commun s’est tenu à Boulouris [dans le Var, en novembre, NDLR]. Le prochain aura sans doute lieu dans les Alpes. C’est rare pour un sportif d’été de discuter avec un sportif d’hiver, et vice versa.
Dans les disciplines hivernales, vous tenez peut-être une future championne olympique…
Oui, la biathlète Jeanne Richard vient de terminer sixième du classement général de la coupe du monde à tout juste 23 ans. Sur toutes nos disciplines hivernales, qui sont en augmentation, nous disposons potentiellement de Top 10 mondiaux.
Certaines recrues sont-elles rebutées par le fait de représenter la police nationale ?
Je me suis posée cette question au départ. Le recrutement se passe ainsi : l’Agence nationale du sport indique à toutes les fédérations l’ouverture d’une phase de recrutement. Ces dernières nous envoient alors des dossiers de candidature de sportifs. Quand nous faisons passer l’oral aux candidats, nous leur demandons s’ils ont conscience de leur futur rôle d’ambassadeur de la police nationale.
Ces jeunes sont extrêmement fiers de représenter une institution régalienne. Ils ont quand même beaucoup de valeurs communes avec ce que transmet la police nationale : la discipline, la rigueur, le dépassement de soi, le collectif… Ils sont géniaux de ce point de vue-là, parce qu’ils représentent toute une jeunesse qu’on ne voit pas forcément s’exprimer publiquement sur ces sujets.
Les militaires disposent d’un dispositif similaire. Créée en 2014, l’« Armée de champions » a un intitulé plus clinquant, non ?
Nous, c’est « Équipe police nationale », avec un grand é. Nous avons un logo, une marinière officielle tricolore, un compte Instagram dédié. Ce n’est peut-être pas aussi frappant qu’« Armée de champions ». Mais nous ne sommes pas dans la concurrence avec nos amis militaires. Nous avons la chance, dans la police, de pouvoir proposer aux athlètes en reconversion une extraordinaire diversité de métiers.
Vos athlètes ont-ils vocation à rester policiers ?
Certains l’étaient déjà avant. Par exemple, Anaïs Bourgoin [spécialiste du demi-fond] est gardienne de la paix à Paris. Nous avons pu lui faire bénéficier du dispositif juste avant les Jeux de 2024. Elle est désormais à 100 % dans sa préparation pour Los Angeles. D’autres l’envisagent. Maxime Pianfetti, un de nos médaillés de bronze en sabre olympique, vient ainsi de suivre un stage d’immersion au sein de la police scientifique à Saint-Denis [dans le 93].
Séphora Corcher, championne de sambo [un art martial créé en ex-URSS], est élève officier à l’École nationale supérieure de la police. Amine Feddal, champion du monde de boxe française, va intégrer en septembre un prestigieux service spécialisé. Dès lors que nous sentons chez certains une vraie appétence et une vraie curiosité, nous les accompagnons. C’est important pour nous. Nous avons besoin de ces profils.
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