
« Dans l’histoire du PS, jamais une direction sortante n’a été blackboulée. Et ce n’est pas cette année que ça va changer ! » À moins de deux mois du 81e congrès du Parti socialiste, l’entourage du Premier secrétaire Olivier Faure se veut confiant. Installé depuis sept ans à la tête du parti, le député de Seine-et-Marne a bon espoir d’être reconduit dans ses fonctions. Comme lors du dernier congrès, en 2023 à Marseille, il se retrouve en concurrence avec le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Mais cette fois-ci, les choses sont un peu différentes.
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Un duel final prévu le 5 juin
Autrefois divisés, les anti-Faure avancent aujourd’hui groupés autour de l’élu normand. À ses côtés, la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, et le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, les députés Philippe Brun et Jérôme Guedj, ou encore la puissante patronne de la Région Occitanie, Carole Delga. « Ne manquait plus que Vallaud pour plier le match », regrette un soutien du maire de Rouen. Las, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, soutien d’Olivier Faure en 2023, préfère se présenter sous ses propres couleurs au congrès. Jusqu’au bout, le camp Mayer-Rossignol a tenté de le convaincre de rallier la coalition, mais ses préventions à l’égard d’Hélène Geoffroy, jugée trop à droite, l’en ont dissuadé.
Le Premier secrétaire du PS, lui aussi, a fait les yeux doux au député des Landes, sans succès. Samedi, Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud ont donc chacun déposé leur texte d’orientation [texte programmatique en vue de définir la ligne du parti en novlangue socialiste, NDLR] lors d’un conseil national dit « de synthèse ».
Le PS d’Olivier Faure persiste à approfondir sa relation avec LFI
Prochaine étape : le vote sur les textes d’orientation, le 27 mai. Les représentants des deux motions arrivées en tête s’affronteront ensuite le 5 juin pour la place de Premier secrétaire. Selon toute vraisemblance, et au vu des rapports de force dans le parti, le duel final opposera Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, comme en 2023. « Depuis sa première élection au congrès d’Aubervilliers en 2018, l’autorité d’Olivier ne cesse de décroître. Cette année, on le met en minorité ! » s’avance un député, par trop confiant. Le maire PS d’Alfortville, Luc Carvounas, connaît la chanson : « À Marseille, on nous promettait la défaite d’Olivier Faure. Résultat, il est toujours là. »
En deux ans, la donne a toutefois changé. Malgré la dérive de La France insoumise après le 7 octobre, le PS de Faure persiste à approfondir sa relation avec l’extrême gauche, notamment au moment des dernières législatives pour sauver des positions électorales. Après le rejet de la candidature de Lucie Castets pour Matignon lors de l’été 2024, la direction du parti refuse de soutenir l’option Bernard Cazeneuve, considéré comme un « social-traître ». En décembre dernier, c’est encore le PS version Faure qui vote la censure du gouvernement Barnier, main dans la main avec le RN. Une liste de doléances parfaitement injustes, selon Luc Carvounas, qui rappelle que l’ensemble de ces orientations a été approuvé par le Conseil national du PS. Pour lui, il ne fait guère de doute qu’Olivier Faure sera réélu pour la quatrième fois à la tête du parti, en juin, à Nancy.
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En réalité, ce scénario relève plutôt du vœu pieux. Les proches de Faure misent sur un ralliement de Boris Vallaud après le vote des textes d’orientation : « Sa ligne est à peu de chose près un calque de celle d’Olivier, personne ne comprendrait qu’il ne revienne pas à la maison après le 27 mai », souffle un soutien du Premier secrétaire. Comme Olivier Faure, en effet, le troisième homme du congrès plaide pour une primaire ouverte de François Ruffin à Raphaël Glucksmann.
Choix existentiel
Dans le camp d’en face aussi, les yeux se tournent vers le député des Landes. « Boris tient entre ses mains l’issue du congrès. S’il ne donne aucune consigne de vote, hypothèse la plus probable, c’est bon pour nous ! » barrit un éléphant. À deux ans de la présidentielle, le PS se retrouve devant un choix existentiel : repartir pour un tour de Faure au risque de renouer avec les Insoumis chaque fois que des petits intérêts électoraux le commanderont ou couper une bonne fois pour toutes le cordon.
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