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Aurore Bergé, ministre de la Lutte contre les discriminations : «On ne débat pas de l’antisémitisme, on le combat»



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26 Avr 2025
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Aurore Bergé, ministre de la Lutte contre les discriminations : «On ne débat pas de l’antisémitisme, on le combat»
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Le JDD. Quels sont aujourd’hui en France les principaux vecteurs de l’antisémitisme ?

Aurore Bergé. Ils sont multiples. D’un point de vue politique, il y a une prévalence d’un antisémitisme d’extrême droite et une explosion d’un antisémitisme d’extrême gauche. J’ai dénoncé, et je le maintiens, la responsabilité historique de La France insoumise dans le ré-enracinement de l’antisémitisme. Il ne s’agit pas de dérapages, mais d’une stratégie électorale. On observe aussi un retour de préjugés antisémites au cœur des plus jeunes générations. Par ailleurs, l’antisémitisme est également étroitement lié à la montée de l’idéologie islamiste. C’est une réalité qu’il faut regarder en face. À cela, s’ajoute le complotisme qui offre une caisse de résonance à l’antisémitisme, amplifiée par les réseaux sociaux.

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Quelles mesures retiennent votre attention dans le rapport issu des Assises de lutte contre l’antisémitisme ?

J’avais deux priorités : l’éducation et la justice. Deux groupes de travail ont été chargés de formuler des propositions en totale indépendance. Sur le volet pénal, je retiens la création d’un nouveau délit relatif à la provocation, à la destruction ou à la négation d’un État internationalement reconnu. L’antisionisme est devenu le cheval de Troie d’un antisémitisme décomplexé, la haine d’Israël s’exprime librement, sans complexe et place des cibles dans le dos des Français juifs. Je suis aussi favorable à l’idée de diffuser, avec une circulaire pénale de politique générale, la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette définition permettrait sans doute de mieux caractériser l’antisémitisme. Enfin, je crois nécessaire de réviser la loi de 1881 pour sortir les cinq infractions à caractère raciste et antisémite du droit de la presse pour les intégrer dans le droit commun.

Qu’est-ce que cette dernière recommandation changerait concrètement Notre arsenal répressif n’est-il pas suffisant ?

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Aujourd’hui, il est complètement anachronique de traiter les propos antisémites et racistes comme des opinions. Les auteurs d’actes antisémites sont des délinquants de droit commun. On ne débat pas de l’antisémitisme, on le combat. Il est temps de clarifier.

Quelles recommandations retenez-vous sur le plan éducatif ?

D’abord, une meilleure protection de nos enseignants. On l’a encore vu récemment avec les attaques contre Fabrice Balanche [du nom de ce professeur spécialiste du Moyen-Orient intimidé par des militants propalestiniens à Lyon 2, NDLR]. Je lui apporte tout mon soutien, sans réserve. La place de l’État est d’être aux côtés des enseignants courageux qui transmettent et non des individus encagoulés qui menacent. Dans notre pays, des enseignants ont été ciblés, assassinés. On ne doit rien laisser passer. L’administration doit être habilitée à déposer plainte en lieu et place de l’agent victime d’une atteinte à caractère raciste ou antisémite. L’octroi de la protection fonctionnelle doit être obligatoire dans de tels cas. Cela passe aussi par la question de la formation des enseignants, avec des sujets spécifiques à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme dans les épreuves de concours.

Depuis le 7 octobre, l’antisémitisme infuse le débat public. Les propos de Jean-Luc Mélenchon évoquant les milliardaires – « Ils vous couperaient les cheveux en quatre pour en faire des édredons » – devraient-ils être poursuivis ?

Jean-Luc Mélenchon connaît trop bien le sens des mots. Comme de nombreux historiens, je n’ai pas de doute : ses propos sont une référence directe à la Shoah. Mais d’un point de vue juridique, c’est moins évident. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une clarification. Quand on fait du droit, on fait aussi de la politique. Et quand on fait de la politique, on se donne les moyens de changer le droit.

Le rapport préconise la création d’un Institut de formation et de recherche sur le racisme et l’antisémitisme avec des postes dédiés ? Au vu de notre situation budgétaire, est-ce vraiment utile ?

Je ne peux pas considérer qu’il y aurait des générations perdues. On ne peut pas se contenter de constats. Il faut agir à la racine, sensibiliser ceux qui transmettent les savoirs. La sanction sans l’éducation n’a pas de sens. L’idée, ce n’est pas de se donner bonne conscience, c’est de nommer des gens compétents, formés, référents, qui seront soutenus par l’État et qui, du coup, agiront. Aujourd’hui, nous sommes face à un choix existentiel : se soumettre ou combattre. Je suis de ceux qui combattent. Il est minuit moins le quart : réveillons-nous !

« La haine d’Israël est une nouvelle forme d’antisémitisme décomplexée »

D’aucuns déplorent la chute du niveau scolaire français, certains élèves ne connaissent pas la date de la prise de la Bastille. Considérez-vous que l’intégration dans les programmes scolaires de l’« histoire des mondes juifs, du Moyen-Orient et l’histoire des mouvements d’émancipation nationale au Moyen-Orient », comme le préconise le rapport, est une priorité ?

Je ne la considère pas comme prioritaire. Elle serait de toute façon soumise à un conseil dédié à l’élaboration des programmes. En revanche, je souhaite qu’on garantisse que les enseignements historiques arrivent plus tôt dans la scolarité. Aujourd’hui, 6 % des moins de 35 ans pensent que la Shoah est une invention des juifs. Ce qui correspond à un ou deux élèves par classe. Les faits historiques et incontestables doivent être enseignés et le moindre dérapage d’un élève en cours doit être signalé. Le « pas de vagues », c’est fini. Je préfère qu’il y ait des vagues, elles font bouger les lignes.

Une récente proposition de loi évoquée dans ce rapport propose la création d’un nouveau délit relatif à la provocation, à la destruction ou à la négation d’un État internationalement reconnu. Peut-on raisonnablement tracer un signe égal entre l’appel à l’anéantissement d’un État et le refus de sa reconnaissance ?

Il y a un seul État au monde soumis à ce genre d’appel à la destruction, c’est Israël. C’est encore et toujours Israël. Quand les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan, je n’entends personne appeler à la destruction de l’État afghan. Ces appels se confondent évidemment avec la question de l’antisémitisme. Cela n’a rien à voir avec la critique libre d’un gouvernement. Quand une enfant de 12 ans a été prise pour cible et violée il y a quelques mois, qu’ont dit ses bourreaux ? Ils l’ont traitée de « sioniste ». Ne soyons pas dupes. La haine d’Israël est une nouvelle forme d’antisémitisme décomplexée.

Emmanuel Macron a fait de « l’égalité entre les femmes et les hommes » la grande cause nationale de son premier quinquennat. De nombreuses voix pointent des avancées limitées…

Nos avancées sont claires depuis huit ans, mais la société tout entière doit s’emparer du sujet. Les violences conjugales ne sont pas et ne seront jamais une affaire privée mais bien l’affaire de toute la société. Nous avons augmenté les moyens, nous avons changé la loi, créé les ordonnances de protection, permis que le 3919 soit accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, systématisé les téléphones « grave danger », créé l’aide universelle d’urgence dont plus de 42 000 femmes ont bénéficié en un an. Nous devons continuer. Il y a encore quelques jours, je faisais adopter à l’unanimité, au Sénat, la loi que j’avais déposée sur la question du contrôle coercitif. Je réunirai également mardi l’ensemble des groupes parlementaires pour travailler à l’élaboration d’une loi-cadre.

« Je crois au scrutin majoritaire et à la légitimité qu’il confère »

La ministre Amélie de Montchalin souhaite mettre les retraités à contribution pour redresser les comptes publics. Y êtes-vous favorable ?

J’avais proposé un amendement en ce sens sur le budget à l’automne dernier. Cet abattement coûte plus de 4 milliards d’euros d’argent public chaque année aux Français. À un moment où l’argent public est rare, il faut se réinterroger sur l’ensemble des abattements fiscaux. Mettre encore davantage les actifs à contribution serait une erreur. Les efforts sont nécessaires et ils doivent être partagés.

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François Bayrou démarre lundi une consultation sur la proportionnelle. Quel est votre avis sur la question ?

Le Premier ministre a toujours défendu cette conviction personnelle. Je suis favorable à ce qu’on travaille sur la question de la proportionnelle, si nous gardons l’idée que cela doit être une dose de proportionnelle et non une proportionnelle intégrale. Je crois au scrutin majoritaire et à la légitimité qu’il confère. Elle est fondamentale.

Quelle est votre position sur les textes traitant de la fin de vie ?

Trop de Français meurent « mal » dans notre pays parce qu’ils n’ont pas toujours accès à des soins palliatifs, ne connaissent pas suffisamment leurs droits ou sont seuls. J’attends de voir les débats. Ce sujet renvoie à des questions extrêmement intimes, à des histoires individuelles toujours très douloureuses. Mes réserves sur le sujet sont connues, personne ne doit jamais se sentir de trop dans notre société.

Un an et demi après les attaques du 7 octobre, l’antisémitisme atteint en France un niveau inédit depuis 1945. Les résultats de la dernière radiographie de l’antisémitisme réalisé par l’Ifop sont édifiants : 57 % des agressions racistes visent les personnes de confession juive alors qu’elles ne représentent que 1 % de la population. Un Français sur quatre estime par ailleurs « justifié de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël ». Dans ce contexte, Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, a relancé le 13 février les Assises de lutte contre l’antisémitisme.

Après une première phase d’écoute des victimes, en particulier dans le monde scolaire et de l’enseignement supérieur, la ministre a confié à deux groupes de travail, l’un sur le volet éducation, l’autre sur le volet justice, le soin de formuler des propositions pour faire refluer l’antisémitisme. Pendant deux mois, experts, personnalités politiques, enseignants, chercheurs ont tenté d’apporter des réponses à un phénomène en constante mutation. L’antisémitisme d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui et ne sera sans doute pas celui de demain.

De ces débats, parfois fiévreux, ressortent plusieurs préconisations contenues dans un rapport présenté lundi à l’hôtel de Cassini (Paris 7e), en présence d’Aurore Bergé, de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne et du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Une affiche qui correspond aux deux grandes orientations définies dans le rapport : la lutte contre l’antisémitisme dans le milieu scolaire et dans l’enseignement supérieur et le renforcement de notre arsenal juridique et législatif face à des formes d’antisémitisme plus insidieuses. Est-ce que cela suffisant pour gagner le combat contre l’antisémitisme ? Sans doute pas, mais c’est un bon début.

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