
Tel un phare dans la bourrasque, l’Élysée lance des éclairs. Sur le malheur des Palestiniens de Gaza, le combat des Ukrainiens qu’il faut financer, la bataille commerciale engagée par la Maison-Blanche, la lutte obstinée que nous mène l’Algérie, Haïti et les guerres oubliées qu’il convient d’expier, l’Otan et les guerres à venir qu’il est urgent de préparer… Pas une semaine sans un sommet, un voyage officiel, un discours solennel. Le président est sur tous les fronts, il veut surprendre. Les Parisiens regardent passer les convois officiels. Le monde regarde ailleurs : le phare est planté dans le désert.
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Capitale du narcissisme
Dans son bel avion qui le ramenait du Caire, Emmanuel Macron a ainsi annoncé que la France s’apprêtait à reconnaître l’État de Palestine. Avec quelles frontières, quel projet, quels dirigeants ? Mystère. 150 pays ont déjà reconnu la Palestine. Cela n’a pas mis fin au conflit. La France s’en est abstenue tant qu’elle a eu l’ambition de jouer un rôle dans un futur règlement de paix. La reconnaissance de l’État palestinien, c’est un fusil à un coup. Le président a le doigt sur la gâchette et cela le démange d’appuyer. En échange, il prétend obtenir des pays du Golfe la reconnaissance d’Israël.
On pourrait admettre au nom de la realpolitik ce raisonnement fallacieux s’il permettait la libération des otages enterrés vivants à Gaza. C’est le contraire : il encourage leurs geôliers en offrant au Hamas une victoire symbolique, un an et demi après le 7 octobre. Qu’importe à Emmanuel Macron ! Il fait le buzz. Il réjouit la gauche. Il se réjouit lui-même.
Mais c’est dans le Bureau ovale, dans le tête-à-tête de Donald Trump avec Benyamin Netanyahou et dans le secret des discussions à Oman entre Américains et Iraniens que se joue l’avenir du Moyen-Orient. La France n’y est pas associée. Ni même tenue au courant. Paris, capitale du narcissisme est isolée.
Qu’importe à Emmanuel Macron ! Il fait le buzz. Il réjouit la gauche. Il se réjouit lui-même
Un phare éteint
Pour le 200e anniversaire de la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti que le roi Charles X avait accordée en exigeant en échange 150 millions de francs-or pour les colons spoliés, rançon à payer en cinq traites sous peine de blocus maritime, Emmanuel Macron annonce la mise en place d’une commission d’historiens. À eux de déterminer à quel point cette dette écrasante a spolié les Haïtiens. Il affirme que « la France en tirera toutes les conséquences ». Les Haïtiens n’attendent rien de lui. Ils ne réclament plus le remboursement de cette rançon évaluée à 21 milliards d’euros. Ni que la France règle sa dette morale : François Hollande l’a déjà fait.
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Les Haïtiens n’ont qu’un seul espoir. Survivre jusqu’au soir. Tenir jusqu’au lendemain. Un million d’entre eux ont fui leurs maisons, chassés par les gangs qui tiennent 85 % de Port-au-Prince. L’envoi d’un petit contingent de policiers kenyans sous mandat onusien n’a servi à rien. La mise en place d’un conseil présidentiel de transition non plus : l’État est failli. Le rêve des Haïtiens s’appelle le Salvador. Que l’équivalent d’un Nayib Bukele les libère des gangs comme le dictateur salvadorien l’a fait des Maras. Haïti ne regarde pas Paris mais Washington où Nayib Bukele est reçu par Donald Trump qui veut en faire un allié dans sa guerre à l’immigration clandestine.
Emmanuel Macron peut bien jouer les va-t-en-guerre en Ukraine, va-t-en-paix ailleurs. Avec une dette de 3 300 milliards de dollars, une immigration qui augmente sans fin, un gouvernement sans majorité, des prisons mitraillées, il n’est plus audible. L’histoire s’emballe, le monde accélère, le président plastronne.
La France est un phare éteint dans la nuit.
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