Elle possède le plus beau palmarès du judo féminin français : une couronne olympique à Tokyo en 2021 (où elle fut porte-drapeau de la délégation tricolore), six sacres mondiaux et cinq médailles d’or européennes. L’armoire à trophées est encore davantage remplie si l’on comptabilise les épreuves gagnées en équipe, dont les JO 2021 et ceux de Paris. Après avoir digéré la déception du bronze en individuel aux Jeux à domicile, devant son public, « Gnougnou » – son surnom – a repris en mars la compétition au réputé tournoi de Tbilissi, en Géorgie, grimpant sur la troisième marche du podium.
Initialement sélectionnée pour les Mondiaux de Budapest en juin prochain, elle a dit non à sa fédération pour privilégier la compétition européenne, qui se déroule de mercredi à dimanche au Monténégro, à Podgorica. Un choix de diva ? Plutôt celui d’une femme qui sait ce qu’elle veut. En l’occurrence, glaner l’or dans quatre jours (sa catégorie, les moins de 63 kilos, est programmée jeudi), puis faire un autre enfant avant de préparer les Jeux de Los Angeles. Ensuite, il sera temps de ranger définitivement le kimono. En marge d’un entraînement collectif à l’Institut national du sport, l’Insep, Clarisse Agbégnénou a accordé un entretien au JDD, avant de s’envoler pour les Balkans.
Le JDD. Comment s’est passé le retour sur les tatamis après plus de six mois sans compétition ?
Clarisse Agbégnénou. J’étais fatiguée après Tbilissi. Mine de rien, les trajets sont longs et les vols étaient assez tôt. Derrière, je suis allée directement faire un stage militaire. [Elle est adjudant dans la gendarmerie nationale, avec laquelle elle a un contrat de sportive de haut niveau, NDLR.] J’ai pris quelques jours de repos, pour refaire le plein d’énergie et préparer correctement les championnats d’Europe.
Cette compétition n’a pas le prestige des Mondiaux, encore moins des Jeux olympiques, et pourtant, vous tenez à aller au Monténégro. Pourquoi ?
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Que ce soit Teddy [Riner] ou moi, on nous pose souvent la question : « Pourquoi continuer alors que vous avez tout gagné ? » Parce que parfois, quelque chose nous chagrine. Dans mon palmarès, il y a cinq titres européens et six mondiaux. J’ai envie de voir du six partout. Quand j’ai une idée en tête, on ne me l’enlève pas. Donc je souhaite être championne d’Europe. Ce sera mon graal cette année et je vais tout faire pour le décrocher.
« C’est aussi à nous, athlètes, de continuer à mettre en lumière ces Jeux »
Les Jeux de Paris sont définitivement derrière vous ?
Ils sont présents dans le cœur, dans l’âme. Ils seront toujours là. Les Jeux étaient magnifiques. Mais c’est le passé et on avance sur d’autres objectifs. En tant que sportive de haut niveau, on se remet toujours en question, on pense à la suite.
Dans ces mêmes colonnes (lire le JDD du 30 mars), la championne olympique de sabre Manon Apithy-Brunet regrettait le faible héritage des Jeux…
Oui, c’est dommage parce qu’il y a eu tellement d’émotion et de ferveur. Il faudrait inscrire la semaine olympique et paralympique dans les programmes scolaires pour qu’on n’oublie pas. [La 9e édition de cette manifestation annuelle de promotion du sport s’est tenue dans 2 500 écoles, collèges, lycées et établissements d’enseignement supérieur, du 31 mars au 4 avril.] Elle permet de donner envie aux jeunes de pratiquer, c’est eux qui seront nos champions de demain. C’est aussi à nous, athlètes, de continuer à mettre en lumière ces Jeux.
Manon Apithy-Brunet attend son premier enfant pour le mois de juin. Vous, vous voulez en avoir un deuxième ?
C’est ça. J’avais décidé d’être maman avant les Jeux à la maison. Athéna va avoir 3 ans en juin et il est temps d’avoir un deuxième enfant pour éviter qu’il y ait trop d’écart. J’ai envie d’être à nouveau maman avant de reprendre ma carrière et d’être championne olympique à Los Angeles. Après, j’arrêterai.
Travaillez-vous des techniques particulières avant les championnats d’Europe ?
Là, je travaille l’explosivité. Mais je sais que si je deviens encore maman, mon corps changera et il faudra faire évoluer ma technique. On verra.
On vous sent à nouveau très excitée, non ?
Oui, je suis toujours à fond. Je vis chaque projet à 100 %. Là, je me dis : « Je vais être championne d’Europe, c’est fou alors que je le suis déjà cinq fois ! » Mais je veux juste redevenir championne d’Europe. Je suis maman mais je veux l’être encore. C’est un renouveau à chaque fois !
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