La colère gronde parmi l’opposition. L’opération « vérité » sur les finances publiques de François Bayrou ce mardi 15 avril n’a pas convaincu. Aucune annonce concrète n’a été faite par le Premier ministre depuis la révélation des 40 milliards d’économies prévues dans le budget 2026 par les ministres de Bercy Éric Lombard et Amélie de Montchalin. Les syndicats ont déploré un « exercice de communication ». Le Rassemblement national, le Parti socialiste ou La France insoumise n’ont de leur côté pas tardé à agiter la menace d’une motion de censure, si les économies envisagées venaient à toucher les catégories moyennes et populaires. Quitte à faire tomber le gouvernement et à précipiter une dissolution techniquement possible à partir de cet été.
« On espère que des législatives anticipées arriveront le plus rapidement possible, car la France est ingouvernable et les grandes réformes nécessaires ne peuvent pas être faites », pointe auprès du JDD le porte-parole du RN Laurent Jacobelli. Si ce scénario se produit, la cheffe des députés du Rassemblement national ne pourrait toutefois pas se représenter. Sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat dans l’affaire des assistants parlementaires du FN l’en empêche. « Ça serait évidemment dommage car notre groupe est plus fort avec Marine Le Pen, mais ce n’est pas un obstacle pour nous. Elle continuerait à avoir une influence politique », assure l’élu de la Moselle. Surtout qu’un remplaçant serait tout trouvé pour le groupe parlementaire. Selon Le Figaro, Jordan Bardella pourrait se présenter aux élections législatives.
La commission d’investiture du RN se réunit ainsi plusieurs fois par semaine pour préparer cette hypothèse. Des entretiens d’une demi-heure sont réalisés avec des candidats, circonscription par circonscription. « C’est un travail de titan », affirme Laurent Jacobelli. Le Rassemblement national aurait pratiquement trouvé ses 577 représentants. Sans oublier que le parti lepéniste laisserait plusieurs circonscriptions à ses alliés de l’UDR. « Chacun s’occupe de ses candidats pour le moment et la répartition se fera après », assure au JDD le député UDR de la Marne Maxime Michelet.
Dans la perspective d’élections législatives anticipées d’ici quelques mois, la plupart des partis politiques s’organisent pour être prêts. Objectif : ne pas être pris de court comme le 9 juin dernier. Ce jour-là, personne ne s’attendait au déclenchement de l’article 12 par Emmanuel Macron après la lourde défaite de son camp aux élections européennes. Dans la foulée, les partis avaient dû trouver une myriade de candidats, demander des prêts bancaires, placarder des milliers d’affiches et repartir en campagne express. Peu importe si le président a exclu d’appuyer à nouveau sur le bouton ; beaucoup n’écartent pas ce scénario cet été ou à l’automne.
À Horizons, le parti d’Édouard Philippe a commencé depuis septembre dernier un long travail, département par département. « Nous discutons avec les cadres locaux et les parlementaires sortants pour regarder la situation politique des 577 circonscriptions et voir quel candidat nous pourrions présenter », fait savoir au JDD le responsable national des élections, Pierre-Yves Bournazel. « Notre devoir est d’être prêts face à toute accélération du calendrier », ajoute-t-il.
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Étrangement, une des formations les moins impliquées dans cette possible prochaine échéance est le parti présidentiel. « On ne s’y prépare pas vraiment. On est surtout concentré sur les municipales. Notre objectif est d’avoir la quasi-totalité des candidats au 30 juin », explique au JDD le député Renaissance Sylvain Maillard. Dans la même optique, les Républicains profitent des élections municipales en mars 2026 pour faire le plein de candidats, en prévision des potentielles législatives anticipées.
« S’il y avait une dissolution à la rentrée, évidemment qu’on serait prêts »
Au Parti socialiste, le prochain congrès accapare une grande partie de l’attention. « Mais s’il y avait une dissolution à la rentrée, évidemment qu’on serait prêts », assure Jonathan Kienzlen, secrétaire national chargé des statuts, à Public Sénat. Rappelant que sur 577 circonscriptions, le parti à la rose avait près de 500 candidats en ordre de marche l’été dernier, l’élu n’est pas inquiet. « On regardera les sortants, les circonscriptions où on a fait de bons scores, où on pourrait faire mieux et où les socialistes sont les mieux placés pour faire gagner la gauche », détaille le parlementaire.
Sans ou avec LFI ? Les socialistes excluent à l’heure actuelle toute alliance avec les troupes de Jean-Luc Mélenchon. De son côté, La France insoumise doit bientôt désigner des candidats dans toutes les circonscriptions. En mars, des assemblées du parti se sont réunies pour nommer plusieurs chefs de file. Pour leur part, les Écologistes discutent avec toutes les composantes de gauches. Les Verts souhaitent pouvoir dégainer leurs candidats en juin après le congrès du parti. D’ici-là, il faudra encore attendre qu’Emmanuel Macron appuie sur le bouton de la dissolution… Et rien ne dit que ce sera forcément le cas avant 2027.
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