Le JDNews. Vous êtes ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants. En quoi consiste exactement ce portefeuille ministériel ?
Patricia Mirallès. Je suis là pour faire vivre la mémoire et l’histoire militaire de la France, notamment auprès de la jeunesse. Comme en témoigne l’intitulé de mon ministère, j’ai aussi pour rôle d’entretenir l’héritage du monde combattant français, qui inclut, bien sûr les anciens combattants, mais aussi les plus jeunes, tombés ou blessés en Opex ces dix, vingt dernières années.
La mémoire française fait aujourd’hui l’objet de débats et de clivages. Certains veulent même la faire disparaître. Comment vous débrouillez-vous avec cette atmosphère difficile ?
J’ai à cœur de donner à chacun les moyens de s’approprier l’histoire de son pays, d’aller puiser dans notre passé immensément riche une touche d’inspiration personnelle. La simple lecture des livres d’histoire ne suffit plus et les jeunes doivent mieux s’identifier à la nation. Nous distribuons des livrets aux élèves de collège, par exemple, et les incitons à consulter les archives communales et départementales afin de retrouver la trace de leurs ancêtres !
Comment parler des anciens combattants à la jeunesse française ?
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Je parle tous les jours du Bleuet de France aux jeunes Français. En plus des blessés de guerre, le Bleuet concerne aussi les victimes du terrorisme. C’est quelque chose qui touche les jeunes générations. Ils ont vécu ces drames de plein fouet.
« Je parle tous les jours du Bleuet de France aux jeunes Français »
Est-il plus difficile de rendre hommage aux anciens combattants de la guerre d’Algérie ou d’Indochine qu’à ceux des deux guerres mondiales ?
Il y a des périodes de l’Histoire dont certains aspects ne nous rendent pas fiers, mais il est important de connaître le passé pour ne pas répéter nos erreurs et construire des divisions. Je suis concernée par la guerre d’Algérie, mes parents ayant été des rapatriés. J’ai toujours été claire : honorons les trois dates, le 19 mars pour les appelés français envoyés en Algérie, le 25 septembre pour les harkis et le 5 septembre qui marque la fin de la guerre.
Vous cherchez aussi à honorer les « jeunes » soldats qui ont servi ou servent encore dans les armées…
Oui, c’est vital. Il faut raconter l’engagement des hommes et des femmes qui ont servi en Opex contre le terrorisme afin de ne pas laisser certains pays compétiteurs à la France construire des récits mensongers. Par ailleurs, raconter l’histoire de ces jeunes soldats, cela parle davantage aux nouvelles générations qui s’identifient plus facilement à eux. C’est un bon outil pour susciter des vocations ! Je n’ai pas honte de le dire : je suis favorable à la transmission des valeurs militaires aux jeunes, c’est un formidable outil de cohésion, de respect et d’inclusion. L’association Le Bleuet de France est, en cela, un outil extraordinaire.
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