
Au cours des décennies 1980-90, les Américains ont réussi à imposer le libre-échange à l’agriculture européenne. De l’Uruguay Round au GATT, en passant par les accords de Blair-house et de Marrakech, les produits agricoles ont fait leur entrée au sein de l’OMC en 1994. Les Américains dominaient alors les marchés agricoles mondiaux et l’Union européenne a été condamnée à supprimer ses soutiens à l’exportation et à ouvrir ses frontières.
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Les prix agricoles sur le marché commun européen ont alors été divisés par deux en 10 ans. Les aides attribuées aux agriculteurs par le budget de la PAC sont très loin de compenser la chute de leur chiffre d’affaires, induisant une forte diminution du nombre de nos paysans et une dépendance totale aux aides de ceux qui sont restés.
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À partir des années 2010, les Américains ont perdu leur leadership sur de nombreux marchés agricoles en termes de volumes exportés ou de compétitivité. De nouveaux géants agricoles sont apparus sur tous les produits agricoles : le Brésil avec le soja, le sucre et le jus d’orange, la Russie a dépassé les États-Unis pour la production de blé, l’Ukraine est devenue le pays le plus compétitif pour le maïs.
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Concurrence déloyale
Les productions animales ne font pas exception : les pays leader sont actuellement l’Argentine, le Brésil, la Thaïlande et la Nouvelle-Zélande. En Europe, et particulièrement en France, si l’agriculture décline, l’industrie agroalimentaire s’est fortement développée sur des marchés à l’exportation, avec des produits transformés à haute valeur ajoutée depuis 10 ans. Autant de bonnes raisons qui expliquent que les Américains soient devenus de mauvais perdants et souhaitent changer les règles du commerce mondial qui ne les favorisent plus.
Or, ce commerce mondial, qui tire à la baisse tous les prix des produits, et instaure une concurrence déloyale généralisée sur le plan social, réglementaire et environnemental, nuit également grandement à l’agriculture européenne et française. Non seulement le nombre de paysans s’est effondré, mais nous avons été contraints de nous spécialiser sur l’agriculture intensive de céréales, la seule qui permette des marges correctes. Le résultat est la monoculture, un appauvrissement considérable des productions agricoles et, donc, des importations accrues sur d’autres produits.
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Il est donc naturel et légitime pour l’UE de profiter de ce changement de paradigme pour faire renaître un modèle agricole vertueux, respectueux des paysans et de nos terres. Bien sûr, les augmentations de droit de douane décidées par Trump permettent à l’Europe de taxer en retour les produits agricoles et alimentaires américains.
Nous, agriculteurs, en appelons à notre gouvernement
Mais si Trump cherche à protéger ses outils de production, les taxes de l’UE sur les importations américaines ne protégeront en rien nos agriculteurs, car nous sommes dans une mondialisation des échanges où les Américains ne sont pas nos seuls fournisseurs. En taxant uniquement les produits américains, nous favoriserons les importations d’autres pays qui pratiquent du dumping avec leurs excédents privés de débouchés américains. Ce ne serait pas mieux, mais pire.
Revitaliser nos campagnes
Alors qu’en France nous semblons impuissants à nous protéger du Mercosur et que nous cherchons sans succès une « exception agriculturelle », Donald Trump vient de nous montrer qu’une déclaration suffit à sortir de tous les accords commerciaux !
Voici le moyen de reprendre en main, dès maintenant, la souveraineté de notre politique agricole qui avait été vassalisée par l’OMC. Les semaines précédentes, la Commission européenne ne parlait encore que de nouvelles répartitions des aides aux agriculteurs dans son projet de réforme de la PAC. Cela fait 32 ans que chaque réforme se limite à un nouveau mode de distribution des primes PAC sans aucun succès, et surtout sans aucun projet sérieux de redressement de notre agriculture. Le pays le plus puissant au monde vient de renverser la donne et l’on somnole à Bruxelles !
La France est toujours le premier pays agricole européen. Nous, agriculteurs, en appelons à notre gouvernement : agissez vite, pour profiter de cette opportunité unique de sauver l’agriculture française. Proposez à l’UE une nouvelle politique agricole souveraine qui permette enfin d’améliorer la qualité de notre alimentation et notre sécurité alimentaire, de protéger notre environnement, de revitaliser nos campagnes et de maintenir de nombreux agriculteurs, vivant de leur travail grâce à des prix décents ! Les agriculteurs ont assez souffert et l’opportunité est trop belle : elle ne se représentera pas deux fois.
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