
Strava, la célèbre application de course à pied rassemblant plus de 135 millions de sportifs à travers le monde, vous permet d’obtenir un récapitulatif détaillé de votre sortie. Elle répertorie en effet vos entraînements, vous indiquant avec précision votre temps, votre allure de course, le dénivelé parcouru ainsi que vos pics de performance.
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Elle vous permet aussi de suivre le parcours d’autres coureurs, cyclistes ou randonneurs, que vous pouvez féliciter en leur envoyant des kudos (l’équivalent des « likes »). Shoot de motivation pour de nombreux mordus de sport en quête d’une performance continue, le réseau social a rapidement été détourné par certains utilisateurs paresseux et chasseurs de performance.
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Payés à la foulée et au kilomètre
Pour impressionner leur entourage et améliorer leur classement, de plus en plus d’utilisateurs Strava sont prêts à tricher, et recourent à ce qu’on appelle des « Strava jockeys ». Il s’agit de payer quelqu’un pour qu’il coure ou pédale à votre place. Le coureur ou cycliste Strava contacte pour ce faire un Strava jockey et lui précise la distance et l’allure souhaitée, en échange d’une somme d’argent. Une sorte d’ubérisation de la course à pied ou de la course à vélo…
Ces Strava jockeys, férus de sport, sont souvent de jeunes étudiants aux conditions de vie précaires. Ils se font connaître sur les réseaux sociaux, notamment sur X ou Instagram, avec des messages on ne peut plus clairs adressés à l’intention des utilisateurs Strava : « Tu veux booster tes statistiques sur Strava et impressionner tes amis sans bouger de chez toi ? Engage-moi pour courir à ta place, à la vitesse et sur la distance que tu veux ». En mettant ainsi leurs prédispositions physiques au service d’utilisateurs plus fortunés, les Strava jockeys peuvent empocher de coquettes sommes. Le prix de ces courses à la commande est fixé en fonction de la performance. Plus la distance demandée est longue et l’allure rapide, plus le prix est élevé. « On est autour des 20/30 euros pour du 10 km/h », témoigne Titouan, un étudiant parisien au Figaro qui croule sous les demandes.
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Payés à la foulée, les Strava jockeys fleurissent ainsi un peu partout en France.
Une représentation de soi mensongère
Dans la plupart des cas, les utilisateurs recourent aux Strava jockeys faute de temps ou de motivation. Il s’agit pour l’essentiel de se mettre en scène, en s’affichant comme un modèle de réussite sportive. Certains emploient également les coureurs Strava pour des raisons distinctes du sport, comme pour camoufler leur infidélité, à l’occasion d’une sortie nocturne, ou pour échapper aux remontrances de leur entourage, lorsque leur état médical est mis en cause et que Strava sert de suivi par leurs proches dans le cadre d’un parcours de santé.
Sur Instagram, l’humoriste et influenceur Maxime Rocheman tourne en dérision ces « Strava boys » devenus un véritable phénomène de mode. Il singe ainsi un « jeune cadre dynamique » travaillant dans un cabinet de conseil à Paris, adepte de l’application sportive, et recourant à un coureur éthiopien pour devenir une « local legend »…
Mais au-delà de cette image drôle et hypocrite, cette nouvelle tendance souligne de profondes dérives sociétales. Une pratique qui prouve que le sport, lui aussi, n’est pas épargné par la pression sociale et l’ubérisation des modes de vie.
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