
Il y a des victoires qui racontent une course. Et puis il y a celles qui racontent un règne. Ce dimanche, sous le ciel laiteux du Nord, Mathieu Van der Poel a étendu son empire sur les pavés de Paris-Roubaix. Pour la troisième année d’affilée, le Néerlandais a dompté l’Enfer, porté par un panache inébranlable et un sens de la course qui confine à l’instinct animal. Seuls Octave Lapize et Francesco Moser avaient jusqu’ici osé un tel triplé. Désormais, il faut ajouter MVDP. Et avec cette victoire, c’est un peu plus qu’un Monument qu’il accroche à son palmarès : c’est un chapitre de l’histoire qu’il signe au burin.
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Pour cela, il fallait battre un rival à sa mesure. Le genre de coureur qui ne recule devant aucun défi, pas même celui d’un monument en granit. Tadej Pogacar, vainqueur du Tour des Flandres la semaine dernière, était là, bien là, avec dans les jambes le feu et dans les yeux la flamme. Il voulait le doublé. Il voulait la gloire. Mais sur la route de Roubaix, vouloir ne suffit pas.
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Le match s’est lancé à 46 kilomètres de l’arrivée, quand les deux monstres sacrés ont fait exploser le peloton comme une vieille chaudière. Pogacar attaque, Van der Poel contre. Ensemble, ils survolent les pavés, comme deux aigles au-dessus du chaos. Et puis… la faute. Une trajectoire mal ajustée, une chute sans appel. Pogacar se relève, continue, opiniâtre. Mais la route est déjà barrée par le destin.
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Devant, Van der Poel ne demande pas son reste. Il file, seul, vers le vélodrome, vers l’Histoire. Aucune hésitation, aucune fioriture. Son allure est fluide, tellement élégante, même dans l’enfer poussiéreux. Il entre dans le vélodrome comme un prince entre au palais. Il n’a pas besoin de lever les bras très haut : tout le monde a compris.
Trois Roubaix d’affilée, c’est un exploit de forçat. Mais c’est aussi, cette année, le second Monument de sa saison, après un Milan-San Remo enlevé avec maestria en mars. À 30 ans, Van der Poel rejoint Pogacar au sommet des palmarès du XXIe siècle : huit Monuments chacun. Mais c’est peut-être le style, la manière, qui les distingue plus que les chiffres. Quand Pogacar sème le chaos par le feu, Van der Poel l’impose par la glace.
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La suite ? Elle est déjà dans toutes les têtes. Un nouveau chapitre s’écrira peut-être à Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques, où les deux se retrouveront dimanche 27 avril 2025. Pogacar voudra sa revanche et visera l’égalisation à deux Monuments partout cette saison. Van der Poel, lui, pourrait tenter un triplé de printemps insensé : Milan-San Remo, Paris-Roubaix, Liège. Mais pour l’heure, c’est le bruit mat d’un pavé dans les mains de Van der Poel qui résonne. Celui qu’on offre au vainqueur de Paris-Roubaix. Une pierre de plus dans l’édifice d’une légende en construction.
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