Un flot continu de « runners » franchit la ligne d’arrivée, avenue Foch. Il y a ceux qui lèvent les bras en signe de victoire sur eux-mêmes, laissant éclater leur joie d’en avoir terminé après 42,195 km d’effort. Des participants se prennent dans les bras pour se congratuler, d’autres s’écroulent à peine la ligne traversée. Ils ont à peine le temps de souffler, que des bénévoles de l’organisation leur demandent – avec le sourire – de se relever, pour laisser la place aux concurrentes et concurrents qui en finissent à leur tour.
Les teints sont rouges de sueur ou parfois blancs d’épuisement. Certains, qui sont allés au bout de leur capacité, ont besoin d’une assistance médicale. Alexandre, venu du nord de la France, en est à son quatrième marathon dans les rues de la capitale, en comptant le « marathon pour tous » des Jeux olympiques. Il a couru en moins de 2h50, ce qui est déjà un niveau élevé : « On sent que musculairement on a donné, la fatigue est là, mais l’excitation et la fierté d’avoir franchi la ligne sont plus forts. »
Comme chaque année depuis près de deux décennies, les coureurs d’Afrique de l’Est ont dominé la catégorie « élite », avec un doublé éthiopien chez les femmes. Bedatu Hirpa (2h20’45’’) s’est imposée au sprint (!) devant Dera Dida (2h20’49’’). La Kenyane Angela Tanui complète le podium (2h21’07).
La première non-Africaine est douzième et c’est une Française, Loréna Meningrand (2h36’33’’). Chez ces messieurs, les Kenyans Benard Biwott (2h05’25’’, soit une moyenne de 2 minutes 59 par kilomètre !) et Sila Kiptoo (2h06’21”) sont respectivement premier et troisième. Le Djiboutien Ibrahim Hassan (2h06’13”) s’intercale à la deuxième place. Le premier non-Africain est également français, Jason Pointeau, 15e (2h13’50’’).
Si la Marseillaise a retenti, c’est grâce à la catégorie handisport. Partis à 7h55, avec cinq minutes d’avance sur les « élites », les « handis » ont achevé leur défi plus d’une demi-heure avant les meilleurs valides, grâce à leur fauteuil roulant profilé. Julien Casoli, double médaillé de bronze en athlétisme aux Jeux paralympiques (2008 et 2012), a été le plus rapide, devançant d’une seconde un autre Français, Thibault Daurat. C’est sa sixième victoire en treize ans : « C’est la plus belle. Car c’est peut-être mon dernier marathon de Paris. À un moment, il faut arrêter ! J’ai 42 ans. Le chrono ? 1h33’03’’. Il est moyen. Mais le parcours est ultra-difficile. Il y a dix kilomètres environ de pavés. Le public ne se rend pas compte, sur le fauteuil, ça secoue vraiment, c’est épuisant ! »
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« Le marathon, c’est sympa, mais la préparation, c’était casse-pied »
Tout le long du parcours, l’ambiance est au rendez-vous à défaut du soleil, aux abonnés absents ce dimanche. Tant pis pour le public, tant mieux pour les marathoniens, qui ne souffrent pas de la chaleur. Ni d’ailleurs du froid avec environ 15 degrés. Jeanne et Claire sont néophytes, comme 51 % du peloton. « Contente d’avoir été à deux et qu’il y ait des lièvres [des meneurs d’allure, NDLR]. Elle m’a poussée à le faire. J’ai été obligée », dit l’une en rigolant. « On a vu des gens faire le marathon, ils avaient l’air content, on s’est dit pourquoi pas nous. L’objectif, c’était de réussir moins de 4 heures. J’ai mis 3h50 », répond l’autre qui ajoute : « Le marathon, c’est sympa, mais la préparation, c’était casse-pied. »
La ligne franchie, les deux jeunes femmes vont, comme tous les participants, récupérer leur tee-shirt de « finisher » et la médaille commémorative, puis, tout en continuant à remonter l’avenue Foch, Jeanne et Claire passent par la zone collation où les attendent des bananes des Antilles, des pommes, des poires, des tranches de cake, de l’eau… Il faut encore récupérer les vêtements de ville, rangés dans d’immenses vestiaires sous tentes. L’organisation est parfaitement rodée. Les derniers concurrents, partis à 11h30, sont attendus juste avant 18 h. Soit 8 heures après le vainqueur du jour !
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