
Après une légère accalmie, les relations franco-algériennes se raidissent de nouveau. Ce samedi 12 avril, Alger a exprimé sa « vive protestation » après le placement en détention en France d’un de ses agents consulaires soupçonné d’implication dans l’enlèvement, fin avril 2024, sur le sol français, de l’influenceur algérien Amir Boukhors. « Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », a affirmé le ministre des Affaires étrangères algérien dans un communiqué, promettant de ne pas « laisser cette situation sans conséquences ».
Publicité
La suite après cette publicité
Trois hommes, dont l’un travaille dans un consulat d’Algérie en France, ont été mis en examen ce vendredi 11 avril à Paris. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, alias Amir DZ, un opposant au pouvoir algérien. Les trois individus sont poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon les précisions du Parquet national antiterroriste (PNAT).
La suite après cette publicité
Amir DZ avait été enlevé par de faux policiers le 29 avril dernier. L’influenceur aurait été la cible d’un contrat d’assassinat. Les commanditaires de l’opération souhaitaient le tuer ou le rapatrier de force en Algérie pour qu’il soit condamné à mort. L’opération aurait toutefois échoué à cause du manque de préparation des exécutants et d’un problème financier. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par la brigade criminelle et la DGSI, les commanditaires recevaient des ordres d’un membre du consulat d’Algérie en France.
La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Dans son communiqué, le ministère algérien assure que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique ». En outre, Alger dénonce « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, et estime que cette « cabale judiciaire inadmissible » repose « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène » Amir Boukhors.
« Ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard », poursuit la diplomatie algérienne. Il se produit « à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs de l’État », ajoute le ministère, tout en exigeant la libération « immédiate » de l’agent.
De vives tensions affectent les relations entre l’Algérie et la France depuis de nombreuses années. Elles se sont accentuées depuis qu’Emmanuel Macron a décidé, fin juillet, de soutenir le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine du Sahara occidental, alors que les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger. L’arrestation et la condamnation à cinq ans de prison en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, et le refus par Alger de recueillir ses ressortissants sous OQTF expulsés du territoire français, ont aggravé par la suite cette crise. Celle-ci s’était légèrement apaisée ces derniers jours à la faveur d’un appel entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune, puis de la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Source : Lire Plus