« Le défi du golf, c’est d’accepter d’être imparfait. » Cette tirade de la légende américaine Jack Niklaus résume parfaitement la philosophie d’une discipline exigeante, complexe et addictive. Avec ses dizaines de millions de pratiquants à travers la planète, ce sport souvent qualifié d’élitiste veut poursuivre sa mutation. En France, le nombre de joueurs a augmenté de 8,4 % en dix ans. Une montée en puissance boostée ces deux dernières semaines par le dispositif « Tous au golf » de la fédération française, qui permet à des néophytes de s’initier dans près de 350 clubs.
« La création de cent petits parcours de proximité, plus proches des villes et moins chers, dans le cadre de l’accueil en France de la Ryder Cup en 2018 [plus grande compétition du monde, NDLR], marque l’engagement de la filière en faveur du développement de la pratique et de l’ouverture à un nouveau public, explique Pascal Grizot, le président de la Fédération française de golf. La perception de notre sport est en décalage avec la réalité du terrain, cette image n’a plus rien à voir depuis très longtemps. »
Il s’agit de séduire de nouveaux joueurs, rajeunir sa base dont la moyenne d’âge reste calée à 54 ans, et en finir avec le cliché ancestral d’une discipline réservée aux plus riches. En moyenne, 40 euros suffisent pour un accès journalier à un green sans être membre d’un club, et entre 700 et 1 300 euros environ pour un abonnement annuel.
« Aujourd’hui, tu peux faire du golf sans te ruiner, ce n’est pas plus cher que d’aller dans une salle de sport et la plupart des clubs proposent des balles et du matériel d’occasion très bon marché », me raconte Augustin, 17 ans, handicap 18,4 (le classement est compris entre 0 pour les meilleurs et 54 pour les débutants). Avec son petit frère Alexandre, 13 ans, handicap 21,6, ils ont lancé leur chaîne YouTube, « Les Golfing Brothers ». Dans chacune de leurs vidéos, les deux mômes s’affrontent en duel, en match-play, sur 9 ou 18 trous avec malice et fraîcheur. « On a démarré il y a quatre ans pendant les vacances chez nos grands-parents à Hossegor. Aujourd’hui, on est licenciés au club du Haras de Jardy, à côté de Versailles, et on s’éclate. Le week-end dernier, on a emmené des copains de classe sur le green et ils ont été surpris, ils ont trouvé ça vraiment cool. »
La France compte 611 parcours traditionnels et 127 golfs spécialisés comme les compacts, Pitch & Putt et practices. Sans oublier les clubs urbains qui ont vu leur fréquentation flamber depuis le lancement en janvier de la Tech Golf League, une compétition virtuelle imaginée par deux vedettes, Tiger Woods et Rory McIlroy.
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Le joueur indoor type ? Un débutant qui tente de maîtriser son swing face à un écran géant, sur un tapis équipé d’un simulateur high-tech. « C’est plus ludique que sur un green. Tu n’as pas à subir la pression parfois dérangeante des joueurs qui piétinent derrière toi à chaque trou, me confie Thelma Beck, professeure de golf et cofondatrice de Birdieland (103 rue Réaumur à Paris). Ça ne remplace pas un vrai parcours en plein air, mais ici, tu n’es pas obligé de venir avec le petit pantalon, les chaussures et le matériel dernier cri, c’est plus détendu. L’étape suivante, c’est de nouer des partenariats avec des clubs et d’organiser notre propre compétition, la Birdie League. » La petite balle blanche n’a pas fini de faire son trou.
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