
La légende est tenace. Est-elle vraie ? Est-elle fausse ? Elle court toujours. Ça serait à cause du JDD si le mariage de Sylvie Vartan, 20 ans, et de Johnny Hallyday, 21 ans, s’est transformé en un barnum désastreux, et tout ça par la faute d’un curé qui a péché d’orgueil et n’a pas su retenir sa langue. Au journal, il aurait vendu la mèche. C’est vrai que dans son édition du dimanche 11 avril 1965, en page 11, le JDD fait état de l’union fixée au lendemain entre le jeune roi du rock français et la demoiselle yéyé. Sous le titre « intimité » (on rêve !) il est écrit : « Et voilà la relève de la jeunesse. Et son triomphe ! » Problème : papa Vartan est mécontent. Il avait souhaité pour sa fille un mariage tout banal et tout simple.
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Bref, la cérémonie ne fait plus mystère pour personne. Elle se tiendra à la mairie de Loconville, dans l’Oise, un petit village de 240 habitants, où Sylvie a acheté pour ses parents une propriété qui s’appelle « le manoir de Gagny ». Johnny, sergent d’infanterie de marine à Offenbourg pour deux mois encore, a obtenu une permission spéciale pour épouser la blonde chanteuse dont il est tout de suite tombé amoureux, à la fin décembre 1961, à l’Olympia, quand Sylvie chantait en lever de rideau du concert donné par Vince Taylor. C’est Eddie Vartan, le frère, qui a fait les présentations.
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Au tout début, les deux idoles ont affirmé haut et fort « être des copains », rien de plus. Puis, ils sont partis en vacances en Amérique, et à leur retour, ils étaient, comment dire, fiancés, à en croire Johnny. C’est évidemment le couple super-star des yéyés. Quand ils arrivent devant la mairie, au lieu de trouver leurs seuls parents et leurs amis, dont Jean-Marie Périer, Carlos, Johnny Stark, ils doivent faire face à une meute enragée. Il y a environ 2 000 personnes pour les attendre. La minuscule salle d’école de Loconville est hérissée d’antennes et de câbles, emplie d’une centaine de représentants de la presse française et étrangère. Toutes les routes sont bloquées, les paparazzis sont dans les arbres, sur les toits des maisons qu’ils ont réussi à louer.
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On dirait que le monde entier a afflué vers Loconville.. À 10 heures 30, c’est la cérémonie à la mairie, puis le couple doit ruser pour contourner la foule avant de pénétrer dans l’église. Sylvie, toute belle dans sa capeline de dentelle et sa robe de style Directoire, déchaîne les ovations. Il faut la soulever, la porter pour l’arracher à ses admirateurs. Elle manque d’être étouffée et on ne sait plus si elle crie de joie ou de terreur. Au fond, Sylvie n’est pas encore faite à son statut d’héroïne de l’actualité. Johnny, lui, mince et très digne dans sa redingote, a les pommettes rosies d’un premier communiant. Ces deux-là auraient tellement voulu que leur mariage soit le plus vrai, le plus sincère, le plus fort… Oui, mais voilà…
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