Tout avait pourtant bien commencé… Ce jour-là, l’entrée du Christ à Jérusalem est un véritable triomphe : des foules l’acclament en brandissant des palmes, tapissent le sol de manteaux, forment un cortège en l’honneur de leur roi. Nos processions qui précèdent la messe des Rameaux actuelle en sont la lointaine évocation, ainsi que les rameaux bénits qui orneront ensuite les crucifix dans les maisons.
Curieusement, ce roi est pourtant monté sur un âne, et il est « doux et humble de cœur », comme il se décrit lui-même. Cela explique peut-être pourquoi ce ne sont pas les puissants, qu’ils soient religieux ou politiques, qui l’acclament – sauf exception –, mais les gens du peuple, à l’extérieur de la ville… Car si ceux-là se taisent, « les pierres crieront », avait-il prévenu (Luc 19, 39).
Mais la foule finit par se taire. Brusquement, on passe des acclamations aux vociférations, lorsque l’Évangile de la Passion de Jésus-Christ est lu en entier au cours de la célébration. Toute la ville de Jérusalem et ses autorités, les grands prêtres et les scribes, se raidissent à la venue du Messie. C’est le front du refus. La confrontation sera forte, l’Évangile la décrit en plusieurs chapitres très incisifs. Elle s’achèvera par la croix…
Depuis le dimanche qui précède déjà, toute la liturgie est empreinte de la méditation des souffrances du Christ et du sacrifice de la croix. C’est le temps de la Passion : un mystère sublime et un drame sacré, dont saint Léon le Grand disait que « les jours présents exigent au plus haut degré notre dévotion, car nous savons qu’ils sont proches de celui où nous célébrons le mystère très sublime de la divine miséricorde ». Dans les églises, les statues et les croix sont voilées, en souvenir du temps où l’on ornait les crucifix de métaux précieux et de pierreries, en signe de la Résurrection.
Pour l’heure, l’Église est en deuil, c’est le temps du veuvage. Et chacun pleure sur ses propres péchés : « Que chacun se demande si l’oreille de son cœur perçoit les paroles de Dieu et il connaîtra à qui il appartient. Remettez donc votre vie passée devant les yeux de votre âme », exhortait saint Grégoire le Grand. Le combat contre le mal, présent en chacun, n’est pas une histoire vieille de plus de 2 000 ans. Elle est de tous les temps.
La suite après cette publicité
Il en est un très beau signe à la fin de la procession des Rameaux, lorsqu’au moment de rentrer dans l’église, le cortège triomphal des fidèles trouve les portes closes. À trois reprises, on y frappe avec le bâton de la croix, dans un dialogue où les portes du ciel sont promises à qui marche à la suite du Christ. C’est « le repos des justes et le refuge des pécheurs », dont l’accès se trouvait bloqué depuis le péché originel. Celui-ci est désormais rouvert, grâce à la croix.
Autrefois, le dimanche des Rameaux portait le nom de « Pâque fleurie », parce que s’y mêlaient la croix et les rameaux verts, symbole de la victoire à venir. Dans les pays hispanophones, des fleurs sont d’ailleurs toujours mélangées aux rameaux. C’est la raison pour laquelle les Espagnols ont donné le nom de Floride à la vaste région voisine du Mexique, découverte un dimanche des Rameaux en 1513. La Résurrection est une éternelle floraison.
En partenariat avec France Catholique.
Source : Lire Plus






