
Des journalistes intimidés puis expulsés de l’Assemblée nationale. La scène, survenue ce mercredi midi au Palais-Bourbon, est inédite. Alors qu’une poignée de journalistes du média Frontières observaient, depuis la terrasse du Parlement, une manifestation hostile à leur encontre, un groupe de députés du Nouveau Front Populaire est venu à leur rencontre. Sous les colonnades de l’Assemblée, la situation a rapidement dégénéré. Cris, insultes, bousculades : les élus ont tenté de les expulser manu militari.
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Agression d’une journaliste
La jeune journaliste Louise Meurice a été prise à partie par le député communiste Jean-Paul Le Coq et le socialiste Arthur Delaporte. « Vous vous prenez pour qui, en fait ? », a répété à cinq reprises l’élu socialiste. « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites, vous êtes une fasciste. Vous mettez des gens en danger. » Des propos qui feraient référence à un article publié par Frontières, mettant en lumière d’anciens tweets et prises de position controversées de collaborateurs parlementaires du groupe dirigé par Mathilde Panot.
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Devant une foule de manifestants, venus clamer leur opposition à Frontières en scandant des slogans antifascistes, le député Le Coq va brutalement tenter d’empêcher Louise Meurice de filmer la scène. « Vous me provoquez ? Vous mentez ? », s’emporte l’élu communiste, visiblement à bout de nerfs.
Exfiltration des journalistes
À quelques mètres de là, le député LFI Raphaël Arnault, épaulé par son collègue Carlos Martens Bilongo, encercle le journaliste Jordan Florentin et tente de le contraindre à quitter les lieux. Sans succès. Face à la confusion, les services de sécurité de l’Assemblée nationale interviennent. Les journalistes de Frontières sont exfiltrés en urgence, sous les invectives des manifestants.
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Un collaborateur parlementaire de l’Union des droites pour la République aurait également été agressé physiquement.
Pour comprendre cet épisode que certains qualifient de « gravissime », il faut remonter quelques semaines en arrière. Frontières, média identitaire fondé en 2021 par Erik Tegnér, a annoncé la parution d’un numéro spécial consacré à La France insoumise. Le magazine, publié ce jeudi 9 avril, comprend plusieurs enquêtes qui ont suscité la colère du parti de Jean-Luc Mélenchon. En réaction, les députés LFI ont demandé à la présidente de l’Assemblée nationale d’interdire l’accès au Palais-Bourbon aux journalistes de Frontières — qui possèdent pourtant des cartes de presse. Une manifestation, notamment organisée par la CGT, a également eu lieu ce mercredi devant l’Assemblée.
L’affaire a suscité de nombreuses réactions politiques. « Les députés d’extrême gauche s’en prennent à la liberté de la presse, en menaçant physiquement des journalistes de Frontières. La nostalgie du totalitarisme et la « culture racaille » n’ont rien à faire à l’Assemblée nationale. Tout mon soutien aux équipes de Frontières. », a affirmé par exemple sur le réseau social X le président du Rassemblement national Jordan Bardella. « Des journalistes détenteurs de carte de presse ont été pris à partie par des députés NFP puis exfiltrés par des agents dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Gravissime. Je saisis la présidente Yaël Braun-Pivet », a annoncé de son côté la députée du Var, Laure Lavalettte. « Imaginez une seule seconde que des députés de droite aient fait cela avec des journalistes de Libération », s’interroge quant à lui Jean-Philippe Tanguy, toujours sur X.
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