41 % des Français anticipent une baisse de leur pouvoir d’achat et redoutent de ne pas pouvoir maintenir leur niveau de vie, d’après un sondage Ipsos réalisé en 2024. Une inquiétude que partage Lise, 27 ans, vendeuse dans une boutique à Bordeaux : « On n’a clairement pas les moyens de partir durant ces vacances de printemps. » Comme elle, de nombreux foyers renoncent aux traditionnelles escapades d’avril, freinés par la hausse généralisée des prix : locations, carburant, activités sur place… « C’est devenu un luxe de partir en vacances », estime la jeune femme. Le simple fait de partir devient une charge difficile à assumer. En témoigne l’augmentation de 21,6 % du revenu par chambre à louer depuis 2019.
Dans les Pyrénées, Margaux Baillet, de l’Office de tourisme, observe une évolution des comportements sur cette période de l’année : « Les budgets se réduisent et quitte à partir, les gens préfèrent économiser pour l’été ou Noël. » Pour faire face, la région adapte ses offres et met en avant des activités plus abordables comme la randonnée ou l’escalade. Certaines, comme la spéléologie ou la via ferrata, restent cependant hors de portée pour certaines familles. Grâce à ces ajustements tarifaires, les Pyrénées enregistrent un niveau de réservations comparable à l’an dernier. Ce n’est pas le cas partout : en Bretagne, le début de saison est jugé mitigé. « Seuls 40 % des professionnels se disent satisfaits de la fréquentation touristique pour ce mois d’avril », rapporte Tourisme Bretagne.
C’est devenu un luxe de partir en vacances
Lise, 27 ans
Lise, elle, ne cache pas son inquiétude : « J’ai déjà peur de ne plus pouvoir faire mes courses correctement ou payer mes charges. Alors partir en vacances, c’est juste inenvisageable ! » Un ressenti accentué par l’instabilité économique mondiale liée aux récentes annonces douanières de Donald Trump et aux chutes vertigineuses des Bourses européennes. À l’approche de l’été, la question demeure : les vacances resteront-elles accessibles au plus grand nombre, ou deviendront-elles un privilège réservé à une minorité ?
Des vacances sur mesure pour des budgets serrés
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Si de nombreux Français renoncent aux vacances cette année, d’autres choisissent malgré tout de partir, quitte à revoir leurs ambitions à la baisse. Objectif : profiter d’une parenthèse en famille sans exploser le budget. C’est le cas de Mathilde, mère de deux enfants qui, avec son compagnon Baptiste, a commencé à économiser dès janvier pour pouvoir offrir quelques jours sur la côte méditerranéenne à sa famille. « D’habitude, on partait une semaine en avril, mais cette année, ce sera seulement trois nuits », confie-t-elle. Pour limiter les dépenses, la famille prévoit de prendre tous ses repas dans la location et de ne faire qu’une seule activité payante durant le séjour.
« Il y a cinq ans, partir coûtait bien moins cher. Aujourd’hui, les prix des locations et de l’essence ont quasiment doublé », regrette-t-elle. Face à l’inflation, les vacanciers adaptent leurs habitudes : séjours plus courts, destinations plus proches, et consommation sur place réduite. Christiane Thibault, présidente du syndicat Hôtellerie-Restauration (GHR) de la région Sud, observe la même tendance : « Le taux de remplissage est bon pour ces vacances de Pâques, mais les touristes dépenseront nettement moins. Avant, une famille allait trois fois au restaurant dans la semaine, aujourd’hui c’est plutôt une seule fois. »
Faute de mieux, des vacances chez soi
Pour d’autres, même un court séjour n’est pas envisageable. Selon les dernières estimations, une journée de vacances coûte en moyenne 65 euros par personne, soit plus de 1 800 euros pour une famille de quatre sur une semaine. Un montant devenu inabordable pour de nombreux foyers, qui choisissent alors de passer leurs vacances à la maison. C’est le choix de Lise et Baptiste, qui ont renoncé à partir cette année. « Pour profiter un peu, on ira peut-être au cinéma, au musée, et pourquoi pas au zoo », explique Lise.
Une semaine de vacances pour une famille de quatre personnes coûte en moyenne plus de 1 800 euros
Mais même ces loisirs de proximité sont hors de portée pour certains. Marion et Mathieu, parents de deux enfants et habitants d’un quartier proche d’une piscine municipale, regrettent de ne pas pouvoir y aller aussi souvent qu’ils le souhaiteraient, faute de moyens. Face à cette nouvelle réalité, les professionnels du tourisme tentent de s’adapter. Dans la région Sud, on mise sur des activités accessibles et sur une offre renouvelée. « Il faut proposer des alternatives à bas prix pour tenir le coup en 2025 », insiste la présidente régionale du GHR.
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