Rétablissons la vérité : le marathon n’a jamais figuré dans le programme des Jeux de l’antiquité. En revanche, la bataille de Marathon, en 490 avant J.-C., a vu la victoire des Grecs sur les Perses. Un soldat, Philippidès, fut détaché pour annoncer la nouvelle à Athènes. Il parcourut environ 40 kilomètres et tomba raide mort sitôt sa mission accomplie. Ce récit serait-il le fruit de l’imagination d’Hérodote ?
L’histoire est si puissante qu’on l’a conservée et qu’elle a été admise comme vraie. Le marathon olympique était né. La distance officielle sera établie à Londres en 1908 : 42,195 km pour rallier le stade de White City depuis le château de Windsor, selon les souhaits de la famille royale. Nous avons tous en mémoire, en 1956 à Melbourne, la lumineuse victoire d’Alain Mimoun qui, après ses médailles d’argent en 1948 et en 1952 en demi-fond, gagnait enfin l’or sur la distance la plus héroïque.
À Rome, en 1960, j’ai vu l’Éthiopien Abebe Bikila, pieds nus, transpercer la nuit et franchir en premier la ligne d’arrivée sous l’arc de Constantin. Dimanche prochain, c’est au pied d’un autre arc, l’arc de Triomphe, que s’élanceront les 55 000 participants du marathon de Paris. Ils seront encouragés tout au long du parcours par des spectateurs admirant leurs qualités physiques et surtout morales. Ce sont des manifestations populaires et médiatiques uniques dans le monde du sport. Elles séduisent une nouvelle génération, car elles autorisent, sur un tracé identique, des hommes, des femmes, des professionnels, des amateurs, ceux qu’on appelle les coureurs du dimanche, à partager en même temps la joie de l’effort, le dépassement de soi, le goût du défi et surtout le culte du corps.
Je me suis longuement entretenu avec Jean-Claude Vollmer, spécialiste de réputation mondiale, sur l’accélération des records grâce aux nouvelles chaussures dotées de lames de carbone. Celles-ci permettent une plus grande récupération et amènent davantage de confort. En revanche, c’est un point important, de nombreuses petites blessures, tendineuses, surviennent. Le Schneider Electric Marathon de Paris est très exigeant physiquement. Fut une époque où je le commentais en direct sur une moto pour Europe 1. Le parcours est très beau et dur, il n’y pas de secteurs pour récupérer, c’est un marathon dit « de relance ». Je me souviens des souterrains le long de la Seine. Pour quelqu’un qui n’est pas préparé, c’est déprimant. Il y a une foule énorme qui t’encourage et, tout d’un coup, il n’y a plus personne ! Le bruit de ces milliers de pas répétés, qui résonnent dans le souterrain, est terrible.
Le grand moment pour tous est le franchissement de la ligne d’arrivée sur l’avenue Foch. Vous êtes devenu un marathonien. C’est une satisfaction immense de terminer et d’avoir découvert dans l’effort la souffrance, cette force qui vous pousse à vous dépasser. À l’arrivée d’un marathon, il n’y a que des vainqueurs.
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