« La France, sans une grande Marine, ne saurait rester la France », écrivait Charles de Gaulle. Quelques décennies plus tard, l’institution militaire lui a rendu le plus bel hommage en donnant son nom à son navire amiral. Mais le porte-avions n’est pas le seul atout de la Marine nationale, qui compte une centaine de navires aux caractéristiques très différentes, afin de faire face à toutes les menaces : aériennes, de surface ou sous-marines.
Forte du deuxième espace maritime mondial, la France doit être capable de mener des missions au bout du monde pour protéger ses territoires et défendre ses intérêts. Ainsi, bien que le format actuel — une quinzaine de frégates — soit souvent critiqué par les spécialistes, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a récemment affiché sa volonté d’augmenter le nombre de bateaux dans les ports militaires. En attendant, même en format échantillonnaire, la Marine est considérée comme l’une des plus performantes au monde. Le Journal du Dimanche vous présente ses six plus grands navires, classés selon leur tonnage.
6. Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), type Suffren – 5 300 tonnes
S’ils disposent bien d’une propulsion nucléaire, les SNA ne sont pas à confondre avec les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins qui, eux, sont armés de l’arme atomique. Les submersibles de la classe Suffren possèdent en revanche des munitions conventionnelles très performantes : missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, torpilles lourdes filoguidées F-21, mines et, surtout, missiles de croisière navals. Long de 100 mètres et capable d’embarquer une soixantaine d’hommes, le Suffren est à la pointe de la technologie. « Il donne à la France des capacités de rupture que peu de nations possèdent, comme les missiles de croisière navals et la mise en œuvre de nageurs de combat », affirme le ministère des Armées.
Des frégates très spécifiques
L’institution poursuit : « Il est à la fois chasseur, garde du corps et agent de renseignement. Véritables instruments de puissance, endurants et discrets, leurs missions sont variées : soutien à la dissuasion, escorte d’unités précieuses (porte-avions en particulier), recueil discret de renseignement, lutte sous-marine et lutte antinavires. » À la manière de James Bond, ces sous-marins sont capables d’embarquer un dry deck shelter (DDS), un module de pont amovible servant à transporter du matériel pour les opérations spéciales. À ce jour, la France compte déjà trois SNA Barracuda et en disposera de six d’ici 2030.
Alsace, Aquitaine, Auvergne, Bretagne, Languedoc, Lorraine, Normandie et Provence… Il ne s’agit pas ici de l’énumération des candidates du concours de Miss France, mais des noms attribués aux huit FREMM présentes dans les bases navales de Brest et Toulon. Capables d’embarquer près de 140 marins, ces frégates, en service depuis les années 2010, ne disposent pas toutes des mêmes capacités.
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Elles mettent en œuvre « des capacités antinavires (missiles mer-mer), des moyens de lutte contre les sous-marins (torpilles MU90), ainsi que des capacités d’autodéfense anti-aérienne (missiles Aster 15) et une capacité de frappe dans la profondeur (missiles de croisière navals) pour la version anti-sous-marine (ASM), ou de défense aérienne renforcée (missiles Aster 15 et 30) », explique le ministère des Armées.
Toutes embarquent un hélicoptère NH90 NFH Caïman Marine et peuvent assurer le soutien du porte-avions Charles de Gaulle, lui offrant une bulle de protection dans tous les milieux. Ce programme a été mené en coopération avec l’Italie.
4. Frégate de défense aérienne (FDA) – 7 000 tonnes
Contrairement aux polyvalentes FREMM, les deux FDA jouent un rôle spécifique. Lors d’un déploiement, le Chevalier Paul et le Forbin disposent de radars et de systèmes d’armes leur permettant de garantir une bulle de protection aérienne sur plusieurs centaines de kilomètres. Capables, elles aussi, d’embarquer environ 140 marins, « elles constituent à ce titre un élément incontournable de l’escorte d’un groupe aéronaval », affirme l’institution militaire.
Elle poursuit : « Elles peuvent contribuer à la défense aérienne interarmées sur les théâtres d’opérations extérieures ou dans les approches maritimes du territoire national. » Longs de plus de 150 mètres, les deux bâtiments sont dotés de missiles Aster (portée : 100 km) et du radar LRR (Long Range Radar), capable de surveiller un espace aérien de 400 km de rayon. Construites par Naval Group, les FDA sont en service depuis 2011.
3. Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) – 14 200 tonnes
Bien que leur tonnage ne leur permette pas de figurer sur le podium en termes de taille, leur importance stratégique est capitale. Basés à l’Île Longue, dans le Finistère, les SNLE constituent la composante océanique de la dissuasion nucléaire française.
Ils sont au nombre de quatre : Le Triomphant, Le Téméraire, Le Vigilant et Le Terrible. Tapis dans les océans, ces bâtiments sont équipés de 16 missiles balistiques, chacun doté de plusieurs têtes nucléaires. Depuis 1972, un SNLE est en permanence en patrouille, 365 jours par an, assurant ainsi la capacité de frappe en second du pays. « La présence constante d’au moins un SNLE en mer garantit à chaque instant la possibilité d’exécuter une frappe nucléaire, si elle était ordonnée par le président de la République », rappelle le ministère des Armées. Longs de 138 mètres, les SNLE sont armés par deux équipages alternés — bleu et rouge — comprenant chacun 110 marins.
2. Porte-hélicoptères amphibie (PHA) – 21 500 tonnes
Le Dixmude, le Mistral et le Tonnerre sont les véritables couteaux suisses des armées françaises. D’une longueur de 199 mètres, les PHA se distinguent notamment par la hauteur de leur pont d’envol, plus élevé d’un mètre que celui du Charles de Gaulle.
Polyvalents, ils sont capables de mener, sous court préavis, des opérations de gestion de crise, de transport, d’évacuation sanitaire ou de soutien médical. On les a notamment vus à l’œuvre en Corse lors de la crise du Covid, après le cyclone Irma ou à la suite de l’explosion du port de Beyrouth.
Le « Charles », loin devant
Ils peuvent embarquer jusqu’à 900 soldats, 60 véhicules blindés, 13 chars, 16 hélicoptères, et disposent d’un hôpital avec 69 lits et deux blocs opératoires. Une plateforme de 6 400 m² et un hangar viennent compléter leur architecture.
1. Porte-avions Charles de Gaulle – 42 000 tonnes
Aujourd’hui encore, seuls la France et les États-Unis disposent d’un porte-avions à propulsion nucléaire. Un atout considérable lorsqu’il s’agit de mener des missions au bout du monde. « Il est le vecteur majeur des missions de projection de puissance et de maîtrise de l’espace aéromaritime menées par la Marine », indique le ministère des Armées. Avec 40 aéronefs embarqués (Rafale Marine, E-2C Hawkeye, hélicoptères Dauphin Pedro et Caïman Marine), le Charles de Gaulle peut frapper des objectifs terrestres et navals, assurer la couverture aérienne d’un théâtre d’opérations ou soutenir des troupes au sol.
Doté de deux réacteurs nucléaires et mis en service en 2001, il peut parcourir jusqu’à 1 000 kilomètres par jour, avec près de 2 000 marins à bord. Long de plus de 260 mètres, il dispose de deux catapultes à vapeur pour le lancement des avions. Initialement prévu pour être baptisé Bretagne, puis Richelieu (proposition de François Mitterrand), il fut finalement nommé Charles de Gaulle, à la demande de Jacques Chirac. Basé à Toulon, le « Charles », comme l’appellent les marins, restera en service jusqu’en 2040. Son successeur, le porte-avions de nouvelle génération (PANG), dépassera les 300 mètres pour 75 000 tonnes : ce sera le plus grand navire jamais construit en Europe.
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