Le JDNews. Comment expliquez vous un tel réquisitoire contre l’ancien président de la République ?
Catherine Nay. Sept ans de prison, c’est le tarif pour un gros trafiquant de drogue. Cinq ans d’inéligibilité (N. S. est sorti de la vie politique depuis longtemps), 300 000 euros d’amende, privation de droits civiques, civils et de famille. Bigre. L’ancien président est depuis le mois de janvier placé sous bracelet électronique dans l’affaire Bismuth pour un pacte de corruption imaginaire. Le juge Azibert n’a jamais rien demandé à Thierry Herzog, l’intervention à Monaco pour une place non convoitée n’a jamais eu lieu et toute trace d’argent est absente.
Le 6 janvier 2025, sur BFM, juste avant l’ouverture du procès, le procureur du parquet national financier Jean-François Bohnert était venu pour dire, la mine sévère, sa conviction de la culpabilité des prévenus. « Notre thèse est celle d’un pacte de corruption entre d’un côté un candidat à l’élection présidentielle, ses proches et de l’autre côté des autorités libyennes à la tête desquelles Kadhafi et des intermédiaires. C’est dans cette triangulation que le pacte de corruption va avoir lieu. » Circulez, il n’y a plus rien à voir. Cette présomption de culpabilité annonçait le réquisitoire à venir. Énoncé sur un ton méprisant par le vice-procureur Sébastien de La Touanne, « c’est un tableau très sombre d’une partie de notre République qui s’est dessiné par une corruption de haute intensité, attisée par l’ambition dévorante, la soif de pouvoir, la cupidité qui a tissé sa toile jusqu’aux plus hautes sphères de l’État ».
On attendait des preuves accablantes. Mais il n’y a eu que des faisceaux d’indices. Comme le dit Me Olivier Pardo, « ce sont les constructions intellectuelles des juges qui veulent croire ce qu’ils désirent ».
Cela fait déjà quatre mois que le procès a commencé dans une ambiance éprouvante pour les prévenus…
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Nicolas Sarkozy est venu entre deux et trois fois par semaine. Il restait parfois debout quatre à cinq heures devant ses juges juchés sur une estrade, en position dominante, argumentant et répondant à toutes les questions. « Avez-vous reçu de l’argent de la Libye ? » La question revenait comme une ritournelle. Sa réponse étant toujours négative. On l’accusait de mentir ou bien d’avoir une défense insincère. On s’adressait à lui « comme s’il était un grand chef mafieux », note un avocat.
Comment expliquez-vous cet acharnement judiciaire contre l’ancien président Nicolas Sarkozy ?
Les juges n’ont jamais digéré qu’il les ait traités en 2007 de « petits pois, tous de même gabarit et même absence de saveur ». Un propos offensant. Encore moins son projet de réforme du statut du juge d’instruction qui, dans le système français, veut qu’il instruise à charge et à décharge, ce qui est contraire au principe européen. Le juge d’instruction serait devenu le juge de l’instruction. Nuance. Un accord se dessinait. Le président a fait l’erreur d’en parler avant que le comité Léger qu’il avait nommé, n’ait rendu publiques ses conclusions. Une hystérisation a gagné la planète judiciaire. La haine de Nicolas Sarkozy n’a plus jamais cessé. On frôle depuis l’irrationnel.
En 2012, le Syndicat de la magistrature appelait à voter pour François Hollande. En réalité, Nicolas Sarkozy est pris en étau entre les juges qui veulent lui faire la peau et ne s’en cachent pas et Mediapart qui veut sa perte depuis toujours. En 2010, l’affaire Bettencourt commence à Nanterre lorsque Edwy Plenel accuse l’ex-maire de Neuilly d’avoir touché de l’argent de la milliardaire pour financer sa campagne. Le procès est déporté à Bordeaux où le juge Jean-Michel Gentil le fait venir une première fois en novembre 2012 et l’entend pendant douze heures. En mars 2013, il le met en examen pour abus de faiblesse. Six mois plus tard, Nicolas Sarkozy obtient un non-lieu qui révulse Mediapart : « Cette relaxe montre une fois de plus que notre justice est bien à l’image de notre démocratie, profondément malade. » Depuis des années, Edwy Plenel a montré sa force de frappe, capable de broyer qui ne lui plaît pas, élus, ministres, grands patrons, etc.
Une scène filmée en août 2010 aux universités d’été du PS à La Rochelle. Un échange entre François Hollande et Edwy Plenel. « Alors tu n’as pas encore arrêté le délinquant ? – Non, je fais mon travail. » Réponse : « Vous avez fait plus que votre travail. » Un militant passe et lance à Plenel : « On va l’avoir Sarkozy, ce con ? » Et Hollande, rigolard, de rétorquer : « Il a tout dit ! » Comme c’est étrange et quelle coïncidence : entre les deux tours de la présidentielle de 2012, Mediapart publiait la photocopie d’un document libyen insinuant que Nicolas Sarkozy aurait reçu 50 millions d’euros de Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. Aujourd’hui, tout le monde sait que c’est un faux. La preuve, il n’a pas été retenu par le PNF pour alimenter le « faisceau d’indices ». Mais c’est à partir de ce faux que le parquet national financier (PNF), créé en 2013 par le président Hollande, offrait au juge Tournaire une débauche de moyens et de billets d’avion pour quêter des preuves de cette corruption en Libye, en Afrique du Sud et en Tunisie. Avant de revenir bredouille.
Toujours à la recherche de l’argent, les juges mettaient sur écoute l’ex-président et son avocat Me Thierry Herzog pendant 4 500 heures. Du jamais-vu. Ce sera l’affaire Bismuth. Des journalistes, dont deux du Canard enchaîné, affirmaient dans le livre Bienvenue Place Beauvau. Police, les secrets inavouables d’un quinquennat qu’il existait bien, à l’Élysée, un cabinet noir pour enquêter contre Sarkozy. François Hollande s’en était vanté devant les députés : « Sarko, je le surveille, je sais tout ce qu’il fait. » À un enfant lui demandant au Salon de l’agriculture en 2013 où est Nicolas Sarkozy : « Sarkozy ? Ah ben, tu ne le verras plus. » Et ce n’est pas tout. En octobre 2016, Nicolas Sarkozy est patron des Républicains. Trois semaines avant la primaire de la droite, Mediapart publiait un nouveau témoignage accusateur de Ziad Takieddine : l’intermédiaire est bien le seul à avoir vraiment touché de l’argent et racontait avoir apporté des valises de billets à Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Autre gros mensonge. L’enquête l’a démontré, mais cela n’a pas été pour rien dans les résultats de la primaire.
Aujourd’hui, l’ancien président mène le combat de sa vie ?
C’est un homme martyrisé par la justice et Mediapart. Les juges, tout comme Edwy Plenel qui l’avait dit à la télévision le 20 mars 2014 dans « Mots croisés », rêvent de le voir en prison. Les procès se succèdent. Chaque fois aveuglés par l’image qu’ils ont de lui – celle du bad boy qui les a humiliés – les juges, pris entre ce qu’ils imaginent, leur intime conviction et le réel, peinent à faire la différence. Alors ils n’écoutent pas la défense. Qu’importe que celle-ci soit structurée et argumentée. Leur a priori est si défavorable qu’ils demeurent sourds.
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