« En janvier, on vous a proposé de simplifier, ce soir on vous propose d’alléger ». Quelques mois après le premier volet du Grand Forum des libertés sur la simplification administrative, organisé par le mouvement Union des droites pour la République (UDR) d’Éric Ciotti, le deuxième acte s’est déroulé ce mardi 8 avril à Paris. Sous la verrière de style Eiffel de l’Espace Cléry, au cœur de Paris, le député réunissait ses partisans afin de dévoiler son programme fiscal.
Exit la tronçonneuse de Javier Milei du premier événement, place aux solutions concrètes : un programme qui n’est pas une « prouesse » mais une « stratégie », selon les mots d’Éric Ciotti. Quelque 150 sympathisants et adhérents prennent place au son de Don’t Stop ’til You Get Enough de Michael Jackson, également connue pour être une des musiques de La Française des jeux. Et comme lorsqu’on regarde le Loto, les chiffres fusent.
Qualifiant son projet fiscal de « choc sans précédent », Éric Ciotti propose d’emblée de « rendre 150 milliards aux Français ». Le chef de parti détaille de nombreuses mesures élaborées par le directeur des études de l’UDR Alexandre Avril et par le député Vincent Trébuchet : augmenter le salaire net de tous les Français de 10 %, offrant à chacun un 13e mois supplémentaire, grâce à la suppression de la CSG et de la CRDS sur les salaires ; réduire l’impôt sur le revenu de 11 % à 5 %, pour la tranche de salaire entre 11 498 euros à 29 315 euros par an, et de 45 % à 20 % pour la tranche supérieure.
Pour « encourager la production », Éric Ciotti préconise de supprimer les impôts de production, comme la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ou encore la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Enfin, Éric Ciotti apporte une attention particulière à la « libération de la transmission », en s’attaquant aux droits de donation en ligne directe. L’UDR entend supprimer les droits de succession pour 90 % des Français, y appliquer un taux unique de 20 % et supprimer l’impôt sur la fortune immobilière. Des mesures auxquelles le délégué général et ancien candidat aux législatives Arnaud Dassier tient particulièrement. « Elles permettent de transmettre librement le fruit de toute une vie de travail et d’épargne à ses enfants. Ces mesures incitent même à avoir des enfants » souligne-t-il.
Lors de sa prise de parole, Éric Ciotti, qui discourait-il y a 48 heures aux côtés de Marine Le Pen et Jordan Bardella place Vauban, prend le soin de mentionner son alliance avec le Rassemblement national, dont il se dit « très fier ». Dans la salle, certains référents départementaux RN sont présents, ainsi que le principal conseiller économique du tandem du parti à la flamme, François Durvye, avec qui Éric Ciotti confie au JDD « beaucoup discuter ».
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Mais à droite de l’échiquier politique, n’est pas présent que le RN. Dénis Cieslik, ancien responsable Reconquête des parrainages lors de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour, a choisi l’événement pour annoncer qu’après deux années dans le privé, il rejoint les équipes d’Éric Ciotti. « C’est exactement ma ligne économique » pointe-t-il, heureux de son choix.
L’époque où les partis à droite de l’échiquier politique souffraient d’un cordon sanitaire sur le volet économique en peinant à discuter avec les grands patrons semble désormais révolue
Plusieurs personnalités influentes du monde économique français ont accepté l’invitation de l’UDR de participer à son colloque. Parmi elles, Pierre Gattaz, ancien patron du Medef. « Déjà en 2013, quand j’ai été élu, je ressentais une colère sourde de voir mes propres concurrents partir de notre territoire, relate-t-il. Notre système rend les Français jaloux, aigris. Quelqu’un qui est au SMIC aujourd’hui est condamné à le rester toute sa vie ».
Après les interventions du directeur de Contribuables Associés Benoît Perrin, de l’économiste Marc de Basquiat, du président de l’IREF et avocat Jean-Philippe Delsol, un autre invité de marque prend la parole. Il s’agit du président de la CPME Amir Reza-Tofighi. Ce dernier déplore notamment qu’on soit « un peu tous drogués à l’argent public » et préconise de revenir à une logique de pays de « producteurs » et non de « consommateurs » sous peine de « foncer droit dans le mur ». Un discours qui étonne peu de la part de celui qui proposait en février 2025, dans un entretien au JDD, un « Elon Musk français » pour réduire la dépense publique. L’époque où les partis les plus à droite de l’échiquier politique souffraient d’un cordon sanitaire sur le volet économique, en peinant à discuter avec les grands patrons, semble désormais révolue. Et ce n’est pas pour déplaire à Éric Ciotti, qui se dit « très heureux d’avoir ouvert des pistes ». « Sur les questions de simplification, certaines mesures seront traduites en proposition de loi lors de notre niche parlementaire en juin, assure le président d’UDR au JDD. On est un mouvement des idées, une sorte de start-up politique ».
Même sans la tronçonneuse, la tonalité de la soirée a satisfait le public. Patrick, un agent immobilier, applaudit des « mesures qu’on aurait dû prendre depuis longtemps ». L’étudiant Maxence, adhérent à l’UDR depuis une semaine est également « ravi que la droite s’empare sérieusement de ces sujets ». Alors que Michael Jackson retentit à nouveau à la fin de l’événement, le public se disperse pour dîner dans des restaurants aux alentours. Pierre Gattaz, au loin, regarde Amir Reza-Tofighi et lui indique d’un signe de la main de lui téléphoner. Et il est peu probable que cet appel tourne autour des chiffres du Loto.
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