On connaissait James Bond, Ethan Hunt, Jack Ryan, Jason Bourne ou Jack Reacher. Il faut compter désormais avec Charlie Heller, cryptographe de la CIA, plus habitué à être au bureau en costume cravate devant son écran d’ordinateur que de mouiller sa chemise sur le terrain. Le geek introverti va pourtant devoir s’y frotter pour la première fois de sa carrière, lorsque sa femme est tuée au cours d’une prise d’otages à Londres par des terroristes.
Face à l’inaction de sa hiérarchie, il décide de faire justice lui-même après avoir suivi une solide formation auprès d’un agent rompu aux pires situations de crise. Contre l’avis de ses supérieurs, il part donc en Europe pour remonter la piste des criminels et, espère-t-il, assouvir sa vengeance…
Belle surprise que The Amateur, l’adaptation au cinéma du roman éponyme de Robert Littell. Un virage à 180 degrés pour le réalisateur James Hawes, qui avait signé Une vie (2024), poignant hommage à un Juste incarné par Anthony Hopkins ayant sauvé des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’adjoint aujourd’hui les services du scénariste Evan Katz (la série culte 24 Heures chrono) pour s’aventurer avec une certaine jubilation du côté du thriller d’espionnage, à la mise en scène efficace et généreuse envers le public qui en redemande, en remplissant son cahier des charges : fusillades, combats à mains nues ou à l’arme blanche, courses-poursuites, chantages, trahisons, manipulations et surtout pièges retors tendus par Charlie pour confondre ses cibles, les pousser à avouer leur forfait, avant de l’expier lors d’un châtiment (mérité).
« J’approche chaque projet avec spontanéité et nervosité »
Comme dans Novocaine, de Dan Berk et Robert Olsen, actuellement en salles, The Amateur met en scène un individu ordinaire, sans aptitude physique particulière, mais qui a l’avantage d’être dans la place et d’avoir accès à la technologie pour se simplifier la tâche au cours de son enquête qui l’entraîne jusqu’en France (une partie du tournage s’est déroulée à Paris et Marseille). S’il maîtrise tout en théorie, la pratique reste approximative, ce qui est savoureux : ainsi, il regarde un tutoriel sur internet pour apprendre à crocheter une serrure ! On est propulsé sans résistance dans cette investigation trépidante, menée par un homme en deuil qui réclame réparation.
Rami Malek, avec sa silhouette frêle, est parfaitement crédible dans le rôle. Il est épaulé par Laurence Fishburne, son instructeur qui lui donne les clés nécessaires pour survivre en milieu hostile. Une habitude pour l’acteur d’interpréter les mentors depuis Matrix (1999), des sœurs Wachowski. Ils sont devenus inséparables, si bien qu’ils effectuent les interviews en binôme.
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Toujours prêts à en découdre, avec le sourire ! « On est tous les deux curieux du monde, de la vie, de l’être humain et de sa complexité, murmure Laurence, 63 ans. Voilà pourquoi on s’entend si bien. » Et Rami, 43 ans, de scander son admiration pour son illustre aîné : « Quel honneur de travailler avec une telle légende ! Laurence possède une infinie sagesse, dont il m’a abreuvé. Il exsude l’excellence. »
Ce dernier n’aurait jamais pensé devenir un jour la tête d’affiche d’un film d’action. « Je ne peux plus postuler pour jouer James Bond, car je crois que j’ai grillé toutes mes chances en assassinant 007 dans Mourir peut attendre (2021). [Rires] En l’occurrence, Charlie est un héros inattendu, pétrifié à l’idée de tirer sur quelqu’un. Tout à fait moi ! » S’il a exécuté quelques cascades, l’acteur admet surtout avoir laissé faire les professionnels pour ne pas prendre de risques.
En dépit de son Oscar gagné pour le biopic de Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody (2018), il se considère encore comme un amateur. « J’approche chaque projet avec spontanéité et nervosité, affirme-t-il. Un jour, l’écrivain August Wilson (La Leçon de piano) m’a prodigué un conseil : ne jamais emprunter le même chemin quand on rentre chez soi. Ça aide à garder les pieds sur terre. »
The Amateur ★★ de James Hawes, avec Rami Malek, Laurence Fishburne. 2h03. Sortie mercredi.
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